Airbnb versus appart'hôtel : quels choix pour les travels managers?
Quelles tendances sur le front du secteur de l'hôtellerie en ce début d'année 2016? Si l'arrivée des nouveaux entrants comme Airbnb est toujours d'actualité, les travel managers se plaignent davantage du manque de transparence des taxes de séjour et de la multitude des modes de paiement.
Je m'abonneQuelles tendances sur le front du secteur de l'hôtellerie en ce début d'année 2016? Tel était l'objet d'un petit-déjeuner organisé le 2 février dernier par le cabinet de conseil en achats hors-production Epsa.
D'une façon générale, l'année 2015 a vu une baisse de la fréquentation hôtelière avec des chiffres oscillant entre - 10,9% et 14,6% selon les catégories. Une des raisons : l'Impact des attentats de novembre avec "des baisses de 30% de réservation avancées en off", souligne Christophe Drezet.
Première bonne nouvelle pour 2016 : "La loi Macron a sonné la fin de la parité tarifaire et redonné la liberté de commercialiser aux hôteliers. Cela leur a permis une reprise en main de la distribution ", selon Christophe Drezet, associé en charge du pôle mobilité au sein du cabinet Epsa. En résumé, face à des nouveaux acteurs comme Booking.com, les hôteliers peuvent désormais pratiquer des tarifs inférieurs à ceux qu'ils postent sur les sites des agences de réservations en ligne et retrouver un contact direct avec leurs clients.
Airbnb : un faux débat
Si les voyageurs d'affaires peuvent solliciter des nouveaux entrants comme Airbnb, "la priorité pour le travel manager demeure la sécurité du voyageur", souligne Christophe Drezet d'Epsa. Cependant ces derniers doivent répondre aux attentes de leurs collaborateurs en déplacement. Cependant, peu de grands comptes passent aujourd'hui par la plate-forme Airbnb si l'on en croit le sondage réalisé dans la salle auprès de l'assemblée des travel managers. La raison avancée par Christophe Drezet : "le fait qu'Airbnb n'ait pas de commercial corporate en France chez Airbnb. Ce n'est donc pas d'actualité". Parmi les autres raisons avancées par les travel managers : le problème des assurances et de savoir exactement où sont leurs voyageurs d'affaires.
Pour Malena Salles-Cook, directrice des ventes de la marque des aparthotel Adagio, "Airbnb n'est pas une menace sur le marché du voyageur d'affaires car le service est différent. C'est au contraire une opportunité pour s'améliorer". Et cela se traduit par plus de personnalisation. Ainsi, Adagio teste sur sa gamme éco à Bruxelles des espaces de bien-être pour se détendre, des espaces de co-working ou encore des lieux pour plus de convivialité pour que les voyageurs d'affaires puissent prendre leurs repas ensemble. Toujours dans la tendance du "bleisure" ou encore de se sentir comme chez soi, Adagio offre la possibilité de personnaliser son aparthotel avec des cadres photos.
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"Il faut se tourner vers le bien-être, même dans les entreprises qui cherchent à réaliser des économies drastiques. La notion de gestion des risques psychosociaux apparait et notre travail, à nous travel managers, est dans le choix de l'acceptation des nouvelles solutions et de leur intégration dans nos métiers", résume à son tour Claude Lelièvre, responsable voyages et mobilité chez Technip et premier vice-président de l'AFTM.
L'appart'hôtel cherche à se renouveler
Si le concept des appart'hôtels semble désuet, il n'en est rien selon les propos de la directrice des ventes. Ainsi, d'après elle, "plus de 30% des appart'hôtels sont présents dans appels d'offres d'hébergement". De plus, elle met en avant une véritable évolution de ce type d'hébergement autrefois considéré "comme low-cost avec comme premier critère de choix la proximité du lieu de travail". Désormais, il s'agit de la solution qui fonctionne sur un tarif corporate à partir de 4 nuits. Soit une "complémentarité avec l'hôtellerie à partir de 4 nuits". Adagio compte déjà des 660 appart'hôtels en France et plusieurs à l'International dans des grandes villes comme Paris, Nancy, Massy mais aussi Genève, Dubaï, Birmingham, etc.. La marque ambitionne le déploiement de 50 appar'thôtels à horizon 2018 et des projets en Afrique (Angola, Côte d'Ivoire).
La préoccupation principale du voyageur d'affaires demeure la perte de temps. "Le stress des voyageurs d'affaires est lié au checking lors de l'enregistrement bagages", explique le consultant d'Epsa. C'est pourquoi, dans la tendance de la digitalisation AccorHôtels a investi plus de 200 millions d'euros dans le digital avec le projet " Welcome ". Ce dernier consiste en un check-in dématérialisé qui permet d'éviter les files d'attente. Plus d'un millier d'hôtels Accor expérimentent déjà ce projet Welcome.
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Manque de transparence des taxes de séjour
Parmi les autres problématiques avancées par le travel managers, figurent la trop grande multiplicité des modes de paiement et le manque de transparence des taxes de séjour. Ainsi, pour Eric Messager, group category manager chez Engie, "le vrai problème est celui des taxes de séjour non visibles mais aussi la multiplicité des tarifs avec des modes de paiement spécifiques. Le voyageur ne sait pas s'il doit payer sur place avec une carte bleue ou en facture et notes de frais. Ou encore s'il doit régler tout de suite, au check-in ou au check-out." Même écho du côté de Claude Lelièvre de chez Technip, en "attente de simplification avec un message unique pour le voyageur court ou long séjour".
Du côté des acteurs de l'hôtellerie, il faut aller vers plus de simplification dans la chaîne de distribution. "Il faut travailler avec des acteurs de la distribution pour augmenter le nombre de nuitées, aujourd'hui limité à 30. Car les demandes de plus de 30 nuits représentent aujourd'hui plus de 30% des réservations", avance Malena Salles-Cook d'Adagio. Mais chez Adagio, la gestion des stocks disponibles est le premier critère de réservation. "Il faut préserver les disponibilités car plus de 75% des réservations sont faites court et moyen terme", poursuit-elle.
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La nouvelle classification des étoiles en France doit permettre aux acteurs de l'hôtellerie de s'aligner pour plus d'homogénéité. Or, pour Eric Messager, group category manager chez Engie, "les étoiles n'ont aucun sens car les voyageurs lisent les avis de leurs confrères sur des sites comme Trip Advisor. Le juge de paix reste le prix et il convient de responsabiliser davantage les voyageurs d'affaires afin qu'ils agissent dans le domaine professionnel comme ils le feraient dans leur vie privée". Soit raisonnablement.