Le business travel peu impacté par les attentats de novembre
Les experts sont formels : l'impact des attentats sur l'hôtellerie parisienne concerne principalement le tourisme de loisirs. Si l'incidence serait insignifiante sur les déplacements professionnels, c'est parce que le business travel répond à une dynamique qui lui est propre. Focus.
Je m'abonneAlors que le secteur du tourisme de loisirs a subi une chute considérable d'activité après les attaques terroristes qui ont frappé la capitale en ce mois de novembre 2015, - une baisse de 30 à 40 % pour les hôtels parisiens de 4/5 étoiles d'après l'office du tourisme et des congrès de Paris , et une réduction de 27 % des vols vers la ville lumière, selon une étude ForwardKey - force est de constater qu'une telle perturbation est loin de concerner les déplacements professionnels.
Vague d'annulations dans les 72h après les attaques
L'agence Reuters cite Olivier Jager, le directeur général de ForwardKeys : "cette chute des réservations est surtout visible dans la catégorie touristes, et ne concerne pratiquement pas les déplacements d'affaires". Constat similaire dressé par un sondage Gallup réalisé auprès de 1100 entreprises américaines révélant que peu de voyageurs d'affaires auraient annulé leurs déplacements en Europe après les attentats.
Certains acteurs du business travel relativisent toutefois le "faible" impact des attentats. À l'instar de Ziad Minkara, cofondateur de CDS Group, plateforme hôtelière spécialisée dans le voyage d'affaires, qui évoque "un impact ponctuel, même s'il n'est pas majeur". D'après ce dernier, "l'industrie hôtelière d'affaires a connu une vague d'annulation et de reports de séjours durant les 72 heures qui ont suivi les attaques. Nombre d'hôteliers partenaires ont perdu des réservations en direct provenant de l'étranger. Face à des chambres soudainement disponibles, ils ont donc mis fin au surbooking". Et d'ajouter "Chez CDS Group, nous avons ainsi accusé une baisse d'activité de 40 %. Mais contrairement au tourisme de loisirs, tout est revenu dans l'ordre dans les quelques jours ayant suivi les attentats".
Perception du risque
Chez Morning Croissant, site de location meublée, l'impact a été plus modéré encore, malgré le report de quelques événements business phare à Paris, comme le salon des Maires décalé au printemps 2016. "Nous avons, certes, eu quelques annulations dans la capitale et à Lyon, suite, par exemple, à l'annulation de formations, mais globalement nos chiffres sont restés stables par rapport à l'année dernière, sur la même période", indique Alix Tafflé, cofondateur de la start-up, pour qui "le tourisme d'affaires a donc sa propre logique et ne semble pas dépendre du tourisme classique".
Mais pourquoi le marché du business travel avance-t-il ainsi à contre-courant ? "Tout simplement parce que la perception du risque n'est pas la même pour un salarié en déplacement pro que pour un père de famille en vacances avec ses enfants, commente Pascal Jungfer, CEO du cabinet Areka Consulting, il n'est donc pas étonnant que les annulations soient davantage légion dans le secteur du tourisme de loisirs que dans celui du tourisme d'affaires". À cela s'ajoute une raison plus évidente encore : "le caractère bien plus stratégique, voire obligatoire, d'un déplacement professionnel", poursuit le CEO, en rappelant que "les entreprises se doivent d'aller chercher le business là où les relais de croissance se trouvent, et notamment en Europe".
Outils de tracking
Ainsi, malgré les consignes du gouvernement américain invitant encore à la plus grande prudence en France et en Europe, les sociétés nord-américaines - qui ont elles aussi émis des alertes en interne sur de tels déplacements - ont toutefois refusé de céder à la peur en annulant des rendez-vous d'affaires essentiels pour la pérennité de leur business. "Les grands comptes réagissent d'autant moins sous le coup de l'émotion qu'ils ont, pour la plupart, déjà déployé une batterie de dispositifs en matière de prévention des risques allant de simples consignes envoyées sur smartphone à la mise en place d'outils de tracking propres à géolocaliser les collaborateurs en temps réel. De quoi rassurer leurs voyageurs d'affaires qui se déplacent -pour le plupart - dans un cadre assez sécurisant pour surmonter l'anxiété éventuelle suscitée par le terrorisme", conclut Pascal Jungfer.