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[RH] Rétropédalages voire suppression chez les cadres... quid du télétravail ?

Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le
Beautiful woman talking on the telephone and working at home
© albertobogo - Fotolia
Beautiful woman talking on the telephone and working at home

La plupart des cadres goûte aux joies du télétravail depuis plusieurs années. Si cette pratique est largement plébiscitée par les salariés, certains dirigeants semblent moins enjoués. Résultat : certaines entreprises rétropédalent et diminuent, voire suppriment, le télétravail. Une décision qui n'est toutefois pas sans conséquence.

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Démocratisé il y a quatre ans durant la crise sanitaire, le télétravail est aujourd'hui entré dans les moeurs. Selon une étude de l'Apec publiée le 28 mars dernier, deux tiers des cadres télétravaillent régulièrement (au moins un jour par semaine), dont un quart plus de deux jours par semaine. Ils organisent désormais leurs tâches en fonction de leur lieu de travail, réservant celles qui nécessitent de la concentration à domicile et les tâches collectives sur site. Appréciant la flexibilité offerte par le travail hybride, l'étude révèle que 72 % des cadres aimeraient télétravailler 1 à 4 jours par semaine, alors qu'ils ne sont que 61 % à le faire aujourd'hui. « Grâce au télétravail, les salariés ressentent moins de fatigue liée au trajet domicile-travail et ont un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle », explique Christophe Nguyen, psychologue du travail et fondateur du cabinet de qualité de vie au travail Empreinte Humaine.

Des démissions en cas de suppression du télétravail

Reste que certaines entreprises rétropédalent et envisagent de diminuer voire de supprimer le télétravail, arguant une baisse de productivité et de sentiment d'appartenance des salariés à l'entreprise. Une décision qui n'est toutefois pas à prendre à la légère. Selon l'étude de l'Apec, 7 cadres sur 10 seraient mécontents si leur entreprise diminuait le nombre de jours de télétravail. Près de la moitié (45 %) des répondants déclarent même qu'ils démissionneraient si l'accès au télétravail était supprimé, un chiffre qui atteint 57 % chez les cadres de moins de 35 ans. A titre d'exemple, en février dernier, 5000 salariés de l'éditeur de logiciels SAP ont menacé de démissionner suite à une décision de la direction générale leur ordonnant de retourner au bureau au moins trois jours par semaine. Depuis juin 2021, les collaborateurs de l'entreprise avaient la possibilité de travailler d'où ils le souhaitaient. « Les salariés se sont adaptés au télétravail et ont modifié l'organisation de leur vie grâce à cette nouvelle pratique. Certains ont même emménagé dans des villes plus éloignées de leur lieu de travail mais plus accessibles en termes de prix », constate Christophe Nguyen. Avant d'ajouter : « En cas de suppression du télétravail, le risque de démission est réel. Un retour en arrière serait injuste et inefficace ». Pour le psychologue du travail, le risque de baisse de productivité lié au travail à domicile n'est pas réel. « Présumer que les collaborateurs en télétravail ne travaillent pas est un préjugé qui tend aujourd'hui à disparaître. Beaucoup de salariés sont d'ailleurs plus efficaces quand ils travaillent à domicile », souligne-t-il.

Une baisse de la créativité et de l'attachement à l'entreprise

En revanche, des points de vigilance subsistent. « Le télétravail peut entraîner des difficultés comme des interactions moindres avec le collectif de travail, une baisse de la créativité et de l'attachement à l'entreprise », confirme Christophe Nguyen. Pour lui, il serait plus opportun que les entreprises aient une approche annuelle du télétravail, au lieu d'imposer des jours spécifiques par semaine. « Cela permettrait de mieux prendre en compte les besoins des personnes, qui s'organiseraient en fonction des tâches qu'elles doivent effectuer », précise-t-il. Les cadres interrogés par l'Apec pointent également un brouillage des frontières entre sphère personnelle et professionnelle ou encore un risque de voir son développement professionnel freiné. Malgré cela, le télétravail reste un critère d'attractivité important des talents. Un facteur qu'il convient de ne pas négliger, alors que le marché du travail reste très tendu.

 
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