Développer les compétences clés du nouvel acheteur
Alors que les achats gagnent en importance au fil des crises et des années, de nouvelles compétences deviennent des nécessités. Elles ne sont pourtant pas encore assez maîtrisées, ni même prises en compte par la fonction, selon Juliette Guillemin Dupille, consultante d'Afnor compétences.
Je m'abonneEntre 40 et 65% du chiffre d'affaires des organisations passent par les achats. Face à l'évolution rapide du métier, de nouvelles compétences sont nécessaires et doivent être rapidement développées. Notamment en termes d'achats durables, fer de lance des achats depuis quelques années, les acheteurs n'y sont pourtant pas toujours familiarisés. Selon Juliette Guillemin Dupille, consultante d'Afnor compétences, l'acheteur est un "intrapreneur" qui bâtit des écosystèmes de fournisseurs, anime une communauté engagée de parties prenantes internes et de talents externes. "Aujourd'hui, nous proposons des outils aux acheteurs pour mettre la RSE au coeur de leur travail", commente la consultante, "mais ces outils ne sont pas suffisants, c'est pourquoi nous y associons des formations." C'est donc pour développer ces nouvelles aptitudes que les experts achats et les équipes pédagogiques d'Afnor compétences ont conçu une nouvelle gamme de formation, qui a pour vocation de consolider le pouvoir d'entreprendre et l'impact de l'acheteur au sein de l'entreprise.
Les formations proposées par Afnor, permettent notamment de renouveler sa stratégie de sourcing, acquérir des connaissances en droit, et ainsi consolider la posture de business partner de l'acheteur. D'un point de vue plus technique, elles permettent aussi de faciliter l'appropriation de l'ISO 20400, pour intégrer le développement durable et les problématiques RSE dès la définition du besoin. Ces compétences, nécessaires depuis quelques années, ne sont, selon Juliette Guillemin Dupille, que très peu présentes aujourd'hui chez l'acheteur junior : "C'est étonnant, J'enseigne à des jeunes en 3e année d'achats, qui ne sont pas au fait de tout cela. Il est donc très important de commencer à la source, et de leur apprendre l'importance des achats durables avant qu'ils ne soient "pollués" par leurs entreprises."
La relation fournisseurs au coeur du projet
Au coeur de ces formations se trouve l'un des chevaux de batailles de Juliette Guillemin Dupille, la relation fournisseurs : "Face aux crises que nous traversons aujourd'hui, le fournisseur ne doit pas être notre ennemi mais notre partenaire, l'acheteur doit être son client préféré, et la relation doit se baser sur l'échange et la compréhension." Elle insiste notamment sur les délais de paiement, qui doivent être "à minima conformes à la loi LME de 2008." Le fournisseur est indispensable dans le travail de l'acheteur, mais aussi dans son développement vers des achats plus durables.
Ces formations s'adressent à tous ceux qui souhaitent développer les compétences du nouvel acheteur, la RSE en étant la principale. Selon la consultante d'Afnor, cela ne signifie pas de revoir son processus, mais se poser de nouvelles questions. "Les règles changent, les choses bougent, mais certains acheteurs se retrouvent un peu démuni face à ça. Soit par manque de formation, soit par manque de soutien de leur direction qui ne se concentre que sur la rentabilité à court terme." Selon elle, c'est donc l'impact d'un achat qui aujourd'hui doit être étudié au même niveau, si ce n'est plus, que son coût.
"L'importance des achats durables", commente Juliette Guillemin Dupille, "se ressent aussi dans la réputation de votre entreprise." Le critère RSE étant de plus en plus présent dans les appels d'offres, une entreprise ne "peut pas le mettre de côté." Selon elle : "Les investisseurs sont de plus en plus regardant sur la RSE d'une entreprise, les achats étant en première ligne, nous avons la responsabilité de nous améliorer. Le métier d'acheteur est assez récent mais de par cette responsabilité, il a un rôle clé à jouer sur la réflexion stratégique du business modèle de l'entreprise."
Cette stratégie des entreprises a été bouleversée par le crise sanitaire, notamment au niveau de l'importation de matières premières. "Nous parlions déjà de relocalisation depuis plusieurs années", précise Juliette Guillemin Dupille, "mais le sujet est revenu sur le devant de la scène avec la Covid-19." Aujourd'hui, acheter local a un impact environnemental et sociétal important, et selon la consultante, c'est la définition même de l'achat durable. "C'est exactement ce que nous essayons d'apprendre aux acheteurs, l'objectif des achats n'est plus seulement dans le meilleur prix, mais dans l'impact et la durabilité. Malheureusement, certaines directions ne soutiennent pas leurs services achats."
Afin de rendre, où donner, aux achats la place qu'ils "méritent" Juliette Guillemin Dupille souhaite, à terme, et ce grâce aux compétences acquises au fur et à mesure des années, que chaque directions achats françaises figure au comex de son entreprise.
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