Coût carbone du fret : 4 piliers à surveiller pour éviter le tsunami à venir
Quatre piliers supportent le sujet de la décarbonation du fret et des achats de transports. Quatre piliers qui se déclinent en une série d'enjeux cruciaux pour la logistique moderne. Focus.

Le premier pilier repose sur la conformité réglementaire et la maîtrise des reportings Scope 3 émissions. « En tant que chargeur logisticien, la CSRD est un cadre qui te permet d'être compliant avec les réglementations et les reportings Scope 3 en termes d'émissions », explique Robin Quittard, CEO de Fleetenergies.
Ce dernier insiste sur l'importance d'une donnée fiable pour établir une comptabilité carbone rigoureuse. Bien évidemment, « la collecte et l'analyse des données constituent la base pour garantir une transparence sur les émissions réelles et permettre aux entreprises de se conformer aux normes en vigueur », poursuit le CEO de Fleetenergies. L'adaptation des opérations à une dynamique durable apparaît comme un passage obligé pour rester en phase avec les exigences réglementaires.
Éviter la double peine en termes de coût carbone
Le deuxième pilier concerne le coût carbone, une problématique qui prend de l'ampleur face à l'évolution rapide des marchés. Petit point sur le sujet. Rappelons qu'en 2018, le prix carbone augmentait de 310% d'après le rapport du think tank Carbon Tracker en raison de la mise en service de la réserve de stabilité du marché pour 2019. En 2020, le prix des quotas progresse de 37%. Début 2021 il augmente encore, avec une hausse de 15%. Résultat, une tonne de CO2 vaut 47 euros actuellement, obligeant certains pays européens (par exemple : Italie, Pays Bas, Allemagne, Espagne) à utiliser moins de charbon. Ce prix est un record, dû aux flux financiers, aux spéculations et aux objectifs de l'Union Européenne.
« Le coût carbone est associé à des notions de taxonomie, ainsi qu'à des notions de coûts internes du carbone (ICP) », explique Robin Quittard. Ce dernier rappelle également que l'ETS2, en fixant des allocations à acquérir, engendre une augmentation prévue du coût de 47 à 250 euros la tonne dans les trois ans à venir. « C'est un futur tsunami qui s'annonce », qualifie l'expert. Ce phénomène impose aux chargeurs de préparer leur stratégie financière pour compenser une double facturation entre le service de transport et le coût des émissions.
Définir ce qu'on entend par transporteur vert en termes de données
Le troisième pilier se fonde sur la définition d'un transporteur vert, capable d'offrir une intensité carbone réduite grâce à l'électrification, aux carburants alternatifs, à l'optimisation des opérations et au renouvellement des équipements. « Ce critère permet d'optimiser les coûts et d'encourager les investissements dans des technologies respectueuses de l'environnement, inscrivant la démarche dans une stratégie globale de décarbonation alignée sur des objectifs économiques et écologiques », analyse Robin Quittard.
Rétablir un dialogue constructif entre donneur d'ordre et transporteur
Le quatrième pilier repose sur l'instauration d'un dialogue intelligible entre chargeurs et transporteurs. Force est de constater que ces acteurs négocient souvent sur des bases de données déclaratives et de coûts carburants non vérifiés. Robin Quittard s'exclame : « Il est urgent de créer un cercle vertueux fondé sur la transparence, où les émissions réelles deviennent des indicateurs de performance, d'un transporteur ». Ce renouvellement relationnel doit permettre d'inciter les transporteurs à réduire leurs consommations et leurs émissions, tout en offrant aux chargeurs la possibilité d'ajuster leurs stratégies de décarbonation face à un marché en pleine mutation.
Ce qu'il faut avant tout retenir de ces 4 piliers ? Bel et bien que le marché du carbone se transforme en une arène où pression économique et exigences environnementales se conjuguent. « Les entreprises, notamment dans le secteur du retail, doivent anticiper l'intégration d'un coût supplémentaire dans leur stratégie. La révision des processus d'achat et la structuration de négociations basées sur des données vérifiées offrent une opportunité de transformer ce défi en levier de compétitivité », décrypte Robin Quittard, CEO de Fleetenergies. Ce renouvellement de paradigme exige également un engagement collaboratif entre tous les acteurs de la filière, garantissant une évaluation juste des émissions de CO2 et une transition énergétique harmonieuse.
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