« Le tourisme d'affaires : un marché difficilement prévisible »
Mark Watkins, président-fondateur du cabinet d'études Coach Omnium, livre son expertise sur le secteur du tourisme d'affaires. Malgré une baisse sensible du nombre d'événements, il ne prédit en rien l'écroulement du marché du tourisme d'affaires.
Je m'abonneL’année 2011 a-t-elle été positive pour le tourisme d’affaires ?
Oui et non ! Le marché du MICE a été en proie à une situation de retournement assez spectaculaire. Après un premier semestre marqué par une nette reprise de l’activité (dans la continuité de l’année 2010), le secteur a connu une seconde période plus morose. Selon notre baromètre 2012, les entreprises établies en France ont dépensé en 2011 un volume global estimé à 8,91 milliards d’euros sur le marché des groupes d’affaires, soit une légère hausse de + 1,2 % par rapport à 2010. Ce retournement de situation est dû à la persistance de la crise. Les entreprises fonctionnent désormais au jour le jour, sans réelle anticipation. Elles peuvent donc lancer une série de manifestations puis ne plus en organiser durant des mois. Mais pas d’alarmisme : cette rechute ne prédit en rien l’écroulement du marché du tourisme d’affaires. Les entreprises ont et auront toujours besoin d’organiser des événements pour réunir leurs équipes et leurs clients, et leur faire passer des messages stratégiques, même si ces rencontres représentent une dépense importante.
L’heure est donc toujours à la rigueur et aux économies ?
Je dirais que la tendance est plutôt à la rationalisation. Concrètement, les entreprises qui profitent depuis plusieurs années de tarifs attractifs grâce aux baisses consenties par les prestataires ne peuvent plus réaliser d’économies sur l’hôtellerie, la restauration ou l’animation sans rogner sur la qualité. Alors elles optimisent en organisant moins d’événements et en limitant le nombre de participants lors de chaque rendez-vous. Elles font également la chasse au superflu. Alors que les trois quarts des entreprises incluaient en 2009 des activités périphériques à leurs manifestations, elles ne sont plus qu’une sur deux en 2011. Et dans ce cas, les organisateurs privilégient les activités ludiques, car celles-ci sont susceptibles d’être pratiquées par tous les participants sans discrimination. Enfin, la tendance à l’austérité observée en 2010 se confirme. Les entreprises évitent les lieux trop prestigieux et tout ce qui s’avère trop ostentatoire, chic ou glamour. L’heure est à la sobriété et au travail.
L’année 2012 s’annonce-t-elle aussi morose ?
Les prévisions ne sont pas très optimistes. Il semblerait que 2012 soit dans la même veine que le second semestre 2011, avec toujours ce manque récurrent de visibilité de la part des entreprises. Selon notre étude, 20 % des personnes interrogées en 2011 pensent que leur activité en tourisme d’affaires sera à la baisse en 2012. En 2010, elles n’étaient que 10 % à envisager une baisse pour l’année 2011.
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