DossierLes directions achats jugent les solutions e-achats
3 - Vers le Source-to-Pay
D'une logique d'économie rapide mais court termiste, les directions achats évoluent vers une logique de performance dans la durée avec une couverture globale du cycle d'achat et s'outillent en conséquence.
Au départ, les DHA ont abordé les solutions e-achats en distinguant l'amont, ou source-to-pay (S2P), focalisé sur le métier d'acheteur, de l'aval, ou procure-to-pay (P2P), axé sur le transactionnel, dans un souci de gains rapides et du fait de l'existant informatique souvent organisé autour d'un ou plusieurs ERP. Or, la maturité des offres SaaS/cloud, limitant l'investissement, et les innovations technologiques tirées par les usages d'Internet et des réseaux sociaux ouvrent de nouvelles possibilités. Bien que le choix des outils soit nécessairement lié à l'activité et à l'organisation de l'entreprise, s'il fallait essayer de dessiner les grandes tendances, on pourrait dire que l'utilisation de solutions e-achats poursuit trois grands axes :
- gagner en productivité ;
- améliorer l'expérience utilisateur ;
- transformer le business model, c'est-à-dire arriver à monétiser les données et faire du centre de coûts que sont les achats une fonction génératrice de profits. Mais nous n'en sommes pas encore là.
Pour l'heure, la plupart des DHA en sont à compléter les solutions pour que leur SI achats atteigne le niveau de maturité souhaité, mais "on voit déjà des modèles se dessiner pour permettre aux achats de mieux collaborer avec l'ensemble des fonctions", note Patrick Chabannes. "La dimension des projets est devenue plus stratégique, renchérit Alexis Hartmann, VP Europe du Sud chez Coupa Software. Les DHA souhaitent déployer des outils sur la quasi-totalité des métiers."
Covéa, par exemple (qui regroupe Maaf, MMA, GMF), a profité de la création d'une direction achats commune pour s'outiller largement. "Nous voulions nous appuyer tout de suite sur l'outil le plus transversal possible afin d'embarquer toutes les parties prenantes", indique Jean-Christophe Loyer. Une fois le process achat commun établi, l'implémentation de l'outil (Ivalua) a donné de la visibilité à toutes les fonctions, supprimant l'effet tunnel, chacun ayant son périmètre d'action. Même les fournisseurs peuvent mettre à jour certaines données directement dans l'outil.
Comme personne n'était outillé, Covéa n'a pas eu à faire face à des problèmes d'interfaçage mais s'est tout de même retrouvée confrontée à une difficulté : "Comme nous sommes partis sur un projet collaboratif avec un outil qui intègre une grande souplesse, cela a entraîné l'intégration dans la plateforme d'un certain nombre d'aspects spécifiques dont nous essayons de sortir aujourd'hui. Mais la difficulté ne porte pas tant sur l'outil que sur le respect du process achat en lui-même", explique Jean-Christophe Loyer.
De son côté, le Crédit Agricole a aussi fait le choix, il y a trois ans, d'une suite complète (Ivalua) d'entrée de jeu. "Nous voulions un outil de marché standard afin d'en limiter le coût avec moins de 10 % de spécifique, mais capable de couvrir l'ensemble du process, indique Sylvie Robin-Romet, directrice achats groupe Crédit Agricole. Le ROI se trouvant sur la partie facturation, nous devions aller jusque-là." Pour éviter tout risque de raté, la suite a été déployée sur la holding uniquement dans un premier temps. "Nous avons fait le choix de vendre la solution en interne par modules ; nous avons donc mis la suite dans une bibliothèque et laissé les entités choisir leurs modules." Mais, là aussi, l'écueil principal se trouve dans les difficultés d'interfaçage avec les outils existants, et notamment en ce qui concerne les outils de comptabilité fournisseurs. "Au fur et à mesure que les entités intègrent l'outil, nous réalisons des études de cadrage pour analyser les écarts et faciliter la migration ou l'adaptation des outils entre eux", note Sylvie Robin-Romet.