Animaux en entreprise : un vrai facteur de cohésion
Tendance lourde dans les pays anglo-saxons, la présence d'animaux de compagnie sur le lieu de travail serait bénéfique à tous. En France, ces démarches sont encore peu nombreuses. Pourtant avec un peu de bon sens, cela peut être un projet fédérateur.
Je m'abonneTravailler avec son chien tranquillement installé sous son bureau ? 44% des propriétaires de chiens interrogées par l'Ifop osent à peine caresser l'idée. La plupart n'imaginant même pas que c'est possible... Et pourtant, ça l'est, et c'est même recommandé par des études très sérieuses comme celle menée par le professeur Randolph Barker de la Virginia Commonwealth University parue dans l'Interantional Journal of Worplace Health Management. Il souligne que dans les entreprises pet friendly étudiées, "les différences en termes de stress ressenti par les employés entre les jours où les chiens étaient présents et ceux où ils ne l'étaient pas ont été étonnantes".
Car oui, au Japon comme aux États-Unis ou plus près de nous en Angleterre, cela n'étonne personne de découvrir un chien sous un bureau. Google, Facebook, Etsy, Amazon figurent parmi les grands noms des entreprises "pet friendly", convaincues que cela contribue au bien-être des salariés... donc à leur productivité. "#wearebetterwithpets", clament ces entreprises. Le salarié serait-il donc plus fort en compagnie de Médor ? Il serait déjà bien plus content de venir travailler.
Christine His, ex-cadre dans l'industrie cosmétique et fondatrice des Trophées pet friendly à la française, qui seront remis dimanche 8 octobre 2017, se souvient de sa frustration quand on lui a refusé l'accès de son chihuahua. Moins d'absentéisme, de stress à l'idée des bêtises éventuelles de son compagnon enfermé dans son appartement, et une envie moins pressante de quitter son poste le soir pour retrouver ses jappements... C'est même souvent le chien qui tire sur la laisse pour aller bosser le matin !
Durant la journée, caresser un animal, le regarder dormir ou jouer une minute avec constitue un moment de décompression bienvenu. Et sortir le chien pour lui faire faire ses besoins une petite balade bien moins nocive qu'une pause cigarette !
"Le chien est un animal social, souligne Yves Lahiani, vétérinaire et chroniqueur sur France 2. Il est toujours mieux en compagnie de son maître, et il est aussi lui-même vecteur de lien. C'est ce que nous enseigne la médiation animale".
Un blocage culturel ?
Alors qu'est-ce qui coince en France avec 63 millions d'animaux domestiques, où la loi n'interdit pas leur présence dans l'entreprise, sauf bien sûr dans le secteur alimentaire ? Et ce, malgré des initiatives comme la journée "Pets at work" avec "J'aime ma boîte", qui aura lieu jeudi 19 octobre 2017. En premier lieu, une méconnaissance des bienfaits et des aspects juridiques nécessaires pour mettre en oeuvre cette démarche. Au préalable, si l'entreprise est locataire, il suffit de demander l'accord du syndic de copropriété, de l'agence immobilière, ou du propriétaire lui-même. Il peut être utile de consulter l'avocat de l'entreprise pour qu'il élabore une décharge de responsabilité, par exemple.
Mais avant tout, cela doit être un projet commun. Il est donc indispensable de s'assurer de l'enthousiasme de l'ensemble des salariés. Et que la présence des animaux ne soit pas de nature à affecter la vie de l'entreprise. "C'est, comme bien souvent, une question d'éducation, souligne Yves Lahiani. Il est bien évident qu'un chien qui aboie au moindre coup de fil peut venir devenir insupportable". Donc produire des tensions à l'opposé de la bonne ambiance escomptée si, en plus, l'animal n'est pas parfaitement propre...
Purina, qui permet depuis longtemps à ses salariés de travailler avec ses compagnons canins, a mis un place une organisation hors pair qu'elle partage dans un guide en ligne, pour aider les entreprises dans cette démarche et insiste au préalable sur l'importance d'informer les salariés sur les avantages qu'ils peuvent y trouver. La question des allergies peut être résolue par une grande rigueur dans le toilettage. Il est bien évidemment utile d'impliquer le personnel de nettoyage.
L'entreprise propose de télécharger un modèle de formulaire d'engagement pour faire connaître aux salariés leurs responsabilités, une check-list du matériel à apporter, des panneaux indiquant les lieux où les animaux peuvent se trouver et là où ils n'ont pas le droit d'aller : salles de réunion, cuisines, sanitaires, infirmerie... "Il faut que ce soit très organisé et surveillé au début, ensuite c'est validé", souligne Yves Lahiani. Facteurs de cohésion, les animaux peuvent même devenir des mascottes et contribuer à délivrer une image favorable de l'entreprise. Et donner des billes aux community managers !
Témoignage
"L'animal fait partie du foyer, pourquoi pas de l'entreprise ?"
Adrien Magdelaine, cofondateur de Wamiz
"Ce n'est pas un privilège de patron, mon associé et moi-même n'avons d'ailleurs pas d'animal à la maison !" Ce sont des salariés qui ont posé la question il y a deux ans et Adrien Magdeleine, dirigeant de Wamiz, ne voyait pas de raison de s'y opposer. Aujourd'hui il ne cesse de se féliciter d'avoir dit oui, après avoir fixé avec eux quelques règles de base, notamment concernant la propreté "Ils sont trois à le faire. Au quotidien, il y a toujours au moins un chien", explique-t-il. Et le trio canin s'entend plutôt très bien, diffusant sa bonne humeur dans les quelque 100 m2 de cet open space parisien.
"Et ça commence dès le matin, puisque les chiens sont très contents de venir, ils tirent sur la laisse pour aller bosser !" s'amuse-t-il, tout en observant les chiens dormir. Et si le salarié est en plein sur un dossier ? "Un collègue va emmener lui-même le chien de l'autre dehors. C'est très sympa à observer", avoue le dirigeant. Comme les balades à deux ou trois collaborateurs dans le quartier.
Pour ce jeune entrepreneur, "c'est clair que ça a boosté la cohésion". Il milite donc pour des entreprises plus pet friendly, et pas seulement dans la capitale. "Je pense que cela va bouger dans les prochaines années. Que cela ne sera plus seulement un truc de start-up", espère celui qui estime que "le rapport à l'animal a changé, il fait désormais partie du foyer, cela n'a plus rien de nunuche".
Wamiz
Activité : plateforme de contenus web
Lieu : Paris (XIIe)
Forme juridique : SAS
Effectif : 15 salariés
Création : octobre 2009
CA 2016 : 1,2 million d'euros