Fin des tarifs réglementés de l'électricité : relever le défi en 4 points
Le 31 décembre 2015, les tarifs réglementés de vente de l'électricité disparaîtront. Une modification qui assigne aux directions achats de nouvelles responsabilités. La preuve par l'exemple avec LVMH et Schneider Electric.
Je m'abonne Si l'achat d'électricité a été jusqu'à présent une procédure relativement "balisée" : une tarification (jaune, verte ou bleue) fixe, liée au profil de consommateur de l'entreprise ; la fin des tarifs réglementés de vente s'apprête à faire volet en éclats cet état de fait. A compter du 1er janvier 2016, le prix de l'électron - composante principale du prix de l'électricité - fluctuera en effet en fonction du marché, faisant rentrer dans la grille de calcul traditionnelle de la somme facturée aux entreprises une valeur inconnue, qu'il incombe, de fait, au service achats de maîtriser...
Un défi qui peut se révéler profitable, à condition de savoir comment s'y prendre. "Que mettre dans l'appel d'offres ? Quels sont les leviers de négociations auprès des fournisseurs ? Sur quels critères décider de l'attribution du marché ?" Telles sont quelques-unes des questions à se poser dont se fait l'écho Christian Galichon. Pour y répondre, le directeur des achats de LVMH, s'est fait accompagner par Schneider Electric. Le groupe, spécialiste de l'optimisation énergétique, fait partie de ceux qui profitent de la conjecture pour se positionner sur un nouveau secteur d'activité : l'aide à l'achat d'électricité. Ensemble, ils énumèrent les impératifs d'une transition gagnante.
1 - Connaître sa consommation
Etape préliminaire incontournable, il s'agit aussi, selon Christian Galichon, du "challenge principal" qui guette les entreprises. De fait, la collecte de l'ensemble de la data sur sa consommation électrique, simple sur le principe, peut être complexifiée par la taille de l'entreprise concernée ou bien encore son mode d'organisation. Chez LVMH, l'indépendance relative des 60 "maisons" qui forment le groupe - chacune libre jusqu'alors d'adopter ou non le contrat global négocié par le service achats avec le fournisseur - a freiné l'opération. Sans compter que cette dernière nécessite la coopération d'EDF qui, au fur et à mesure qu'affluent les demandes, peut perdre en réactivité. Résultat : plusieurs mois peuvent s'écouler avant de pouvoir passer à l'étape suivante.
2 - Comprendre la nouvelle tarification
Le "cost-breakdown" l'électricité dans l'ère post-TRV comporte quatre parties :
- Electron
- Transport
- Taxes
- Part fournisseur
- Capacités spécifiques (contrôle de la production ou effacement, selon les équipements)
Représentant moins de 5% du prix global, la part du fournisseur est le seul levier de négociation à portée des entreprises suite à l'appel d'offre. Pour un gain à relativiser : la taxation à la hausse de l'électricité implique que son prix global va également suivre une pente ascendante.
Pour autant, d'autres critères peuvent être optimisés. Luc de Cremoux, responsable développement commercial et marketing chez Schneider Electric, insiste sur la nécessité de s'attarder, lors de l'analyse de l'offre, outre sur le prix, sur les services à VA (capacités spécifiques) mais aussi la capacité du fournisseur d'absorber des délais de paiement ou bien encore son exigence en matière de garanties bancaires.
3 - Savoir quand acheter
Si les entreprises ont la possibilité de s'offrir la sécurité en contractualisant avec le fournisseur désigné vainqueur de l'appel d'offre sur plusieurs années, la fin des tarifs règlementaires a le mérite de permettre d'acheter au meilleur moment. A savoir : quand le prix est au plus bas. "La décision doit pouvoir être prise en 30 minutes", rapporte Christian Galichon. Une urgence qui impose de donner les pouvoirs décisionnaires à une seule personne, plus réactive qu'un groupe. Chez LVHM, c'est donc le directeur achats qui a été charger de surveiller le cours de l'électricité. Aidé, là encore, de Schneider Electric qui dispose d'un dispositif dédié : deux pôles de veille du marché, situés respectivement aux Etats Unis et en Roumanie, chargés d'étudier la corrélation entre le prix de l'électricité et celui des autres énergies mais aussi la situation géopolitique...