Les achats responsables gagnent du terrain
Le baromètre de la nouvelle norme ISO 20400, entrée en vigueur en février 2017, a été présenté à Paris jeudi 6 septembre. L'occasion de mesurer les avancées et le chemin qu'il reste à parcourir quant aux pratiques relatives aux achats responsables.
Je m'abonne" Ce qui ne se mesure pas n'existe pas ", lance Jacques Schramm, président du cabinet de conseil A2 Consulting, et principal artisan des travaux internationaux d'élaboration de la norme ISO 20400 entre 2013 et 2018. C'est cette vérité qui l'a conduit à créer le baromètre évaluant la percée que réalise cette norme au sein des entreprises et des organisations. Une manière de la mettre en lumière, et surtout, de mesurer son impact. Les résultats 2018 en la matière semblent largement satisfaisants : 66 % des responsables interrogés connaissent l'ISO 20400, au moins de nom. "Rappelons qu'elle n'a qu'un an et demi d'existence", précise Jacques Schramm, en ajoutant que "par les chiffres, on contribue à faire évoluer la question des achats responsables, les mentalités, à mieux sensibiliser sur ce sujet. "
Le but est de pouvoir intégrer ISO 20400 au Label Relations fournisseurs et achats responsables (RFAR) créé par l'Etat. Pour Pierre Pelouzet, Médiateur des Entreprises, " c'est une grande satisfaction de constater que les responsables concernés en ont désormais entendu parler pour une bonne majorité d'entre eux. Les achats responsables ne sont pas la problématique des seules directions Achats. Les directions générales sont désormais nombreuses à commencent à s'impliquer activement dans ce domaine. "
Le baromètre révèle que 21 % des organisations consultées connaissent la norme mieux que de nom. Deux tiers d'entre eux l'ont d'ores et déjà mise en place, au moins en partie, ou sont en train de la mettre en place. "On constate de façon générale que connaître la norme, c'est l'adopter. Parmi ces donneurs d'ordre, de nombreuses entreprises ont plus de 5 000 salariés. Ils sont des leaders de supply chain, ce qui veut dire qu'ils finiront par entraîner dans leur sillage des filières entières", indique Jacques Schramm.
Le secteur industriel à la traîne
Ce dernier reconnaît toutefois l'un des bémols des résultats d'enquête : "la norme avait moins bien percé dans l'industrie. Dans ce milieu, les supply chain sont plus longues, plus internationales, avec des réalités économiques qui vont parfois à rebours de ces intérêts."
Certaines industries semblent malgré tout sortir du lot, mais les raisons sont peut-être d'ordre structurel. "Chez Air Liquide, notre particularité est de réaliser 80 % de nos achats dans le pays dans lequel nous sommes implantés, ce qui signifie une maîtrise relativement bonne du risque achats", confie Yves Bataillon-Debès, vice-président Procurement du groupe Air Liquide. Il ajoute "qu'il faut bien avouer que l'intégration de l'ISO 20400 est difficile, surtout si le projet consiste à l'intégrer en entier d'emblée. Heureusement, la norme donne des outils et conseils pour y arriver. Il faut impérativement garder à l'esprit que c'est un enjeu essentiel."
Il s'est progressivement dégagé comme consensus qu'il est naturel d'évoluer vers cette priorité de privilégier des pratiques d'achats responsables. Mais la question semble représenter des enjeux différents selon l'activité des entreprises. Dans la filière automobile, les Achats équivalent à 80 % du prix de la voiture... " Même si le secteur industriel intègre peu la norme pour l'instant, il est à relever qu'en matière de notation RSE, les industriels français sont paradoxalement plutôt bons ", relativise François Soulmagnon, directeur général de l'Afep (Association française des entreprises privées).
Des freins à la mise en oeuvre
Parmi les obstacles à la mise en place évoqués au sein des directions Achats, le baromètre mentionne le manque de fiches pratiques mises à disposition par la hiérarchie, les intentions restant parfois trop théoriques. L'absence de grandes orientations en la matière figure également parmi les freins fréquemment cités.
Pour accompagner la conduite du changement, certains acteurs comme Qualiac propose des services en matière d'ERP permettant de mieux intégrer mieux les questions RSE dans les Achats. Jacques Schramm rappelle que "mieux utiliser l'ERP est essentiel dans une telle démarche. N'oublions pas que c'est l'outil de pilotage du processus achats." 26 % des donneurs d'ordre estiment d'ailleurs qu'ils doivent améliorer leurs processus Achats sur ce plan. Kernix, spécialiste du développement sur mesure de solutions digitales multicanales, se positionne également sur ce créneau en mettant la data au service d'une efficacité accrue dans la gestion des achats responsables.