[Billet d'humour] Responsable, mais pas coupable
Quand Firmin et ses amis décident de créer le Grand Prix de l'Irresponsabilité Achats, se pose la question des critères à retenir... et là, grosse discussion...
Je m'abonneAvec des ami(e)s, un soir, et comme on aime bien lire tous les ans les statistiques de l'Observatoire des achats responsables, on s'est pris d'une idée folle : et si nous-mêmes on décernait tous les ans le Grand Prix des "Achats Irresponsables" ?
On pourrait organiser un grand barbecue d'été à Montalembert pour le remettre solennellement sous les flashs des photographes : ça ferait une sacrée belle fiesta !
On s'est donc mis à se gratter la tête tous ensemble, mutuellement, et dans une ronde effrénée : quels critères allions-nous bien pouvoir utiliser pour distinguer nos lauréats au Grand Prix de l'Irresponsabilité Achats ?
Les retards de paiement ? Un peu court, jeune homme, car il faut bien dire que ce sont les directions financières qui ont plutôt la main dessus, et que c'est un terrain déjà très occupé. Recalé ! Les sociétés qui annoncent depuis 20 ans qu'elles réduisent leurs coûts de 7% par an, et qui ne sont toujours pas parvenues à une masse d'achats égale à zéro ? OK, mais alors pour un "Grand Prix du Tripatouillage des Indicateurs". Celles qui créent des centrales d'achats offshore ? Pas mal, mais ça risquerait d'être un prix sectoriel "FMCG/Grande Distribution" : trop restrictif, refusé !
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Un grand prix de la "fausse relocalisation" ? Vendu, on prendra ce critère-là. Un prix spécial pour les appels d'offres fournisseurs où il faut fournir une tétrachiée de documents pour pouvoir concourir ? Pas mal non plus, mais il faudra faire une catégorie spécifique "marchés publics", car tout le monde ne court pas le 100 mètres avec les mêmes boulets aux pieds ! Pour le travail adapté, le critère était tout trouvé : ratio d'annonces tonitruantes dans la presse vs. montant d'achats confié en réalité.
Et pourquoi pas un prix des politiques d'achats qui ne tiennent pas compte du business plan de leur société ? OK, mais avec des mentions spéciales "RSE" et "transition énergétique": ce ne serait pas juste de ne pas pouvoir distinguer ces deux aspects, si on veut aussi avoir des impétrants venus des secteurs automobile, télécoms, énergie et BTP. Il faut être fédérateur !
On commençait à avoir un bon plan, et on voyait bien qui pouvait être nominé : ça commençait à prendre forme. C'est là où l'un d'entre nous a levé le doigt : "vous n'auriez pas oublié de parler aussi de BITD (Base Industrielle et Technologique de Défense) ?". On avait vraiment trop d'idées ce soir-là : au final, j'ai ouvert une bonne bouteille et on a refait le monde tous ensemble, c'était bien mieux.
Par Firmin de Montalembert.... un directeur achats Groupe anonyme, qui dissimule généralement son espièglerie sous un masque de grand sérieux
Lire les précédentes chroniques de Firmin:
Dérapage au frein à main sur le circuit de signature
"Argent : trop cher, trop grand" - 1er épisode
"Argent : trop cher, trop grand" - (suite et fin)
Tête-à-queue sur le circuit Paul Ricoeur
Si seulement Ricardo avait eu des cotons tiges recyclables...
Ma stratégie est plus grosse que la tienne
Les achats: un métier de Petits Princes sous thérapie ?
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