WLTP, plan mobilité, loi LOM : le big bang des fleet managers
Entre la norme WLTP, la mise en place du Plan mobilité ou l'arrivée de la loi d'orientation des mobilités (LOM), les gestionnaires de flotte ne savent plus à quel saint vouer leur car policy. Hybride, essence, électrique, ... comment faire le bon choix? Réponses avec les rencontres du fleet.
Je m'abonneC'est un fait sans appel : l'arrivée de la norme WLTP au 1er janvier 2020 perturbe la gestion de la car policy pour 90% des fleet managers dans les grandes entreprises françaises (+1000 salariés) (contre 67% en Europe) selon le Baromètre annuel des flottes automobiles 2019 de l'Arval Mobility Observatory. Face à cela, 85% des grandes entreprises françaises ont déjà ou vont ajuster leur car policy.
TCO, RSE, satisfaction du collaborateur : des objectifs contradictoires
D'une façon plus générale, aujourd'hui, 2/3 des directions générales ont des objectifs clairement affichés en matière de car policy. "Il faut avoir une vision claire de ce que l'on souhaite, alerte François Piot, président d'Arval Mobility Observatory à l'occasion de la 8e édition des rencontres du Fleet management le mercredi 2 octobre 2019 à Paris. Car les entreprises sont tiraillées entre 3 objectifs contradictoires : l'optimisation du TCO, une politique RSE et la satisfaction du collaborateur. Or, il est impossible de combiner les 3. Soit on investit un peu d'argent pour améliorer sa RSE mais cela se fait souvent au détriment du TCO et du collaborateur. Soit on investit sur la satisfaction collaborateur et là aussi cela impacte le TCO".
Si les flottes ne sont pas encore modifiées, on assiste à un véritable changement des mentalités. Alors, quelle énergie en matière de transition à l'avenir? Si l'hybride est souvent citée (à 41% juste devant l'électrique à 34%) et apparaît comme la solution qui permet de faire tout en même temps, "ce n'est pas la solution la plus pérenne. Si l'hybride utilisée à bon escient par le conducteur est vertueuse. Cependant, dans le cas contraire, c'est un problème. Ainsi, en Grande-Bretagne, une étude a montré que 70% des utilisateurs de véhicules hybrides consomment deux fois plus car ils en ont une mauvaise utilisation", détaille François Piot."On parle davantage des hybrides car il n'y a pas le frein de l'autonomie que l'on peut rencontrer avec l'électrique. Mais à terme l'électrique aura une place plus importante".
L'électrique encore trop timide
Aujourd'hui, 17% des entreprises avouent avoir déjà un véhicule électrique dans leur flotte. "Si on croise cela avec les chiffres d'immatriculation, en gros l'électrique c'est 2% dans les flottes. Le décalage vient souvent du fait que les entreprises ont acheté un ou deux véhicules électriques souvent stationné devant le bureau du directeur général pour montrer son intention d'y avoir recours même si ce n'est pas encore intégré dans les flottes. Cependant, c'est un message assez fort", détaille le président d'Arval Mobility Observatory. Car, les freins à l'électrique souvent pointés du doigt comme le manque d'offres sur le marché pu encore les problèmes de batterie et d'autonomie sont en train de se lever. Et, 34% des entreprises souhaitent avoir recours à l'électrique à terme.
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Une remontée des immatriculations des véhicules essence
Si le recours à d'autres type de véhicules moins polluants est de rigueur pour lutter contre le réchauffement climatique et l'effet de serre est de rigueur, on assiste malgré tout à une augmentation des taux d'émission de CO2 (108g/km VP en 2018 contre 105,9g/km VP en 2016). L'explication : "on a fait la promotion du diesel pour lutter contre l'effet de serre mais on assiste à une augmentation significative de la part des immatriculations des véhicules essence dans les entreprises (34,13% en 2019 contre 24,7% en 2018 d'après le Baromètre). Et on accuse souvent les SUV à tort, car ces derniers ont remplacé les monospaces souvent plus lourds et polluants", estime François Piot. Alors, essence ou diesel? Quel est le plus polluant? Pour le président d'Arval Mobility Observatory les deux ont le même niveau de nuisance car si le diesel rejette 20% de gaz carbonique de plus que l'essence ce qui a un impact sur le réchauffement climatique, lors de la combustion il libère plus de NOx et de particules nocifs pour la santé malgré les systèmes de dépollution des dernières générations.
30% des entreprises ont mis en place un plan mobilité (PDM)
En 2019, 30% des entreprises ont mis en place un plan mobilité (PDM) un an et demi après l'obligation légale de celui-ci, d'après le Baromètre. Or, 3 mois après l'entrée en vigueur du plan, seules 14% avaient répondu par l'affirmative à la même question. "Il est dommage que peu d'entreprises se soient encore investies dans ce plan mobilité car c'est l'opportunité pour elles de mettre autour de la table les différents services (RH, finance, commercial, production, ...) et de se poser des questions plus générales sur l'intérêt ou non pour les salariés de se déplacer par exemple", estime François Piot.
Lire la suite en page 3 : La loi LOM : un coup d'accélérateur au plan mobilité
L'avenir radieux du télétravail
Ce n'est donc pas par hasard, si dans le cadre de la mise en place du PDM, le télétravail est la mesure qui arrive en tête (71% des répondants) au même titre que le covoiturage. Viennent ensuite les bureaux partagés (60%) ou un abonnement aux transports en commun (33%). C'est un fait notable, l'option du télétravail fait son chemin, car la flotte d'entreprise est "au même titre que l'immobilier un poste de coût important pour les entreprises", selon le président d'Arval Mobility Observatory.
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Parmi les mobilités alternatives déjà mises en place ou envisagées dans les 3 prochaines années, le covoiturage et l'autopartage arrivent en tête avec respectivement 57% et 52% des répondants des grandes entreprises. "L'autopartage a un énorme potentiel de croissance en raison des nombreuses offres sur le marché", souligne françois Piot. Dans les mobilités envisagées, le crédit mobilité ne recueille que 32% des réponses. Or, chiffre étonnant, 23% des entreprises seraient prêtes à abandonner tout ou une partie de leur flotte au profit du crédit mobilité. (A la même question, seules 18% de ces entreprises feraient la même démarche au profit du covoiturage et de l'autopartage).
La loi LOM : un coup d'accélérateur au plan mobilité
"Dans le cadre du PDM, une fois les trajets nécessaires et validés, il faut savoir quelles solutions alternatives mettre en place. Et l'avenir des flottes n'est pas de passer tout à l'hybride, tout à l'essence ou tout à l'électrique mais quelque part à une égale répartition de celles-ci", conclut François Piot. Et l'arrivée de la loi LOM (pour loi d'orientation des mobilités) qui est en attente de vote au Sénat "donnera un coup d'accélérateur au plan mobilité". Parmi les mesures, la LOM prévoit une montée en puissance graduelle des énergies renouvelables : 10% des véhicules renouvelés à partir du premier janvier 2022 devront être électriques, hybrides rechargeables ou à hydrogène. Puis, ce sera 20% à partir de 2024, 35% en 2027 et 50% en 2030. Mais aussi de tripler la place du vélo dans les déplacements d'ici 2024. Or, cela aujourd'hui ne concerne que 3% des déplacements.