Supply chain : Renault passe la seconde dans sa révolution digitale
La transformation numérique des chaînes d'approvisionnement est déjà une réalité concrète pour de grands groupes. Le constructeur français se situe à mi-chemin d'un relooking de fond en comble de son organisation mondiale, et récolte d'ores et déjà les fruits des efforts consentis.
Je m'abonne"Notre but n'est pas de devenir un industriel de l'automobile qui intègre des nouveautés technologiques, mais un acteur technologique à part entière." C'est par ces mots que Ludovic Doudard, General Manager Process Engineering End to End Supply Chain chez Renault, a introduit son propos à l'occasion d'une conférence proposée lors du salon SITL. Il illustre la démarche globale entamée par le célèbre constructeur en vue d'une transformation digitale de sa supply chain à l'échelle mondiale.
Aux côtés du fournisseur de solutions digitales Hardis Group, l'opération a l'ambition de révolutionner l'approche industrielle et relationnelle sur tous les continents. En 2018, le projet est mis sur les rails, avec comme première grande étape le recueil de tous les besoins de toutes les usines à travers le monde. "Il faut pouvoir déployer un outil qui s'intègre dans tous les contextes de tous nos sites. Donc, rien ne doit être laissé au hasard", souligne Ludovic Doudard. 2021, c'est l'année du début de la deuxième phase visant à déployer de nouvelles fonctions industrielles co-développées avec Hardis, ainsi qu'une nouvelle stratégie cloud. Enfin, à compter de 2023, l'objectif sera d'établir concrètement des connexions avec toutes les innovations pertinentes sur le terrain, et ainsi de se renforcer en compétences.
"Les premiers résultats constatés sont tout à fait la hauteur des espérances. L'outil est présent sur 4 sites, et connectent déjà des centaines d'utilisateurs. On observe une augmentation de 20% de la performance globale, un impact non négligeable sur la productivité, la fiabilité des stocks. On tend vers le zéro défaut sur tout le périmètre concerné", se réjouit-il.
Un vaste écosystème technologique au coeur des développements
L'un des volets phares de cette mutation de fond est le lancement d'un projet de WMS (Warehouse Management System) du futur. L'enjeu est de bénéficier d'une très bonne lisibilité des données existantes, de migrer celles-ci sur une plateforme collaborative afin de garantir à tout instant une visibilité sur l'intégralité de la supply chain. "L'intégration de solutions d'intelligence artificielle, le cloud et sa capacité à fournir rapidement applications métiers répondant aux cas d'usage jouent un rôle clé dans ce domaine, tout comme l'entrepôt connecté", précise Ludovic Doudard.
Les enjeux de traçabilité des matériels et de leurs origines sont d'autant plus importants avec le futur de la filière où le véhicule autonome occupera une grande partie des activités. Un contexte dans lequel le constructeur sera vraisemblablement le premier incriminé en cas de défaillances causant un accident.
La démarche d'innovation globale a également vocation à développer des connexions vers des acteurs extérieurs clés sur un plan technologique, notamment des écoles et universités capables de fournir les profils ayant les compétences de demain, ou encore des start-ups et entreprises du digital dotées d'un savoir-faire spécifique, à l'image de Shippeo, éditeur de solutions de visibilité en temps réel sur le transport de marchandises. "Cette plateforme est en mesure d'informe rapidement en cas de retards liés par exemple à des bouchons. La remontée de données permet alors des ajustements et une modification des priorités", illustre Nicolas Lucas, Global Sales Director chez Hardis Group.