Vulnérabilités en entreprise, comment éviter la sous performance managériale ?

La vulnérabilité individuelle quésaco ? Qu'il s'agisse de maladies, du vieillissement, ou des responsabilités d'aidant, ces fragilités impactent des millions de salariés. Selon Boutayna Burkel, fondatrice de The Helpr et spécialiste des organisations, la prise en compte des vulnérabilités en entreprise est encore sous-estimée et mal appréhendée:« Les entreprises ont certes mis en place des accords sur l'âge, la famille ou la santé, mais il existe un écart entre ces promesses et la réalité du terrain. » Cette absence de considération peut entraîner une sous-performance managériale et même un burn-out collectif. Surtout, cette notion de vulnérabilité est d'autant plus prégnante compte tenu du désengagement conjoncturel des salariés.

Comprendre la vulnérabilité pour mieux la gérer

Dans leur ouvrage Manager les vulnérabilités en pratique, Boutayna Burkel et Charlotte Fortuit, coach et conférencière, spécialiste des questions RH distinguent deux notions clés : D'une part, la vulnérabilité, qui correspond à une prédisposition liée à l'histoire personnelle et professionnelle d'un individu et la fragilité, qui se manifeste par une sous-performance en raison de l'absence d'adaptations adéquates. « Une même situation de vulnérabilité peut se transformer en ressource si l'entreprise met en place les bons dispositifs », argue Boutayna Burkel. Dans cette optique, il importe d'adapter le cadre de travail aux besoins des salariés vulnérables et de créer un cadre spécifique. Le livre, que nous propose Boutayna Burkel et Charlotte Fortuit est le fruit d'une enquête auprès des managers, collaborateurs et responsables RH et répond avec deux leviers principaux : l'efficience organisationnelle (comment l'employeur par son organisation peut mieux répondre aux besoins et à sa responsabilité légale de santé et de sécurité au travail) et l'efficience relationnelle (comment l'équipe et le manager jouent un rôle soit de détérioration de la situation de l'individu en difficulté soit à son soutien par-delà sa vulnérabilité).

Les vulnérabilités les plus courantes en entreprise

Le vieillissement, les maladies chroniques et le cancer constituent trois vulnérabilités majeures. « Aujourd'hui, les entreprises ne peuvent plus ignorer ces réalités car elles deviennent des freins à la productivité. » Il en va de même pour les vulnérabilités sociales (isolement, divorce, difficultés financières) et professionnelles (burn-out, discriminations liées à l'âge ou au handicap). Dans son ouvrage Manager les vulnérabilités en pratique, la spécialiste du management reprend l'exemple du cancer : "Certaines personnes préfèrent conserver un lien avec leur travail durant leur traitement. Leur travail fait partie de leur identité et de leur zone de ressources. L'entreprise doit leur proposer un aménagement adapté, sinon cela devient une source de stress supplémentaire."

Rôle clé du management de proximité

Le manager de proximité est en première ligne pour repérer les signaux faibles. Les RH, eux, interviennent plutôt sur les signaux forts, comme les demandes officielles d'aménagement. Cependant, une mauvaise communication entre ces acteurs peut nuire à la prise en charge. « Il faut une synergie entre le manager, le RH et le salarié concerné, avec parfois l'implication des collègues pour assurer un bon suivi. » Dans les grandes entreprises, des référents handicap ou référents bien-être facilitent cette gestion en étant des interlocuteurs de terrain. Nous sommes loin du chief happiness officer... Côté attitude, des gestes simples peuvent transformer la culture managériale : « Consacrer 5 minutes par semaine à demander sincèrement à son équipe et mettre en place des routines : 'Comment ça va ?' et écouter activement. » Cette posture d'écoute permet d'identifier des signaux faibles et d'agir en conséquence. En définitive, la gestion des vulnérabilités peut devenir un levier d'innovation et de performance durable. « Transformer les fragilités en forces collectives est une approche gagnant-gagnant », affirme avec conviction Boutayna Burkel. En adaptant l'organisation du travail et en mettant en place une communication fluide, les entreprises peuvent favoriser une résilience collective et une meilleure implication et engagement des salariés.