Décision Achats TV: La commande publique à l'aune de la Société du Grand Paris
Dans ce nouvel épisode de "Ha Propos!", la rédaction vous propose une entrevue avec Corine Loreaux, directrice achats qui revient sur les exigences de ce chantier monumental et de sa déclinaison en termes d'achats, de coopération, d'innovation et d'écoresponsabilité. A voir sans modération.
Le projet du Grand Paris Express est devenu un terrain de jeu sur les sujets de l'écoresponsabilité et de l'innovation. Au cours de cette interview, Corine Loreaux, directrice des achats de la Société du Grand Paris, revient sur l'évolution de ses relations avec les fournisseurs dans ce contexte inflationniste.
Le projet Grand Paris Express représente un budget de 36 milliards d'euros soit le chantier le plus important à date en Europe. Pour rappel, la Société du Grand Paris se charge, entre autres, de la construction des nouvelles lignes de métro 15, 16, 17 et 18. Cette société indépendante collabore de très près avec Île-de-France mobilité et la RATP qui vont gérer ce réseau de nouveaux métros implantés dans la couronne proche de Paris.
L'innovation au service de l'écoresponsabilité
La Directrice Achats démarre l'entretien en contextualisant ses missions et en nous expliquant comment le binôme achats et juridique fonctionne. Elle pointe ensuite la stratégie achats décliné à ses différents segments pour ensuite évoquer les innovations permises à l'occasion de ce chantier : « Grâce à ce projet de grande envergure de nombreuses innovations techniques ont pu voir le jour, comme le béton ultra-bas carbone ou les voussoirs fibrés. On a tiré la filière BTP vers le haut sur ces sujets d'innovations. Le « terrain de jeu » du Grand Paris est l'occasion d'investir et de tester en temps réel, grâce à un accompagnement financier dans le cadre d'un partenariat innovant dans l'écoresponsabilité. Les exigences en matière d'écoresponsabilité sont particulièrement strictes comme le souligne Corine Loreaux « ce projet est la traduction de la transition écologique en région parisienne, nous nous devions donc d'êtres exemplaires. »
Côté gestion des déchets, la construction de ce métro, majoritairement sous terrain, soulève de nouvelles questions concernant le déblaiement. De nombreux partenariats ont été mis en place pour s'assurer du traitement, du recyclage et de la bonne réutilisation de ces terres. Ces objectifs forts en termes de maîtrise d'ouvrage incluent également des composantes RSE telles que l'insertion pour les PME du marché.
Une souplesse de la commande publique pour une meilleure performance achat
Bien évidemment, la Société du Grand Paris doit faire face à l'inflation, aux tensions liées à l'approvisionnement de certains produits ainsi qu'à la hausse des cours de certaines matières premières. Une discussion s'est donc engagée avec les fournisseurs :
« nous avons un bon nombre de dispositions et de clauses de révisions de prix pour accompagner les entreprises. Nous pouvons les ajuster si elles ne sont pas suffisantes pour couvrir l'inflation», explique Corine Loreaux. Cette souplesse, accordée dans le cadre du Grand Paris est une réponse face à un contexte particulier « cela reste des cas isolés, nous avions anticipé la majorité de ces problèmes, le bilan de la maîtrise d'ouvrage reste positif », souligne la directrice achat.
Dernière ligne droite avant les Jeux olympiques
Sans compter la mise en marche de la première partie du Grand Paris express prévue en 2026, un autre grand projet attend la Société. Les livraisons des premières gares du village olympique et d'Orly pour les Jeux olympiques de 2024. Il reste cependant deux enjeux majeurs en termes de marché conception et réalisation, avec en ligne de mire la mise en place de la ligne 15. Ces deux marchés prévus cette année représente près de 20 % du budget du Grand Paris Express.
La directrice achats conclut cet entretien en revenant sur la technicité de ces achats et ce que cela implique en termes de recrutement et de management de talents achats à la croisée du technique et du juridique