Les besoins en management de transition, révélateurs de l'évolution des métiers achats
Le manageur de transition a une vision extérieure et globale tout en ayant "les mains dans le cambouis" en travaillant avec les équipes opérationnelles. Voici l'éclairage d'Alexis Soudoplatoff, responsable de la practice industrie et services BtoB chez Robert Walters Management de Transition.
Je m'abonneLes consultants spécialistes du management de transition qui interviennent sur différents projets, dans différentes entreprises et secteurs d'activité, sont bien placés pour se rendre compte des évolutions métier au sein des organisations achats.
"Ces derniers temps nous n'avons eu aucune mission de restructuration mais uniquement des missions de développement. Dans un contexte d'augmentation de l'activité, la tendance est à la "reprise en main du service achats". On sort de plusieurs années de restriction des dépenses que ce soit en centrale ou sur site et désormais la reprise d'activité créé un besoin de réorganisation", explique Alexis Soudoplatoff, responsable de la practice industrie et services BtoB chez Robert Walters Management de Transition. La tendance globale dans l'industrie et les services est au renforcement de la fonction achats.
"Les entreprises externalisent et sous-traitent de plus en plus de choses, il y a donc un fort besoin en coordination de gestion de projets liés au changement". Pour ce faire, les organisations ont besoin d'acheteurs experts très pointus. "On trouve de plus en plus un numéro 1 plutôt généraliste qui aura une vision globale et une expertise, non pas sectorielle, mais par typologie d'achats. Son rôle sera, entre autres, d'être le manageur communiquant qui fait le lien avec la direction générale et des acheteurs experts, ces derniers fréquemment cumulent une double expertise à la fois sectorielle et par nature d'achat". Donc moins d'organisationnel et plus d'opérationnel.
Les achats en soutien à l'activité
Concernant le rôle des achats, on entend désormais moins parler d'économies à tout va que de contribution à la performance de l'entreprise. "L'objectif de l'acheteur expert est de contribuer au bon fonctionnement de l'entreprise et à l'amélioration de sa profitabilité". D'une période de rationalisation et de réduction des coûts féroce on passe doucement à des objectifs de soutien à l'activité. Acheter mieux pour vendre plus donc. "En effet, nous sommes maintenant sur des problématiques de rentabilité, d'optimisation de délais de production et de livraison, ou encore de développement de l'avantage concurrentiel, auxquelles les achats doivent contribuer le mieux possible."
Le renforcement de la fonction achat et les changements organisationnels qu'il implique sont donc très liés à l'externalisation, à la sous-traitance et au développement des outils qui nécessitent plus de pilotage. "Les entreprises qui gèrent des volumes d'achats entre 500 M€ et 1 Md€ et dont les volumes augmentent chaque année, ont de plus en plus recours à l'externalisation". Elles ont donc besoin d'avoir un chef de projet qui pilote cette externalisation croissante.
"On constate d'ailleurs le même phénomène sur la logistique. Il n'est pas rare aujourd'hui de confier à une seule et même personne en centrale la gestion des achats, de l'approvisionnement et de la livraison afin de garder une visibilité et une maîtrise totale des pans de l'activité qui ont été externalisés." Car si les entreprises conservent les compétences internes sur la partie donneur d'ordre, relation client et marketing, bref la partie commerciale en somme, elles peuvent sous-traiter une partie de la production, de la distribution, du transport et même une partie de la R&D. "Si la recherche est faite en interne, les phases études et développement sont de plus en plus externalisées", indique Alexis Soudoplatoff pour qui il va falloir de plus en plus raisonner en réseaux intégrés.
Quels besoins en management de transition dans l'industrie et des services BtoB?
La division management de transition de Robert Walters travaille essentiellement sur des missions liées à des changements de processus ou d'organigrammes ou encore des changements suite aux fusions-acquisitions. Concernant les services achats, les besoins en management de transition ces derniers temps se portent principalement sur des missions de construction de directions achats notamment dans le secteur de la pharmacie. Dans l'industrie, les missions concernent plutôt les achats directs avec des créations de postes de responsables achats groupe ou d'acheteurs experts opérationnels lié à une croissance d'activité sur des projets industriels pluriannuels. Et enfin, pour de très grands groupes du CAC 40, l'attention se porte sur les achats indirects avec des objectifs de centralisations et de coordination au niveau groupe afin d'homogénéiser des montants d'achats qui n'étaient pas gérés ou pour lesquels on manquait de visibilité.
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