Rex CPO: Bvlgari, Une fonction achats stratégique pour une supply transparente

Dès 2019, Bvlgari a lancé une transformation en profondeur de sa fonction achats afin de la repositionner en levier stratégique et non plus en simple centre de gestion des coûts. Concrètement, cette transformation est passée par la mise en place de nouveaux processus et outils. Entre autres, Bvlgari a déployé la solution Ivalua en mode standard pour obtenir rapidement des « quick wins » et des gains immédiats, avant de refondre l'ensemble des processus via une approche lean en intégrant les retours des parties prenantes. Cette flexibilité a permis d'adapter les pratiques aux besoins de l'organisation, d'accélérer l'adoption des nouveaux outils et de générer des gains d'efficacité ainsi que des optimisations de coûts. La fonction achats s'est progressivement professionnalisée et renforcée, avec pour objectif affiché de s'inscrire comme un acteur clé de la création de valeur chez Bvlgari.

Se rapprocher des métiers en amont de la chaîne de valeur

Un des axes majeurs de cette transformation est le rapprochement entre les achats et les métiers. Matteo Perondi, son CPO, insiste « sur la nécessité d'établir un véritable partenariat avec le business, afin que les achats soient perçus comme un allié créateur de valeur et non plus comme un simple contrôle des dépenses. Historiquement, certaines divisions de Bvlgari avaient pris l'habitude de travailler directement avec les mêmes fournisseurs pendant de longues années, tissaient des relations personnelles fortes, et ne voyaient donc pas l'intérêt d'impliquer la fonction achats ». Tout le rôle de la fonction depuis 2019 revient à faire prendre conscience d'éventuels risques ou opportunités manquées sur la chaîne de valeur.

« Pour cette transformation, une approche collective a été privilégiée », explique Matteo Perondi. Les achats de Bulgari ont multiplié les échanges avec les équipes internes, recueilli leurs feedbacks et adapté les processus en conséquence. Cette démarche de co-construction a contribué à installer une relation de confiance et à démontrer concrètement la valeur ajoutée des achats, par l'identification d'optimisations dans la relation fournisseur ou encore par la sécurisation des approvisionnements. « L'innovation, lorsqu'elle se révélait pertinente pour le métier concerné fut aussi un levier que nous avons activé », se réjouit le CPO.

Impact de la digitalisation sur les méthodes et processus

« Les outils numériques bien implémentés peuvent transformer la prise de décision et l'efficacité opérationnelle du procurement », analyse Matteo Perondi. Le repositionnement de la plateforme Ivalua en est une illustration : initialement utilisée pour standardiser et centraliser les processus, elle est devenue un outil stratégique qui fournit de la donnée en temps réel aux acheteurs et aux prescripteurs. Grâce à ce système unifié, l'entreprise dispose d'une meilleure visibilité sur ses dépenses et ses fournisseurs, ce qui facilite des arbitrages plus éclairés.

En parallèle, Bvlgari a introduit de nouvelles solutions technologiques pour compléter son écosystème digital achats. Par exemple, la maison utilise désormais des QR codes et des puces NFC sur les certificats d'authenticité digitaux de ses produits, permettant aux clients comme aux équipes internes d'accéder à des informations détaillées sur la provenance et l'impact environnemental des matières utilisées. Cette initiative s'appuie sur plusieurs technologies en parallèle et témoigne de la maturité de la supply chez Bulgari en termes de fiabilité des données, de transparence des opérations et de rapidité de décision au sein de la fonction achats.

La coordination avec la DSI, un défi interne de la transformation

Transformer en profondeur un département achats ne va pas sans défis internes. La résistance au changement a constitué un enjeu majeur. « La formation des équipes et leur implication en amont des projets ont été des facteurs déterminants pour surmonter ces résistances », explique Matteo Perondi. La coordination avec la DSI a également fait partie des challenges à relever. L'intégration des solutions digitales achats au système d'information global a demandé une synchronisation des calendriers et des priorités entre les équipes IT et achats. Mais un ciment commun entre les deu métiers a permis de mobiliser l'ensemble des métiers. « Renforcer la performance globale de l'entreprise a aidé à garder le cap », soutient le CPO. À chaque étape de la transformation, il fut essentiel pour la direction achats de Matteo de communiquer sur les gains attendus pour l'entreprise pour garder les parties prenantes engagées, qu'il s'agisse de réduction des risques fournisseurs, d'amélioration de la marge ou de fluidification des opérations.

À l'assaut de la donnée fournisseurs de rang 2 et de rang 3

Pour Matteo Perondi, il est indispensable d'adopter une vision à long terme pour la fonction achats et supply chain. La transformation actuelle s'inscrit dans une trajectoire pluriannuelle qui prépare dès aujourd'hui les futurs projets de transformation. L'un des piliers de cette vision demeure l'innovation technologique en continu. Les achats de Bvlgari explorent déjà l'apport de l'intelligence artificielle et de l'automatisation avancée. « Concrètement, l'IA et la robotisation offrent la perspective d'automatiser les tâches répétitives, comme lancer des demandes de prix ou même négocier certains contrats sur la base de critères prédéfinis », illustre le CPO.

Un autre axe clé pour l'avenir est l'interconnexion et l'interopérabilité de la data entre entreprises. À ce titre, Bvlgari a participé à l'initiative AURA, un réseau blockchain développé en collaboration avec plusieurs marques de luxe internationales, qui permet de tracer l'historique et l'authenticité des produits de luxe. Une façon de concilier résilience, durabilité et transparence de la supply chain. Sur l'avenir de la fonction achats et de la supply chain, Matteo Perondi se fixe un prochain objectif ambitieux : "Il s'agit d'atteindre un niveau de visibilité maximal sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, y compris sur les fournisseurs de rang 2 et 3, afin de savoir exactement qui fournit quoi et dans quelles conditions".