Omnibus : Pourquoi est-il urgent de changer le mindset des achats ?

« Les achats doivent poursuivre les efforts sans l'ombre de cette épée de Damoclès réglementaire, mais avec la ferme volonté de montrer la valeur ajoutée des achats face aux enjeux ESG », cadre Vincent Martegoutte, Directeur associé chez Axys Consultants. Effectivement, le train est déjà en marche pour les entreprises proactives en la matière. Et la fonction achats poursuit inéluctablement sa mue avec au coeur du métier la nécessité d'intégrer la responsabilité sociétale des entreprises et la compétitivité dans une économie en mutation. « Les achats doivent poursuivre leurs efforts sur la façon de repenser la chaîne de valeur, de la gestion des risques à la création de valeur pour le client », introduit Vincent Martegoutte, Directeur associé dans le cabinet de conseil Axys.

Changer le mindset des achats

Vincent Martegoutte dresse un double constat : « Le Green Deal allait dans le bon sens », en posant les bases d'une transition écologique. Mais ses effets restrictifs sur les entreprises européennes ont créé des crispations avec le risque que ces nouvelles règles provoquent des distorsions et une perte de compétitivité dans une économie mondialisée. »

Une crainte des entreprises qui ne doit pas faire oublier l'objectif de la réglementation. Ce sentiment met effectivement en exergue l'urgence de voir plus loin que ce premier pallier d'assouplissement. Et le soulagement de l'assouplissement d'évoluer en un nouveau mindset. « Les achats peuvent ainsi réduire cette tension entre la nécessité de préserver la compétitivité et le respect des limites planétaires. L'achat est durable quand il préserve la compétitivité des entreprises dans un environnement où chaque fournisseur apporte sa kyrielle de risques au sein de la chaîne de valeur. »

Ce changement de paradigme nécessite de revoir le positionnement des directions achats dans une gestion proactive des risques - entre autres, environnementaux et de pénurie, et agir en chef d'orchestre pour aligner les pratiques internes avec les attentes du marché.

« Cela implique des investissements conséquents en recrutement et en systèmes d'information pour passer d'un mode projet à un mode opérationnel, permettant ainsi de monitorer en temps réel les indicateurs de risque et de performance », poursuite le directeur associé d'Axys.

Nouveaux arbitrages entre le prix, la qualité et... le risque

Première étape, connaître et catégoriser précisément son panel de fournisseurs, bien évidemment. Selon Vincent Martegoutte, « Identifier les enjeux et risques par produit ou branche d'activité est un prérequis. Cette approche passe par une cartographie classique des risques qui, associée à une collaboration étroite avec les fournisseurs, ouvre la voie à des plans de progrès et à l'établissement d'alternatives adaptées. »

Autre aspect essentiel, la nécessité de renforcer le dialogue en interne, notamment via des comités de validation regroupant prescripteurs, acheteurs et financiers. « Ce mode de gouvernance permet de redistribuer les business model en réévaluant les arbitrages entre le prix, la qualité, et les risques inhérents à chaque maillon de la chaîne », décrypte l'expert achats.

Redéfinir la valeur au-delà du CQD et chercher la performance durable

Le débat des directions achats doit basculer de la seule recherche des meilleures conditions vers une vision holistique de la création de valeur. " Le débat doit basculer vers la valeur en tenant compte non seulement du TCO et de l'ensemble des externalités, mais aussi de l'innovation, et du risque. En un mot, de basculer du TCO au TVO, en gardant les attentes des clients finaux au coeur des choix faits", conclut Vincent Martegoutte.