Taxis et VTC : la guerre des logiciels
Les logiciels de maraude électronique sont au coeur de la bataille entre les taxis et les Voitures de Tourisme avec Chauffeur (VTC).
Je m'abonneLa grève du 11 avril dernier l'a rappelé : le rapport du député socialiste Thomas Thévenoud n'a pour l'instant pas permis d'enterrer la hache de guerre entre les taxis et les VTC.
Parmi les 30 propositions de ce rapport qui entend harmoniser les statuts et les régimes applicables aux deux parties, une suscite particulièrement la polémique. Le député socialiste recommande en effet d'autoriser la maraude électronique dans les taxis, traduisez la prise en charge de clients dans la rue sans réservation grâce à un outil de géolocalisation, et de l'interdire purement et simplement aux VTC. Cette mesure laisse perplexe Yan Hascoet, PDG de l'entreprise de VTC Chauffeurprive.com. "En l'état, il est difficile de réagir à une proposition qui n'est pas clairement définie. S'il s'agit de nous interdire d'afficher les voitures libres, alors ce serait incompréhensible. Si en revanche, l'interdiction concerne la possibilité pour un usager de sélectionner le véhicule particulier qu'il souhaite, basé sur sa géolocalisation, alors c'est compréhensible, car cela s'apparente effectivement à de la maraude. Nous sommes donc en train de travailler avec le député pour essayer de préciser tout cela."
L'éventuelle interdiction de la maraude électronique pour les VTC a aussi fait réagir l'Association Française des Travel managers (AFTM) et la Global Business Travel Association (GBTA) qui se sont unies pour faire entendre la voix des utilisateurs professionnels. "Que les logiciels de maraude et les outils de géolocalisation soient généralisés dans les taxis, cela me semble une évolution normale, mais les interdire aux VTC, je ne vois pas pourquoi, d'autant que ce sont ces acteurs qui sont à l'origine de la promotion de ces outils", confie Michel Dieleman [photo ci-contre], le président de l'AFTM. "En revanche, il me paraît plus important que les VTC respectent un certain nombre de règles en matière de droit social, et en premier lieu, le code du travail. Car même si ce n'est pas une totale découverte pour nous, nos différentes auditions nous conduisent à affirmer que certains acteurs ne présentent pas toutes les garanties en matière du respect des horaires de travail, de qualité de service et de sécurité des passagers transportés."
Ne pas se tromper de combat
Du côté des éditeurs de logiciels, on ne cache pas non plus son opposition à une telle mesure qui s'apparente à un combat d'arrière-garde pour Jamal Labed, le président de l'Association Française des Editeurs de Logiciels et Solutions Internet (AFDEL). "Ce n'est pas en autorisant l'usage de la maraude électronique pour les uns et en le bloquant pour les autres que l'on va régler les problèmes. Au contraire, cela risque même d'être contre-productif car c'est en diffusant auprès du plus grand nombre ces nouveaux outils de maraude électronique et de géo-localisation en open data que l'on offrira de la croissance à tous les acteurs."
Un credo que partage Michel Dieleman. "Il ne faudrait pas se tromper de combat. Ce qu'il faut régler, c'est l'offre insuffisante à Paris aux heures de pointe et le coût de la licence imposée aux taxis qui reste beaucoup trop élevé. Il ne faut pas non plus oublier que c'est l'apparition des VTC et des innovations technologiques qui ont contribué à dynamiser le marché du transport terrestre français. Cette concurrence peut permettre à nos entreprises de mieux optimiser leurs dépenses de transport, tout en bénéficiant d'une homogénéité de qualité de service et sans éluder certaines garanties qui répondent aux obligations de sécurité à l'égard de nos employés", conclut Michel Dieleman.