Achats / supply chain : la performance passe par le... tango !
En cas de défaillance de l'approvisionnement, la légitimité de la fonction achats peut être remise en cause. Comment gagner en performance ? En s'inspirant du tango, selon la métaphore développée par Irène Foglierini dans le cadre de la conférence annuelle de l'ACA.
Je m'abonne"Pour bien danser le tango, il faut être synchrone et avoir confiance en son partenaire, être agile et dans le tempo, informe Irène Foglierini, directrice des programmes achats au sein d'ESCP Europe lors de la conférence annuelle 2019 de l'ACA (Club Achats HEC Paris) qui s'est tenue le 5 juillet. C'est ce qui me fait dire que les acheteurs doivent apprendre à danser le tango avec le supply chain manager et les fournisseurs pour mieux piloter la chaîne d'approvisionnement." L'enjeu est capital car le moindre grain de sable peut entraîner un retard de livraison, une qualité non conforme, voire l'indisponibilité des produits. Avec à la clé : des surcoûts, des pénalités financières, l'insatisfaction des clients internes et finaux... "Bref, c'est la légitimité même de la fonction achats qui est en jeu !, alerte Irène Foglierini. Du fait des surcoûts engendrés par les défaillances, la différence entre le gain budgétaire estimé et celui réalisé peut être très importante. Si bien que parfois, on peut se demander où sont passées les économies réalisées par les achats."
Les problèmes d'approvisionnement sont de nature diverse. Ils peuvent provenir d'une planification défaillante, d'une faible coopération entre les différents acteurs de la supply chain, d'un trop long lead time, d'une mauvaise gestion des risques, du changement constant du cahier des charges, d'un envoi tardif du contrat ou de la commande ou encore de la saisonnalité de la consommation.
Entrez dans la danse !
Afin d'améliorer la performance de la fonction achats, l'experte recommande de mettre en place une cartographie globale de la supply chain. "Les acheteurs travaillent avec les fournisseurs de rang 1 mais rarement avec les sous-traitants et les fournisseurs de matières premières, ce qui ne permet pas d'avoir une visibilité globale de la chaîne d'approvisionnement, signale Irène Foglierini. C'est pourquoi il est utile de demander aux fournisseurs de rang 1 de déclarer leurs sous-traitants et fournisseurs afin d'identifier et d'accompagner les maillons les plus faibles."
Il s'agit également de tester la robustesse des solutions mises en place, en construisant la confiance en augmentant la cadence. "De manière générale, donner de la visibilité aux fournisseurs leur permet de s'organiser, insiste l'experte. Et surtout suivre l'exécution des contrats ! " L'intérêt ? Identifier les sous ou surconsommations, vérifier l'avancement des commandes et anticiper les éventuels problèmes. C'est dans ce but que certaines entreprises ont créé des postes de supplier performance managers. Mettre en place des KPI tel le taux de service et les communiquer aux fournisseurs est également un moyen de les faire progresser.
Enfin, associer la supply chain à la rédaction du cahier des charges peut être très utile de manière à tenir compte de ses contraintes. "Cette bonne pratique ne me semble pas assez répandue, sauf peut-être dans la grande distribution, souligne Irène Foglierini. Or, l'absence de la supply chain autour de la table est pénalisante car il manquera forcément des informations aux acheteurs. Il faut penser performance globale et travailler ensemble, sinon ce que l'on gagne d'un côté, on peut le perdre de l'autre !"