Blockchain, une technologie au potentiel business infini
La technologie de stockage numérique et de transmission à coût minime, décentralisée et sécurisée, que l'on trouve derrière les fameux bitcoin, pourrait bien bouleverser l'économie... Plongée dans cette machine à créer de la confiance.
Je m'abonne"C'est comme en 1993 !" Primavera De Filippi, chercheuse au CNRS ainsi qu'au Berkman Center for Internet & Society de l'université d'Harvard, compare l'avènement de la blockchain aux débuts d'Internet. "Il est encore difficile d'imaginer comment ce potentiel énorme va être exploité. On est encore en phase d'exploration, estime cette spécialiste. Le concept de base, c'est de déléguer la confiance. Puisque la preuve se trouve dans le système, plus besoin d'autorité de certification." Un atout pour les échanges commerciaux entre des individus ou organisations qui ne se connaissent pas et ne se font pas confiance en amont. Pour des applications plus sociales, la chercheuse préconise l'établissement d'un nouveau protocole pour réintroduire cette confiance. Une nouvelle étape donc, "pour ceux qui sauront saisir les opportunités offertes par la blockchain".
Potentiel illimité
Quentin de Beauchesne insiste sur le féminin: "LA blockchain ! C'est une chaîne de blocs et non un bloc de chaînes, fulmine le passionné. L'abus de langage provenant d'une mauvaise traduction induit une perception erronée de cette technologie."
Ingénieur de formation, il a fondé la communauté Cryptofr créée en juillet 2014, "pour discuter des cryptomonnaies et de la blockchain". Aujourd'hui, son forum et son slack comptent plus de 330 membres. "Il y a de tout: ceux qui sont là pour apprendre, qui viennent chercher des conseils, partager des idées... s'amuse celui connu sous le pseudo "ffmad".On voit apparaître des idées de business dans tous les sens... plus ou moins réalisables!"
Lui s'est associé avec Ledgys pour concrétiser son projet de certification des diplômes dans la blockchain. L'objectif: fournir un logiciel clés en main pour les universités et autres organismes de formation pour certifier de manière totalement transparente.
"On peut concevoir des marchés de données dans tout un tas de secteurs."
"Tant que les infos sont publiques, tout va bien, mais dès qu'on touche à des éléments privés, comme les notes, c'est assez limité. Avec Ledgys, on crée une surcouche qui va permettre de stocker ces données de manière cryptée. Ensuite, via des contrats, on peut récupérer un calcul sur celles-ci. Niveau business, on peut imaginer des dispositifs similaires pour la comptabilité d'une entreprise: le fisc pourrait récupérer un brief sur les résultats, puisque c'est ce qui l'intéresse, sans compromettre l'anonymat des données grâce à ce filtre." L'entreprise se rémunérera sur ces requêtes payantes.
"On peut concevoir des marchés de données dans tout un tas de secteurs, c'est assez illimité", s'enthousiasme l'ingénieur généraliste qui est "dans toutes les blockchains depuis deux ans." Avec ses trois collègues, aux profils complémentaires (un comptable, un technicien, un commercial), il finalise une levée de fonds de 100 millions d'euros.
Trois exemples d'utilisation de la blockchain à l'étranger
1/ Bitland, Ghana
Bitland redessine la carte de l'Afrique. 90 % des zones rurales de ce continent ne sont pas enregistrées dans un cadastre officiel, une problématique qui touche aussi les territoires urbains. L'organisation basée au Ghana, s'est donnée pour mission d'enregistrer les actes fonciers sur la blockchain. Une activité qui pourrait bien booster l'e-commerce sur le continent.
2/ Arcade City, États-Unis
Arcade City défie Uber. Installée à Porstmouth (New Hampshire), la start-up est une plateforme ouverte où conducteurs et passagers peuvent être mis directement en relation, sans intermédiaire. Son fondateur, un ancien chauffeur Uber, Christopher David, ambitionne d'en faire l'une des premières entreprises mainstream sur Ethereum.
3/ Bittunes, Royaume-Uni
Bittunes facilite la distribution des indépendants. La start-up britannique utilise la blockchain en interface avec une base de données des ayants droit de la musique pour assurer une gestion dynamique et en temps réel des droits d'auteur.
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