2019, année du basculement digital dans les achats ?
Un virage décisif s'apprête à être négocié par les directions achats de tous horizons, à la faveur des transformations digitales qui bouleversent les entreprises. Les intentions des décideurs deviennent désormais très concrètes.
Je m'abonneDevant un parterre d'environ 400 collaborateurs réunis à l'occasion de la Matinale Digital du CNA, le 26 mars dernier, les mots de Gérard Dahan attirent l'attention. " En 2030, l'acheteur sera prédictif et proactif ", lance le Chief Marketing Officer et Senior Vice President EMEA de l'éditeur de solutions achats Determine. L'horizon peut certes paraître lointain. Mais les échanges au cours de ce nouvel événement ont permis de souligner les avancées à pas de géant en matière de digitalisation des pratiques. Meïssa Tall, associé conseil chez Deloitte, a révélé quelques conclusions de la nouvelle étude réalisée par son employeur sur les tendances dans ce domaine au sein des achats en entreprise.
" En 2019, le partenariat fournisseur est cité comme la première stratégie privilégiée dans les chantiers mis en oeuvre avec 40 % des réponses. La collaboration avec les start-ups affiche elle aussi une forte progression : elle est mentionnée dans 24 % ", indique-t-il. On observe globalement une tendance radicale vers un basculement des achats vers le digital : en 2019, 62 % des directeurs achats sont convaincus qu'une stratégie digitale améliore la performance de la fonction achats et de l'entreprise, contre seulement 20 % en 2018. " 72 % des décideurs interrogés veulent créer des relations de confiance basées sur le principe du donnant - donnant ", confie Meïssa Tall. Enfin, ils sont 32 % à avoir d'ores et déjà lancé des projets d'automatisation.
Des innovations très concrètes
Dans certaines entreprises, les avancées technologiques font d'ores et déjà partie du décor, faisant basculer les pratiques dans une nouvelle ère, à l'image de Dassault Systèmes. " Pour une simple tâche de fixation dans un domaine précis, nous nous sommes rendus compte que nous avions dans les bases de données achats une dizaine de références différentes, alors qu'il s'agissait dans le fond de la même pièce. Grâce à un système d'intelligence artificielle d'analyse visuelle 3D des produits, nous avons pu identifier ces redondances. La technologie peut ainsi être une vraie source de simplification ", illustre Philippe Boulay, senior director sales au sein de l'entreprise. A l'avenir, il voit d'ailleurs bien d'autres applications possibles. " Concrètement, dans les systèmes que nous utiliserons, ce sont des outils intelligents qui parcourront l'ensemble des sites en un temps record pour dénicher les meilleures opportunités, là où des humains prendraient des années à aboutir à des résultats analogues ", poursuit-il.
Le cabinet d'études et de conseil Gartner prédit que d'ici 2022, 50 % des solutions logicielles d'analyse des dépenses seront abandonnées. 75 % des achats indirects se feront via des marketplaces. Pour Amélie Veron, présidente d'Amazon business France, " celles-ci permettent d'accroître la conformité dans les achats, de réaliser des économies, tout en bénéficiant d'une plus grande visibilité sur les dépenses, d'avoir une croissance plus rapide des acteurs concernés, et de réduire les coûts de gestion des fournisseurs qui sont plus qualifiés. "
La collaboration avec la direction des systèmes d'information s'avère cruciale dans les témoignages des spécialistes, si l'on souhaite tendre vers une efficacité réelle dans le déploiement des solutions achats. " Chez nous, la DSI a participé activement à la définition des besoins sur la partie technique que, par nature, les achats ne maîtrisent pas suffisamment. Le décloisonnement des services est une des clés dans ce type de projets de déploiement digitaux ", estime Estelle Cordier, directrice de la coordination des achats au sein du bailleur social Batigère. " La place de l'ERP doit toutefois évoluer. Les ERP sont actuellement des outils qui manquent d'atouts attractifs et ergonomiques. Dans une logique future où tous les outils logiciels doivent être mis en communication, il s'agit d'un aspect qui doit être corrigé ", ajoute-t-elle.