Le sourcing fournisseur responsable, levier clé d'une politique RSE

Une démarche RSE efficace s'intègre dans l'ensemble des processus de l'entreprise. Le processus Achats constitue d'ailleurs un levier très important de l'amélioration de la responsabilité des entreprises. En effet, comme le rappelle l'ADEME, les Achats représentent en moyenne 50 % du chiffre d'affaires d'une société. Ils ont donc un poids important, et les décisions liées au sourcing fournisseur ont un impact considérable sur les performances RSE de l'entreprise.

Des achats responsables au sourcing responsable

Mettre en oeuvre des achats responsables implique, pour une entreprise, d'avoir une réflexion sur les conséquences et les impacts de ses achats. Pour guider les sociétés volontaires, la norme ISO 20400 (Achats Responsables) recense les sujets qui doivent être pris en compte. Parmi ceux-ci, figurent notamment :

• la minimisation des effets néfastes sur l'environnement induits par les achats (prévention de la pollution, utilisation durable des ressources, atténuation et adaptation au changement climatique, etc.) ;
• la réduction des situations à risque chez les fournisseurs et sous-traitants (en matière de droits de l'homme et de conditions de travail) ;
• la santé et la sécurité des consommateurs finaux, en s'assurant auprès des fournisseurs que les matières achetées sont sûres et non dangereuses ;
• la loyauté des pratiques, notamment les questions d'anticorruption, particulièrement à risque pour la fonction Achats ;
• les questions relatives au développement local, sur lesquelles les fonctions achats peuvent avoir un impact via la préférence pour des approvisionnements locaux.

Ainsi, l'intégration des sujets ci-dessus et des enjeux RSE dès la phase de sourcing fournisseur (qui est le processus consistant à rechercher, identifier, évaluer et sélectionner les fournisseurs les plus adaptés) est essentielle. En effet, cela conditionne le reste du processus d'achat et d'approvisionnement.

Prenons un exemple : si une société d'électronique a pour objectif RSE de réduire son empreinte carbone, alors la fonction Achats aura plusieurs leviers pour s'aligner avec cette stratégie. Dès la phase de sourcing fournisseur, elle pourra se fixer des objectifs tels que : identifier des fournisseurs proches des lieux de production (pour réduire l'empreinte carbone du transport), ou privilégier une production dans des pays où l'énergie est moins carbonée.

Le sourcing fournisseur responsable : quels bénéfices ?

Il est tout d'abord évident que cette démarche a un impact environnemental positif, et ainsi, l'entreprise prend sa part dans la réduction de l'empreinte écologique globale. D'autres bénéfices, moins évidents de prime abord, sont pourtant également à souligner :

• une maîtrise des risques RSE et de compliance : un sourcing fournisseur responsable aide les entreprises à se conformer aux législations en vigueur. Au-delà la pure contrainte, mener des investigations dès la phase de sourcing sur l'intégrité et la conformité des fournisseurs permet de réduire les risques liés à des scandales sur des sujets environnementaux ou d'anticorruption, qui pourraient écorner l'image de l'entreprise,
• une sécurisation de la supply chain : en permettant des achats plus proches du lieu de production, et en réduisant la dépendance vis-à-vis des fournisseurs éloignés et à risque (logistique, géopolitique, etc.),
• une maîtrise des coûts : à l'inverse d'une stratégie uniquement basée sur le coût unitaire, les achats responsables permettent de privilégier la notion de coût total d'acquisition, et ce dès la phase de sourcing. Cette notion permet une évaluation plus complète et réaliste des coûts réels, en prenant en compte le long terme (coût d'achat, mais aussi de maintenance, de consommation d'énergie, de non-qualité potentielle, de coûts liés au transport et à la logistique etc.),
• la création d'un avantage concurrentiel : la mise en place d'une démarche d'achats responsables confère un avantage concurrentiel en améliorant la réputation et l'image de l'entreprise vis-à-vis de toutes les parties prenantes : investisseurs, clients, salariés, etc.

Concevoir une stratégie de sourcing responsable

Concevoir une stratégie de sourcing responsable nécessite en particulier de passer par trois étapes clés :

• l'analyse du besoin : pour permettre d'affiner et de cadrer la future recherche, dans une optique de prise en compte des considérations RSE,
• l'évaluation des risques : une fois le besoin du sourcing clarifié, l'objectif est d'identifier, hiérarchiser et gérer les risques liés à l'achat en question. Cela varie d'un type de biens ou de services à l'autre et d'une zone géographique à l'autre. L'idée est donc de passer en revue les grands sujets RSE de la norme ISO 20400 énumérés précédemment, par rapport à la catégorie d'achat en question, pour mettre en exergue les points sur lesquels la vigilance devra être accrue, et ainsi spécifier les critères de recherche particuliers. Par exemple, un approvisionnement en matières premières issues de mines devra particulièrement prendre en compte les questions de droits de l'homme et de conditions de travail.
• l'analyse du coût global : comme évoqué précédemment, il est essentiel de prendre en compte l'ensemble des coûts potentiels via l'évaluation du coût total d'acquisition. Cette analyse permet ensuite de donner un poids important à d'autres critères que celui du prix.

Les étapes citées ci-dessus sont complémentaires des phases habituelles de la conception de la stratégie de sourcing (comme l'analyse des critères techniques ou l'analyse du marché fournisseur). L'ensemble aboutit à la constitution d'un cahier des charges complet, dans lequel les critères RSE sont réalistes et pondérés, et complètent les critères plus classiques sur les éléments de qualité, coûts, délais ou encore de santé financière du fournisseur. Cela permet de sélectionner le fournisseur adéquat et représentant le meilleur compromis pour l'entreprise.