Les modes de paiement au carrefour des innovations
Pour les voyageurs d'affaires comme pour leurs entreprises, les moyens de paiements deviennent toujours plus transparents et simples. Des mutations qui donnent le sourire, mais qui laissent également dubitatifs.
Je m'abonneAvec un taux de 0,00252 %, la fraude sur les cartes de crédit émises à des entreprises atteint un niveau particulièrement bas, si bien que la sécurité n'est plus la préoccupation première des utilisateurs. L'enjeu principal est dorénavant centré sur la data et son grand potentiel synonyme d'optimisation et de simplicité.
Dans ce contexte, la carte virtuelle se présente comme un des produits phares promis à un bel avenir. "Elle supplantera la carte logée pour toutes les dépenses relatives au voyage d'affaires, à l'exception des dépenses de moindre ordre comme les taxis, ou les restaurants", estime Laurent Sautré, responsable des cartes commerciales chez BNP Paribas. La carte virtuelle séduit en raison du bouclier qu'elle représente en matière de sécurité des transactions car elle n'est utilisable que pour une seule opération. Une utilisation abusive est donc impossible. Par ailleurs, elle est entièrement traçable, de son émission au reporting en passant par son utilisation.
Plus généralement, l'heure est aux paiements innovants dit invisibles. "Nous sommes entrés dans une ère de la digitalisation du voyage d'affaires qui vise à rendre le plus transparent et silencieux possible la question du règlement des prestations, afin de gagner en aisance. Concrètement, l'utilisateur n'a dans ce cas recours à aucune carte plastique, aucune entrée de numéro. La facturation se fait de façon totalement électronique", souligne Julie Troussicot, directrice du spécialiste des moyens de paiements Airplus France. Si la carte virtuelle est régulièrement mise sur le devant de la scène, le compte logé s'inscrit aussi dans cette lignée du paiement virtuel. La SNCF, SnapCar, Avis ou encore Airbnb font partie des acteurs qui se sont dotés de fonctionnalités mobiles intégrant la solution de paiements d'Airplus. Des partenariats sont désormais de plus en plus souvent élargis à des sociétés issues de l'économie collaborative comme Uber ou Airbnb.
Des solutions de paiement invisible de ce type ont également vocation à voir le jour pour le règlement de frais représentant de petits montants comme les restaurants et les parkings. "Nous avons d'ores et déjà mis en place une telle offre à l'aéroport de Francfort, en Allemagne. Cette dernière va d'ailleurs être rapidement étendue à d'autres aéroports", confie Julie Troussicot. Des discussions seraient notamment en cours avec les gestionnaires d'Aéroports de Paris. AirPlus travaille parallèlement sur une application baptisée AirPlus dine+go. Un outil qui doit donner la possibilité au voyageur d'affaires de régler son repas sans attendre la note du restaurant, grâce à une simple pression du doigt sur son smartphone qui lui permettra d'obtenir une facture et de la payer.
Des atouts pour l'entreprise cliente
Bon nombre de professionnels s'accordent à dire que la carte de crédit traditionnelle est amenée à disparaître. Mais à quelle vitesse ? Un nombre croissant de professionnels fait part de leurs intentions d'adopter rapidement ces solutions innovantes. Il subsiste malgré tout une forme de frilosité au moment du passage à l'acte. Selon la dernière enquête réalisée par Airplus, plus de 60 % des travel managers assurent aujourd'hui qu'ils utilisent toujours une carte plastique. Par ailleurs, équiper les entreprises, en particulier les plus grandes, en cartes plastiques recèle une certaine complexité. La transition vers une virtualisation complète des solutions de paiements prend donc du temps.
L'intérêt pour les entreprises est pourtant manifeste. Si avec cette intégration automatique des données au sein des systèmes le paiement devient invisible pour l'utilisateur, c'est également le cas pour les fonctions Achats et Comptabilité. "Il est possible de mieux contrôler les coûts par le biais de meilleures négociations avec les fournisseurs et de vérifications plus fines, grâce à la consolidation des dépenses et la visibilité accrue qui en découle", indique Julie Troussicot. Le coût de processus interne au sein d'une entreprise qui n'a pas de paiement centralisé et d'intégration automatique des dépenses est estimé à environ 20 euros par facture à traiter.
La pertinence variable des paiements innovants
Laurent Sautré observe une tendance à la centralisation des paiements : "ces derniers sont de plus en plus réalisés directement par les entreprises, sans passer par une carte Corporate". Le voyageur n'est alors en aucun cas impacté par la problématique du paiement. Même si l'automatisation et la centralisation est un phénomène de fond, l'extension à l'ensemble des postes de coûts lors d'un déplacement professionnel n'est pas une conséquence évidente. Pour l'aérien et le ferroviaire, les pratiques innovantes sont répandues. "En revanche, on ne souhaite pas déresponsabiliser le voyageur d'affaires. Lorsque les nuitées d'hôtel ou la location de voiture sont réglées avec une carte virtuelle, si le déplacement est annulé pour une raison imprévue, ces prestations ne sont souvent pas annulées et se retrouvent donc facturées a posteriori à l'entreprise. Récemment, une entreprise m'a fait part de son souhait de ne plus recourir aux cartes logées et d'utiliser à nouveau des cartes Corporate par lesquelles le collaborateur est responsabilisé, afin de retrouver une situation où une note de frais est générée et que celle-ci soit validée ou non par le manager en fin de mois. L'innovation est certes une chose importante, mais les directions Achats, notamment au sein des grandes entreprises, savent assez clairement quelles sont les limites qu'elles ne veulent pas franchir et connaissent la segmentation des modes paiements qu'elles veulent faire respecter", détaille Laurent Sautré.
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