Bientôt des IAvatars acheteurs vs des IA fournisseurs ?
Par-delà la digitalisation des métiers des achats, menace la pente « muskienne » qui pourrait nous entraîner - heureux comme les sept nains qui sifflent en travaillant - vers une expression tout automatisée d'un travail mal fait, parfois halluciné, caricaturé, dystopique mais... qui est fait, et même très/trop vite fait !

C'est vrai, quoi : toujours dans cette logique des « automatisateurs » forcenés, pourquoi ne pas laisser des agents IA acheteurs conduire leurs petites affaires face à des agents IA fournisseurs (une place de marché métaversée...) ? Pour sûr, les gains de temps, de salaires et primes, de gestion des pathos et des congés en vaudraient la chandelle ! Sans parler de l'assurance d'acheter en toute compliance des règlements, et même sous contrainte d'objectifs RSE et DD. Que du bonheur, quoi !
Ultra-automatisation des processus versus rebonds créatifs
Or ce qui est couramment admis pour le vissage d'un boulon sur une chaîne industrielle l'est beaucoup moins facilement d'un métier qui, quoiqu'on veuille nous faire entendre, est d'abord et avant tout « humain ». Je veux dire (pour parler comme un cabinet de conseils) à valeur ajoutée essentiellement humaine. Et le modèle basé sur le gain à la performance répétitive (cf - mouvements linéaires aux millièmes de seconde des titres en bourse) n'est en rien similaire aux itérations multidimensionnelles, voire aux errements et rebonds créatifs, émotionnels, humanistes, contradictoires de l'acheteur. À ces échelles - celles d'un bon professionnel - rien n'est possible aux réseaux de neurones, quand bien même ils seraient enrichis de brouettes cognitives et de fuzzy logic, comme à en bouffer du foin !
Apprentis sorciers
Mais le Marché, comme le Progrès, ont pourtant besoin pour exister d'y croire et de foncer à toute berzingue droit dans leur impasse : qui donc seront les premiers éditeurs apprentis-sorciers à se targuer de leurs usines de Iavatars acheteurs ? Les paris sont ouverts...
Pourtant, lorsqu'on a la sagesse d'interroger acheteuses et acheteurs sur leurs attentes en la matière, loin du fantasme numérique, on est touché par le bon sens des réponses : être allégé(e)s du redondant, de l'utilitaire et du répétitif ; être augmenté(e)s de connaissances temps réel, de puissances de calcul, de capacités comparatives et simulatrices ; être prévenu(e)s et bordé(e)s des règlements, lois, normes et spécificités des marchés... Ne pas être remplacé(e)s.
A propos de l'auteur : Philippe Grange est directeur de l'étude Révélations Achats, fondateur du think-tank IoT, Organisateur des IoT Awards, directeur de conférence et coach en prise de parole des dirigeants.
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