Supply chain : pas de digitalisation réussie sans orchestration
Objets connectés, robots industriels, collecte de données... Pour mettre véritablement à profit ces innovations sur les chaînes d'approvisionnement, une harmonisation s'impose. Celle-ci concerne aussi bien les technologies que le management et les ressources humaines.
Je m'abonneLe rôle clé des robots, de l'automatisation et de l'interopérabilité ont été au coeur des discussions lors de l'édition 2021 du salon SITL qui vient de se terminer. En introduction de l'une des conférences sur le sujet, la start-up chinoise Geek+ spécialisée dans la digitalisation des entrepôts a rappelé l'intérêt d'adopter ces innovations : les Robots mobiles autonomes (AMR) garantissent une efficacité 3 fois supérieure par rapport aux opérations manuelles et une réduction des coûts de main d'oeuvre de 70 %.
Au-delà de l'investissement et du déploiement de ce type de machines dans un entrepôt, l'interopérabilité des données et solutions est décrite comme la pierre angulaire d'un dispositif réellement efficace. L'un des exemples les plus éloquents concerne les systèmes robotiques de prélèvement de produits WCS (Warehouse Control System) dont les informations recueillies doivent inévitablement être compatibles avec l'outil de gestion des stocks et des flux de type WMS (Warehouse Management System) pour que l'intégration des données fonctionne.
"Les questions d'interopérabilité ont toujours existé, mais ce qui est nouveau et qui change profondément la donne, c'est l'augmentation des contraintes. Certaines entreprises logistiques ont parfois autant de cahier des charges que de clients. Une palette peut par exemple être refusée si l'espace entre le colis et le rebord sur la palette n'est pas respectée, avec les pénalités que cela engendre", illustre Nicolas Pauvre, chef de projets traçabilité chez au sein du spécialiste de la logistique GS1 France, en insistant sur la nécessité absolue d'adapter son approche à ce contexte d'exigences accrues.
Romain Moulin, président cofondateur du fournisseur de dispositifs robotiques Exotec Solutions et également intervenant de la conférence, confirme que "l'interopérabilité est la clé pour n'omettre aucun paramètre." Il s'agit aussi par exemple d'observer l'état de la chaîne d'approvisionnement en aval pour connaître les actions à privilégier en amont: "au sein d'un entrepôt, inutile de pousser des commandes BtoC si le packaging en aval sature. Mieux vaut alors se concentrer sur l'activité BtoB pendant un temps. L'ingénierie logicielle est essentielle pour bien répondre à ce type de problématiques. Il faut un chef d'orchestre qui récupère les messages des différents systèmes pour optimiser la prise de décisions", confie Romain Moulin.
La rigueur à avoir porte aussi sur les scénarios possibles à l'avenir. "Même si la question d'intégrer un autre système ne se pose pas du tout, il importe de garder cette éventualité en tête au moment des déploiements, sous peine de désillusions probables dans le futur", poursuit-il. A noter par ailleurs que la myriade d'informations disponibles qui peuvent être remontées dans le système d'information sont également être intéressantes pour détecter des particularités techniques dont il faut pouvoir tenir compte.