Blockchain, une technologie au potentiel business infini
Adaptation
Clément Francomme a créé Utocat pour aider les commerçants à accepter le bitcoin, avant de prendre une orientation Fintech face à l'immaturité du marché.
Identifier des besoins et savoir s'adapter, c'est ce qu'a fait Clément Francomme, CEO d'Utocat. "Après une expérience informatique dans des grands groupes, je me suis beaucoup intéressé au bitcoin courant 2013, suite à la crise chypriote." À l'époque, "pas mal de boîtes informaient sur le bitcoin en général, déclenchant l'envie d'en acheter". L'idée de départ de Clément et de son acolyte de l'époque, Jérémy Emsellem, était de faire accepter le bitcoin dans le monde physique : restaurants, bars, etc. Autrement dit, "induire un changement culturel majeur". Pas si facile à ce stade de pénétration des nouvelles solutions de paiement... "Fin 2015, on a décidé de pivoter vers une activité B to B."
Les clients qui ont le plus besoin des solutions Utocat ? "Les banques et les assurances." D'autant que la start-up met à disposition Ethereum pour qu'elles puissent s'en servir de façon fluide. "On assure le conseil, la conception de l'outil, et ensuite on les laisse se débrouiller." Un virage vers les FinTech qui sourit à la fine équipe lilloise, en accélération depuis le mois de juin dernier à Eura-technologies. "On est sept avec les stagiaires. Il faudrait doubler l'effectif car on a du mal à répondre à tous nos clients, s'amuse Clément, qui se félicite de ce changement de cap. Le marché n'était pas prêt. On laisse des gens comme Lydia [NDLR : solutions de paiement mobile] défricher le terrain!"
"Notre démarche, c'est d'aider nos clients à déterminer ce qui fait sens ou pas."
Pour lui, la blockchain, "qui est l'Internet 2.0, ou même 3.0, offre des possibilités monstrueuses. Je pense que ce sera drivé par des petites boîtes qui ont la flexibilité nécessaire pour tester, s'adapter. À ce niveau, on est assez bien dotés en France!" Le jeune homme imagine des outils qui vont venir "rajouter des niveaux de confiance dans les informations comme les e-mails, les relevés de compte, les bons de caisse... Partout où il y a un besoin de confiance. On peut accélérer des systèmes qui évoluent lentement, ou qui ne sont pas numérisés. Notre démarche, c'est d'aider nos clients à déterminer ce qui fait sens ou pas, et à quelle échéance."
La Zero Knowledge Interactive Proof (ZKIP, soit, en français, Preuve à désignation nulle de connaissance, un protocole dans lequel une entité prouve mathématiquement à une autre qu'une proposition est vraie sans révéler d'autre information que cette véracité), est très prometteuse à ses yeux: "Imaginez un Ebay sans problème de confiance! Dans une économie à tendance numérique, cela permet de vérifier que ce qu'on achète répond bien à la demande, c'est parfait pour une prestation technique ou encore un logiciel." Le coût de la confiance devrait donc drastiquement baisser, tous s'accordent à le dire. Et dans ce monde, tout va très, très vite.
"Plus moyen de s'arranger avec le passé"
Éric Larchevêque, fondateur de Ledger
"Dans le cadre de la Maison du bitcoin, que j'ai fondée en 2014, j'ai rencontré deux autres start-up qui partageaient ma vision. Nous avons donc décidé de nous associer pour créer Ledger, qui facilite l'utilisation de la blockchain." Partant du constat que la blockchain en elle-même est sécurisée, Ledger se penche sur la gestion au niveau des utilisateurs. "Lorsqu'on interagit, on possède des identités numériques, que l'on ne peut pas stocker sur des ordinateurs classiques, qui n'ont pas été conçus avec ce souci de sécurité." La société propose donc des cartes à puce et clés USB, sortes de portefeuilles numériques.
"En réalité, les bitcoins sont plus matériels que des euros à la banque", s'amuse Éric Larchevêque, "serial entrepreneur" qui s'intéresse également aux usages industriels. "Par exemple, un laboratoire pharmaceutique qui veut mettre un nouveau médicament sur le marché procède à toute une batterie de tests et d'essais. Tout ce processus rigoureux fournit une documentation: chaque document est certifié dans la blockchain avec horodatage, cela fournit un chemin d'audit complet. Plus moyen de s'arranger avec le passé en cas de problème." Avec ce contrôle du risque, sous forme de clés de signature, l'assurance augmente sa couverture et baisse sa prime.
C'est une technologie qui pourrait également s'appliquer à l'automobile, ou encore à l'agroalimentaire, et "partout où il y a une exigence de traçabilité. Le besoin existe, la technologie est là, on valide les usages, on devrait y être d'ici 18 à 36 mois".
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