Achats de prestations IT: Tendances, défis et responsabilités de la fonction achats
Professionnaliser ses achats de P2i, rationaliser puis dynamiser son panel pour le rendre compétitif. Des enjeux forts pour les acheteurs IT au regard des évolutions en termes d'ESG et de cybersécurité. Analyse.
Je m'abonneL'année 2024 marque une période de ralentissement notable dans les achats de prestations intellectuelles, notamment dans le domaine IT. Selon le baromètre P2i d'Opteamis, les demandes de prestations intellectuelles ont chuté de 30 % par rapport à 2023. Cette baisse reflète un contexte économique globalement morose, marqué également par des taux d'intérêt élevés qui freinent les investissements, notamment en innovation et transformation digitale. « D'un point de vue macro-économique, l'augmentation des taux d'intérêt a impacté les budgets des entreprises dédiés à la R&D et à la transformation digitale, excepté dans certains domaines stratégiques où l'investissement reste incontournable», nuance Alix Mirshams, Directeur Marketing & Achats chez Opteamis.
Effectivement, certains secteurs continuent d'attirer des investissements significatifs. Le basculement massif vers la tendance des IAs, le cloud et les services SaaS reste une priorité pour les grandes entreprises. En parallèle, les menaces croissantes en cybersécurité obligent les entreprises à intensifier leurs efforts de protection. « La cybersécurité est devenue un axe d'investissement majeur. La montée des attaques informatiques pousse les entreprises à adopter des mesures de protection renforcées. Ce besoin s'étend aux plus petites structures, notamment en raison de nouvelles réglementations comme NIS2, qui imposent des standards de sécurité élevés », précise Alix Mirshams.
Montée en puissance des normes RSE
Outre la cybersécurité, les tendances en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) prennent de l'ampleur. Les entreprises sont de plus en plus tenues d'adopter des pratiques d'achat responsables. « Les grands groupes exigent désormais des évaluations positives via les labels existant " de leurs fournisseurs, ce qui traduit une normalisation accrue des achats, liée à des enjeux RSE », analyse le directeur marketing. Cette évolution s'accompagne en parallèle d'une rationalisation du panel fournisseurs, choix stratégique naturel au regard des enjeux de la profession. D'autant que les entreprises cherchent à réduire les achats non structurés pour garantir une conformité accrue et un meilleur contrôle des coûts.
Vers une rationalisation des achats sauvages et une professionnalisation des achats IT
Historiquement, les achats de prestations intellectuelles étaient naturellement gérés directement par les prescripteurs au sein des entreprises, à savoir pour les achats IT, les DSI ou les responsables de projet, parfois même en « bypassant » les directions achats. Autre temps, autres moeurs visiblement : « Nous observons une prise en main nette des directions achats sur ce type d'acquisition, dans les grands groupes et institutions publiques. Cela implique une meilleure collaboration entre les équipes métiers et les acheteurs pour garantir une gestion centralisée et efficace », met en perspective Alix Mirshams.
Passage obligé, cette rationalisation passe par l'utilisation d'outils digitalisés des achats de prestations intellectuelles, qui permettent un pilotage et une optimisation accrus des coûts et des fournisseurs avec en filigrane le développement sur le marché de VMS spécialisée en fonction du segment achats visé. Un des axes de transformation clés est donc l'adoption d'outils VMS (Vendor Management System) dédiés à la gestion des prestations intellectuelles. Contrairement aux plateformes généralistes, ces outils sont conçus pour répondre aux spécificités des achats de prestations de talents et de services à durée déterminée. « Acheter une prestation intellectuelle, c'est très différent d'acheter des fournitures de bureau. Cela implique de gérer des processus complexes, comme l'onboarding du talent, la validation des activités ou encore la facturation. C'est là qu'interviennent les outils VMS, adaptés à ces spécificités », explique Alix Mirshams. Les entreprises qui adoptent ces outils peuvent également dynamiser leur panel fournisseurs. En facilitant l'accès à une marketplace élargie, certains VMS permettent de stimuler la compétition et, par conséquent, d'améliorer la qualité des prestations et la compétitivité des fournisseurs.
Tips and tricks pour un acheteur au pays de l'IT
"Il est essentiel de cartographier les achats existants et d'adopter une approche proactive pour s'adapter aux nouveaux enjeux (relation fournisseurs, réglementations, digitalisation), avertirt Alix Mirshams. Cela implique le benchmark des outils disponibles et l'adaptation des appels d'offres pour garantir leur adéquation avec les spécificités des prestations intellectuelles », conseille Alix Mirshams. Ce dernier insiste également sur l'importance de la collaboration avec les donneurs d'ordre internes pour une intégration harmonieuse des nouveaux outils et processus. Finalement, cette optimisation de ce pan des achats indirects n'est-il pas encore une autre concrétisation de la valeur de la fonction achats ?