"Les fournisseurs tyrans se calment un peu"
Si la gestion des risques fournisseurs a toujours été un sujet de préoccupation pour les directions achats, l'actualité de ces derniers mois n'a fait qu'amplifier le phénomène et désormais 75% des directions achats avouent avoir un objectif en la matière, contre 68% en 2020.
Je m'abonneLa tendance se confirme au fil des années : les relations donneurs d'ordre-fournisseurs se rééquilibrent. Ainsi, 61% des départements achats interrogés dans le cadre de l'étude "Tendances et Priorités des départements achats en 2021", menée par AgileBuyer en partenariat avec le CNA et dont les résultats ont été publiés ce 14 décembre, avouent ne pas subir de relations déséquilibrées et/ou défavorables avec leurs fournisseurs en 2021, contre 51% l'an passé. Mais des pressions perdurent dans les secteurs en crise.
"Si certains fournisseurs tyrans se calment, dans des secteurs comme l'automobile ou la pharmacie des pressions se font toujours sentir", commente Olivier Wajnsztok, directeur associé d'AgileBuyer et chef d'orchestre de l'étude. "Les relations fournisseurs sont de plus en plus défavorables dans les secteurs de la pharmacie - santé (60%), l'automobile (58%), la mécanique - métallurgie (53%). Dans les familles d'achat comme l'acier, la chimie ou les matières premières, les relations fournisseurs se tendent."
La menace de rupture d'approvisionnement : une technique redoutable de certains fournisseurs
Si l'augmentation des prix demeure un argument de poids dans le déséquilibre des relations donneurs d'ordre - fournisseurs pour 85% des directions achats, la menace de rupture d'approvisionnement augmente de façon radicale. Ainsi, en 2021, 75% du déséquilibre dans les relations grands comptes - fournisseurs se traduit dans la menace de la rupture des approvisionnements contre seulement 54% en 2020, soit une hausse de 21 points. Le secteur des EPI en est l'exemple le plus probant de l'année 2020. En parallèle, la déstabilisation et/ou l'intimidation ne font plus recette et chutent de 19 points par rapport à 2020.
Lire aussi : Les achats, fer de lance des politiques publiques ?
Grosses menaces sur les composants stratégiques
Parmi les leçons à tirer de la crise sanitaire de l'année 2020, celle de la gestion des approvisionnements ou des livraisons des fournisseurs stratégiques est cruciale et devient un sujet d'ampleur pour les achats. Ainsi, 57% des directions achats anticipent des difficultés de livraison avec leurs fournisseurs stratégiques. L'exemple des EPI durant la crise du Covid est toujours l'illustration de ces difficultés.
Une gestion des risques encore plus poussée
La gestion des risques fournisseurs revient sur le devant de la scène en 2021. Si cela a toujours été un sujet de préoccupation pour les directions achats, l'actualité de ces derniers mois n'a fait qu'amplifier le phénomène et désormais 75% des directions achats avouent avoir un objectif de gestion des risques fournisseurs contre 68% en 2020.
Les objectifs de gestion des risques fournisseurs explosent dans de nombreux secteurs en 2021, et notamment pour le secteur de la mode-luxe qui passe de 35% en 2020 à 87% en 2021, ou bien pour le secteur communication-médias qui passe de 20% en 2020 à 86% en 2021.
Les évolutions dans les autres secteurs sont moins tranchées. On observe cependant une chute un peu plus marquée de ces objectifs pour le secteur de l'industrie lourde (une diminution de 11 points mais en se maintenant tout de même à 70%) ainsi que pour le secteur des services-conseil-formation (diminution de 16 points).
Des échanges avec les fournisseurs perturbés par la crise sanitaire
Chiffre étonnant : pour 27% des directions achats la limitation des interactions (rencontres physiques) non distanciées diminue leur capacité à attribuer du business aux fournisseurs. Dans les relations fournisseurs, les échanges dits verbaux et non verbaux font partie du jeu.
Un suivi renforcé des relations fournisseurs
81% des directions achats ont renforcé le suivi de leurs relations fournisseurs durant cette période de crise et cela dans tous les secteurs.
Bonne nouvelle : 37% des directions achats se font évaluer par leurs fournisseurs via un questionnaire de satisfaction. C'est un effet miroir indispensable dans une bonne gestion des relations fournisseurs.
Lire la suite en page 2 : La crainte des faillites fournisseurs / La sécurisation : un enjeu crucial en période de crise
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