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"Il faut accroître le "jeu d'équipe" par nature collectif de l'entreprise en matière d'achat"

Publié par Aude Guesnon le - mis à jour à
'Il faut accroître le 'jeu d'équipe' par nature collectif de l'entreprise en matière d'achat'
© alphaspirit - stock.adobe.com

Le 14 avril, sort la 5e édition du livre "Politique d'achat et gestion des approvisionnements". Rencontre avec les auteurs, Olivier Bruel et Pascal Ménage, qui nous parlent de leur vision des achats, de son évolution et des organisations qu'ils jugent nécessaire de mettre en place.

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Pourquoi une 5e édition de l'ouvrage "Politique d'achat et gestion des approvisionnements", et quel en est l'objectif global?

Olivier Bruel et Pascal Ménage. Depuis la toute première origine de cet ouvrage, nous poursuivons le même objectif générique : fournir à des étudiants en professionnalisation achats et supply chain (Bac +3 à 5 de type Licence/Master ou Mastère Spécialisé Grande Ecole) une référence de base "coeur de métier", qui soit concentrée mais complète, où ils trouvent traitées, de façon totalement actualisée, l'ensemble des problématiques stratégiques, opérationnelles et managériales de la fonction achats.

Manuel complet de référence, qui n'exclut pas évidemment que, sur tel sous-domaine focalisé, en lien avec une thèse professionnelle ou un mémoire approfondi, une bibliographie plus "fouillée" soit constituée et creusée à cette fin. Notamment avec les professeurs ou autres experts. Mais nous avons voulu ce bouquin comme un "socle de connaissances" incontournable. De plus, et par conception, cet ouvrage pourra être aussi pertinent pour des professionnels non spécialistes, extérieurs aux achats, en leur apportant des éléments de connaissance précis ainsi que des pistes de réflexion innovantes pour eux.

Nos leitmotivs ont toujours résulté de la synthèse de nos deux expertises professionnelles : rigueur conceptuelle et méthodologique, mais aussi utilité et pertinence opérationnelle démontrée.

Quel regard global portez-vous aujourd'hui sur la fonction et son évolution sur les dernières années ?

Pascal Ménage

Olivier Bruel

En général, la fonction achats est devenue progressivement une fonction majeure reconnue comme telle par les dirigeants et les top managers, très probablement et sans conteste. Et ils le disent souvent.

Qu'elle soit encore trop axée de façon dominante et exclusive sur des résultats opérationnels (notamment économiques) de court-terme, est sans doute aussi une réalité. En plus, depuis quelques années, les exigences en matière de prévention de nombreux risques nouveaux (notamment opérationnels et juridiques, mais pas que) sont d'ailleurs venues amplifier ce focus sur le court terme. Les achats sont malgré tout encore souvent considérés comme une "fonction support", plutôt que stratégique et "core business", c'est un fait.

Il reste donc du "chemin à faire" dans nombre d'organisations (privées ou publiques, petites ou grandes) pour développer une vision vraiment stratégique plus large et à plus long terme, par exemple sur les problématiques d'innovation, de responsabilité, de pilotage des ressources externes, d'éthique, de développement durable et de création de valeur (au sens large). Cependant, le niveau de maturité a bien évolué et progresse, heureusement.

C'est une fonction pour laquelle on parle encore de "professionnalisation". Ce qui n'est pas du tout le cas pour d'autres telles la finance ou les RH. Pourquoi les achats sont-ils encore si peu sûrs d'eux ? Pensez-vous que la "professionnalisation des achats" est encore un "vrai" sujet ?

Derrière le vocable de "professionnalisation" que vous utilisez, nous croyons percevoir deux choses différentes, mais connexes sans doute : une question de compétences qui seraient encore insuffisantes, mais aussi la fameuse question redondante de la "reconnaissance" des achats (que beaucoup évoquent encore très (trop ?) souvent).

Les compétences, concerne un assemblage réussi - à haut niveau - de connaissances, de savoir-faire méthodologiques sur leur mise en oeuvre, et de la maîtrise d'outils divers de traitement de données, d'aide à la décision ou d'outils transactionnels. Or reconnaissons que la recherche en achats est active et prolixe, en France notamment, dans le monde académique, mais pas uniquement, y compris par le biais de "fields surveys" qui diffusent l'expérience et proposent des pistes d'amélioration, comme celles que j'ai menées encore assez récemment au plan international avec Ecovadis sur les achats durables et responsables.

Les dispositifs de formation supérieure pour des jeunes sans expérience et/ou en Executive Education pour cadres et dirigeants existent largement, et de nombreux collaborateurs achats ont un très bon niveau de formation et progressent régulièrement. Quant aux outils, la panoplie de l'offre proposée par les éditeurs ou développée en interne est très large et de qualité.

Donc le niveau de compétences des ressources humaines et le niveau de qualité des systèmes et des processus en place sont globalement bons. Ce n'est plus un sujet majeur.

Juste un bémol : le déficit patent assez répandu encore chez beaucoup d'acheteurs, jeunes et moins jeunes (même parmi les managers et dirigeants...), semble être lié aux soft skills et aux qualités plus comportementales en lien avec le "savoir-être". Les dispositifs de formation et les systèmes d'entraînement ne mettent pas assez l'accent sur ces points.

Et quel est leur poids réel dans les dispositifs de recrutement ? Sûrement moins important qu'on ne le dit...

Il reste donc une question de "reconnaissance" ?

Soyons directs ! Pour être reconnu, il faut bien sûr atteindre des résultats opérationnels mesurés conformes aux objectifs fixés ; mais il faut aussi satisfaire voire anticiper les attentes de ses Business partners ; il faut "penser stratégie générale", à la fois comme contributeur et comme acteur pour la décliner ; il faut savoir innover, entreprendre et démontrer un leadership, y compris en interne aux achats en mobilisant toutes les ressources de façon efficace et efficiente autour du projet. Il faut donc avoir une vision à moyen terme, communiquer sur elle à tous niveaux, convaincre et piloter.

De ce fait, la question de la "reconnaissance", si elle se pose encore parfois, porte principalement sur le profil, les qualités et l'efficacité des top managers et dirigeants achats ! Certains y excellent, d'autres moins... Ce n'est que secondairement la question de la qualité des collaborateurs. Mais ce constat est le même pour toutes les grandes fonctions de toute entreprise, pas que les achats !

Lire la suite de l'entretien en page 2: Quels sont pour vous les enjeux majeurs que doivent relever les achats dans l'immédiat, et quels seront les enjeux majeurs du futur ? / Quelles organisations les achats doivent-ils retenir pour relever les enjeux de demain, selon vous ? / Pensez-vous que l'IA modifiera en profondeur le métier ? Et quelle pourrait être, par la suite, la valeur ajoutée des achats ?


 
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