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Livres: allier service à l'usager et respect du budget

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Suite aux modifications législatives et réglementaires, les acheteurs de livres du service public se sont organisés différemment. Ils parviennent, grâce à un dialogue plus averti et inéluctablement plus constructif, à améliorer le service rendu à l'usager.

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En août dernier, une nouvelle édition du Vade-mecum de l'achat public du livre a été ré éditée par le service du livre et de la lecture de la direction générale des médias et des industries culturelles du ministère de la Culture et de la Communication. Sa publication s'inscrit dans le cadre du plan d'action et de sensibilisation - adopté à l'issue de l'étude sur «l'Accès des librairies aux marchés d'achats de livres de bibliothèques» publiée en 2010 attestant, notamment, de l'inégale familiarité des bibliothécaires avec le Code des marchés publics. La dernière version du Vade-mecum - qui datait de 2005 - a été enrichie des nouvelles réglementations et jurisprudences en vigueur, de précisions sur les réalités du commerce du livre et de conseils pratiques. « Facile à lire, ce guide répond aux questions que sont en mesure de se poser les acteurs du secteur y compris sur la passation d'un marché », commente Marie-Paule Lafargue, acheteuse à la mairie de Bordeaux. C'est dans ce but mais également pour faciliter les échanges et le partage des connaissances, entre bibliothécaires et services des achats des collectivités que le périmètre du guide a été élargi à l'ensemble des intervenants de la filière.

Christophe Rodrigues, ville de Saint-Denis

« La mise en commun de fonds documentaires est une des solutions à envisager.»

Le livre papier conserve son leadership

La concertation est le maître mot à adopter lors de la passation d'un marché de bibliothèque, tout particulièrement lors de la définition des besoins et des lots. Deux étapes cruciales qui requièrent une parfaite connaissance du secteur et de son off re. Les segmenter par thèmes, voire sous-thèmes, paraît judicieux. « Nous venons de créer un lot de livres neuf soldés et avons scindé en deux le lot de bandes dessinées, le premier étant destiné aux adultes, le second à la jeunesse», donne en exemple Marie-Paule Lafargue. En «collant» à l'offre, les bibliothèques s'assurent d'un fonds diversifié et répondant aux attentes des usagers. Ce qui explique, au moins en partie, que le livre numérique garde un statut expérimental. «L'offre n'est pas encore suffisamment aboutie et demeure très coûteuse. Il reste à gommer certaines difficultés liées à l'ergonomie notamment», argumente David Liziard, directeur des médiathèques d'Issy-les-Moulineaux. Dans cette ville, l'enveloppe des ressources électroniques représente 6 % du budget accordé à l'achat de livres pour les bibliothèques municipales.

De manière générale, la numérisation du livre devrait d'ici peu s'intensifier et pourrait pallier le manque de places dans les rayons de ces établissements.

Des critères davantage axés sur la qualité

Ce ne serait pas la première fois que ce secteur ferait preuve d'adaptabilité. Avec la loi sur le prix unique du livre en 1981, le plafonnement des rabais, à 9 %, sur les ventes de livres non scolaires en 2003, et les réformes successives du Code des marchés publics depuis 2001, la donne a quelque peu changé. Si la réforme de «marché au premier euro» a pu décourager les plus petites entreprises, le décret du 25 août 2011 vient de relever le seuil de dispense de procédure à 4000 euros. Multiplier le nombre de candidatures, c'est la volonté de la mairie de Bordeaux. «Pour simplifier les réponses et leur lecture, nous fournissons une grille de questions adaptée à nos critères de sélection», indique Sabine Peluhet, directrice de la concurrence et la commande publique à la mairie de Bordeaux. Un tri qui repose davantage, depuis 2003, sur des critères qualitatifs. «Nous nous basons sur trois catégories: le stock, sa disponibilité et sa pertinence (50 %), l'accompagnement et le conseil (40 %) et le taux de remise (10 %)», révèle David Liziard (Issy-les-Moulineaux). De son côté, la mairie de Bordeaux a ajouté une dimension développement durable (5 %) à son cahier des charges. «Nous demandons par exemple aux candidats s'ils ont recours à des cartons recyclables pour le transport», illustre Marie-Paule Lafargue.

Des solutions prometteuses

Améliorer la qualité du service rendu à l'usager tout en rationalisant leur budget, c'est la difficile équation à laquelle doivent répondre les collectivités. A cet égard, «la mise en commun de fonds documentaires est une des solutions à envisager», affirme Christophe Rodrigues, responsable du service achat de la ville de Saint-Denis. C'est d'ailleurs le virage qu'a opéré, il y a quelques années, Saint-Quentin-en-Yvelines en mutualisant les moyens de ses cinq médiathèques. Cela implique une mise en réseau et la gestion de contraintes directement associées, la ville a dû placer un salarié «au dispatching». «Avant cela, les bibliothèques peuvent communiquer entre elles sur la disponibilité de leurs fonds pour mieux orienter les lecteurs», propose Christophe Rodrigues (ville de Saint-Denis). Pour gagner en efficacité, la mairie de Bordeaux - qui centralise déjà ses achats de livres - envisage d'établir un groupement de commandes, forte d'une première expérience menée dans les domaines de l'informatique et de la téléphonie. « Cela prendra plus de temps dans la mesure où sur le secteur du livre, notre objectif premier n'est pas de réaliser des économies d'échelle», souligne Sabine Peluhet (mairie de Bordeaux). Une initiative intéressante qui nécessite, au préalable, que les collectivités accordent leur politique de lecture publique.

Quentin Dor, mairie de Blagnac

Quentin Dor, mairie de Blagnac

Témoignage: «Mieux guidés par les fournisseurs, les bibliothécaires gagnent du temps»

«En satisfaisant à l'objectif de conformité, nous avons renforcé les liens qui nous unissent à nos fournisseurs» A Blagnac, la direction de la commande publique coordonne les achats de livres pour la médiathèque et le service de documentation-archives en charge de l'acquisition d'ouvrages pour les organes municipaux. «Les besoins globaux et les lots sont déterminés par la responsable de la médiathèque en partenariat avec notre acheteur. Si le service des marchés s'occupe des aspects procéduraux, la médiathèque reste le pilote de la démarche d'achat», explique Quentin Dor, directeur de la commande publique de la mairie de Blagnac. mairie de Blagnac Lors d'une procédure adaptée lancée en 2010, cinq lots ont été définis. L'objectif: sélectionner, pour chaque catégorie d'ouvrages, le fournisseur le plus performant en matière de diversification du fonds documentaire et de qualité d'accompagnement. La sélection s'est faite selon trois critères: valeur technique (60 %), condition d'exécution (30 %) et prix (10 %). Résultat: cinq librairies ont été retenues. «Trois d'entre elles auraient dû être écartées en appel d'offres, rapporte Quentin Dor. Avec la procédure adaptée, nous pouvons rectifier les erreurs de forme commises par des petites structures peu au fait des réglementations». Au final, si cette mise en concurrence n'a pas généré de gain à l'achat, elle procure des bénéfices d'usages.
«Mieux guidées parles fournisseurs, les bibliothécaires gagnent du temps lors de leurs approvisionnements, précise Quentin Dor. En satisfaisant à l'objectif de conformité, nous avons renforcé les liens avec nos prestataires, ce qui contribue à la richesse de nos fonds documentaires.»

Ville de Blagnac (Haute-Garonne, 31)

POPULATION 2010 :
22 000 habitants
MEDIATHEQUE :
1 structure
EFFECTIF ACHATS :
11 collaborateurs
VOLUME ANNUEL D'ACHATS DE LIVRES :
55 000 euros

 
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Fanny Perrin d'Arloz

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