Voyages d'affaires : n'opposez plus confort et ROI !
Le confort du voyageur, un luxe qui grignote les budgets déplacements des entreprises ? Au contraire, c'est un levier méconnu d'économies et, même, de profits ! Quelques conseils concrets pour arrêter le gâchis.
Je m'abonneLe temps, c'est de l'argent... le confort aussi ! Tel est en quelque sorte le cri du coeur qui s'est échappé hier de l'une des salles de conférence du Carrousel du Louvre, où se tenait l'une des dernières conférences du Meedex International - le salon des " meeting destination experts " jumelé cette année avec le Market Place. Une conclusion digne de l'évènement qui a le mérite de mettre en exergue les problématiques d'un secteur dont la qualité des prestations est tirée par le bas par une démarche d'optimisation - transverse à tous - de plus en plus prégnante. " A force de les faire voyager dans des conditions de plus en plus dégradées, il convient de se demander : est-ce que les professionnels n'en perdent pas en efficacité ? " a interrogé Brigitte Jacubowski, directrice générale du cabinet JK Associates Consulting, en charge d'animer la conférence.
Un confort oublié des calculs
" Le confort est le grand oublié des préoccupations des acteurs du voyage d'affaires ", lui a répondu Géraldine Valentin, Head of WCT Solutions pour Carslon Wagonlit Travel. Une affirmation qu'elle a étayé des trouvailles d'une étude d'envergure mondiale menée par le groupe sur le stress des voyageurs d'affaires. Menée en 2012 mais, ainsi qu'elle l'a pointé du doigt, d'une pertinence hélas endurante, cette dernière identifie pas moins de 33 causes de stress dont, dans le peloton de tête :
1 - La perte des bagages (premier du classement avec un indice de 79)
2 - Une mauvaise connexion internet voire son absence totale (71)
3 - Un vol en classe économique sur un moyen ou long courrier (73)
4 - Les vols retardés (72)
Point commun entre ces "bêtes noires" des personnes interrogées* : elles mettent directement en cause les pratiques des entreprises qui n'hésitent pas, au nom de la sacro-sainte rentabilité, à malmener leurs employés en les contraignant à voyager dans des conditions souvent peu compatibles avec le bien être. ... Quitte à oublier que c'est un levier majeur de rentabilité.
Soigner sa politique voyage
C'est le sens du témoignage apporté par Richard Guerrand, directeur du département voyages et vidéoconférence de l'Agence Spatiale Européenne. Loin de se contenter d'envoyer une partie de ses hommes en orbite dans l'espace, cette dernière repose notamment pour son bon fonctionnement sur un mouvement constant entre ses divers sites européens. Une tendance néanmoins à la baisse depuis que l'agence s'est dotée d'une centaine d'outils de visioconférence - un dispositif employé comme une alternative aux "sauts de puce " anxiogènes occasionnés par une simple réunion, avec départ aux aurores et retour nocturne.
"Des millions perdus pour quelques centaines d'euros économisés"
Déployée il y a deux ans, cette solution se veut rétablir un effet pervers des déplacements à tout va : le déséquilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Soucieuse d'offrir une meilleur qualité de vie à ses collaborateurs pénalisés par leur surinvestissement, l'agence s'est ainsi attelée à faire converger deux grands enjeux que l'on a tendance à tord à opposer : le bien être de ses collaborateurs et le ROI.
Au coeur de cette démarche, la collaboration avec son agence de voyage a joué un rôle crucial. " Nous avons travaillé sur la politique de voyage ensemble ", a indiqué Jean Marc Dandurant, directeur général ATPI France, qui gère le compte de l'Agence Spatiale Européenne. Les deux partenaires commerciaux se sont ainsi mis d'accord sur certaines pratiques concrètes. Exemple : la réservation systématique dans les avions de sièges à côté des accès d'urgence offrant plus de place pour les jambes. Le gros de la démarche a consisté à systématiser, via des programmes de fidélité, certains conforts beaucoup plus stratégiques qu'anecdotiques : l'accès pour les voyageurs aux espaces "lounge" des aéroports, aux files rapides etc. Autres points phares : la souscription à une option qui permet de changer ses réservations sans frais et l'achat, pour un vol retour, d'un billet flexible.
"Le coût de non qualité"
L'ensemble de ces mesures permettent en fin de parcours d'éviter de devoir payer ce que Jean Marc Dandurant appelle le " coût de non qualité ". Un concept qu'il illustre de l'exemple d'un de ses clients, contraint de voyager pour un déplacement professionnel avec des billets non échangeables ni remboursables. Résultat : à quelques heures de prendre l'avion pour rentrer chez lui, le stress de rater l'avion l'a amené à rater sa négociation : seul objectif de son déplacement. Ou comment, en voulant économiser quelques centaines d'euros, une entreprise peut perdre un contrat qui pèse financièrement beaucoup plus lourd...
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* 6000 grands voyageurs employés dans 9 grandes entreprises mondiales ont été consultés pour les besoins de l'étude.