Préparer la résilience de la supply chain en 3 étapes
Le processus qui consiste à créer une carte des risques liés aux fournisseurs, effectuer la gestion des risques en ligne et enrichir les capacités d'investigation assure la résilience de la supply chain et permet de garantir qu'elle est suffisamment flexible pour relever les défis.
Je m'abonneLes répercussions de la pandémie actuelle montrent clairement qu'il est impossible de répondre correctement à une crise de cet ordre sans établir une vue transparente de la supply chain à plusieurs niveaux.
Quand les usines du monde souffrent, nous souffrons tous
Wuhan, la région au coeur de la pandémie, joue un rôle essentiel dans la supply chain mondiale. De nombreux fabricants, ainsi que leurs fournisseurs, dépendent fortement des usines de cette région.
Lorsque la pandémie a fermé cette plaque tournante mondiale, les principales industries, notamment dans les technologies optoélectroniques, les produits pharmaceutiques, l'ingénierie biologique et la protection de l'environnement, l'automobile, la sidérurgie et la fabrication du fer, ont dû se démener pour atténuer les conséquences de la pandémie. Beaucoup ont dû arrêter complètement leur production.
Par exemple, Fiat Chrysler Automobiles a été forcé d'interrompre la production de son usine serbe parce qu'elle ne pouvait pas obtenir les pièces dont elle avait besoin en Chine. Hyundai a suspendu la production dans sept usines en Corée du Sud en raison de problèmes de supply chain.
On estime que plus de 50 000 entreprises mondiales (dont 163 font partie du classement Fortune 1000) ont un ou plusieurs fournisseurs de niveau 1 à Wuhan, et qu'au moins 5 millions d'entreprises ont un ou plusieurs fournisseurs de niveau 2 dans la région.
Le problème est qu'il y a un manque universel de visibilité sur les fournisseurs de niveau 2 et 3, ce qui rend quasi impossible l'adaptation à des perturbations drastiques de la chaîne logistique.
Visibilité et Numérisation : la pièce manquante
La visibilité et la numérisation vont de pair. Sans numérisation, les responsables supply chain n'auront pas d'informations ou de visibilité sur leur chaîne logistique au-delà de leurs fournisseurs de niveau 1. Et ce modèle de gestion linéaire de la supply chain n'est plus viable lorsque arrive un événement imprévu comme cette crise sanitaire mondiale.
Avoir une vue transparente à plusieurs niveaux de sa supply chain est l'un des besoins opérationnels les plus pressants. Sans données et informations précises en temps réel sur l'ensemble de la chaîne logistique, on ne peut pas attendre des responsables de l'approvisionnement qu'ils prennent des décisions en temps utile.
- Une visibilité à 360° des chaînes logistiques aidera les entreprises manufacturières à se prémunir contre l'instabilité de la supply chain, et leur garantira :
- Des contrôles de conformité aux règlements en place
- Des alarmes actives La gestion des risques financiers
- La gestion des risques géographiques
- De meilleures capacités d'approvisionnement
Réinventer la supply chain
Les chaînes logistiques sont des systèmes complexes et interconnectées, construits sur le prérequis que les approvisionnements seront toujours disponibles. Les entreprises manufacturières dépendent fortement de leurs fournisseurs, sans disposer d'aucune visibilité sur ceux-ci ni sur ce qui peut se passer au-delà.
Cela signifie qu'en cas de crise, les responsables supply chain ne peuvent pas s'adapter et se remettre correctement des perturbations de la chaîne logistique. Afin de préparer les supply chains à appréhender les crises, et garantir qu'elles pourront facilement se remettre de n'importe quelle perturbation, nous devons repenser nos modèles.
Préparer la résilience de la supply chain dans un monde imprévisible
Sans les bons outils de surveillance et de gestion des risques qui vont au plus profond de la supply chain, les entreprises s'exposent à des risques générés par les fournisseurs de niveau 2 et plus.
La résilience de la supply chain est un processus qui consiste à :
- Étape 1 : créer une carte des risques liés aux fournisseurs
- Étape 2 : effectuer la gestion des risques en ligne
- Étape 3 : enrichir les capacités d'investigation
Ce processus en trois étapes est essentiel pour la résilience de la supply chain mais également pour garantir que la chaîne logistique est suffisamment flexible pour relever les défis, appréhender les perturbations, les imprévus.
Lire la suite en page 2 : Les trois étapes, détaillées - Le futur de la gestion de la supply chain
Étape 1 : créer une carte des risques liés aux fournisseurs
De nombreuses entreprises manufacturières s'appuient soit sur des stocks gérés par les fournisseurs, soit sur la collaboration des réseaux de fournisseurs. La visibilité est alors limitée sur les fournisseurs de niveau 1.
Ce dont nous avons besoin, c'est plutôt d'une carte des risques, détaillée et en temps réel, qui s'étende à l'ensemble du réseau de fournisseurs. Pour y parvenir, nous devons créer une "tour de contrôle numérique", un système permettant de rassembler toutes les informations nécessaires en un seul endroit, de signaler les fournisseurs à risque et de présenter les risques visuellement. La carte inclurait également les fournisseurs uniques ainsi que les fournisseurs à risque assurant un service de mauvaise qualité.
Une partie importante de cette étape consistera à communiquer et à cartographier vos fournisseurs en fonction de leur évaluation des risques. La cartographie des fournisseurs permettra la création d'une carte graphique signalant les fournisseurs de niveau 2 et plus dont vous dépendez. Sans même s'en rendre compte, certains peuvent devenir des "points de jonction" importants dans la carte graphique, ce qui signifie qu'ils sont les fournisseurs de vos fournisseurs et qu'ils présentent un risque plus important que prévu. Comme certains fournisseurs seront réticents à partager ces données, cela signalera également le fournisseur à faible / haut risque dans votre supply chain.
La carte des risques liés aux fournisseurs rassemble tous les fournisseurs de la chaîne logistique dans un graphique visuel. En créant cette carte, les entreprises manufacturières peuvent identifier leurs faiblesses dans la gestion de leur supply chain et repérer les fournisseurs problématiques qui les exposent à des risques.
*Représentation visuelle d'une carte des risques liés aux fournisseurs signalant les points de jonction/fournisseurs à haut risque
Étape 2 : effectuer la gestion des risques en ligne
L'étape suivante consiste à générer des alarmes pour alerter les responsables supply chain de toute nouvelle menace pour la productivité. Cela peut se faire en ayant recours à des outils d'analyse avancée et de machine learning.
Quelques exemples d'alertes :
- Un changement dans le facteur de risque d'un fournisseur (sur la base d'une évaluation automatisée des risques)
- Nouveaux risques générés par les retards de livraison
- Risques liés aux progrès de fabrication
- Risque identifié en raison de changements dans la qualité des rapports
Étape 3 : enrichir les capacités d'investigation
Lors de cette étape, il est essentiel d'aller au-delà des fournisseurs de niveau 1, en particulier avec les fournisseurs présentant les risques les plus élevés. Une fois que nous disposons d'une vue d'ensemble et d'alertes en temps réel, nous pouvons faire part à notre "tour de contrôle" des risques liés aux fournisseurs et commencer à ajouter des détails accessibles pour une enquête plus approfondie sur des questions spécifiques.
Le futur de la gestion de la supply chain
Les effets de la crise actuelle vont sans doute se ressentir sur les chaînes logistiques pendant plusieurs années. Aussi perturbateur et chaotique qu'ait été ce bouleversement, il a ouvert un univers d'opportunités pour tous les responsables supply chain, en leur permettant de transformer leur façon de penser et d'aborder la gestion de la chaîne logistique.
Avec la COVID-19 qui perturbe les chaînes logistiques et le manufacturing dans le monde entier, il est temps d'investir dans des outils qui permettront de réagir de manière agile aux futures perturbations.
Par Eric Choppe, directeur général Europe du Sud de Magic Software