Les acheteurs se rebellent: l'affaire VMware (Broadcom)
Les conflits où les directions Achat attaquent leurs fournisseurs en justice et le font savoir sont rares. Le rachat de VMware par Broadcom a été une onde de choc dans le monde des technologies de l'information. Les pratiques commerciales qui ont suivi ont poussé des directions Achat à en découdre en justice. Et à le dire.

Quels ont été les conséquences pour les clients du rachat de VMWare par Broadcom ? Suite à cette acquisition, Broadcom a complètement bouleversé brusquement les règles jusque-là pratiquées par VMWare depuis des années : arrêt de support pour certaines références de logiciels, fin du modèle de licences perpétuelles. Seul le modèle de licences par souscription étant désormais proposé. En plus, les clients de VMWare se sont vu infliger une hausse drastique des prix.
Cerise sur le gâteau, Broadcom aurait même appliqué ces changements sur des contrats encore en cours auprès des clients. Pour beaucoup de clients sous contrat, non seulement cela correspondrait à des modifications unilatérales des conditions contractuelles négociées par les acheteurs mais cela est perçu comme un abus de pouvoir de la part de Broadcom. Les entreprises clientes dénoncent également un manque de transparence dans les nouveaux termes contractuels imposés par Broadcom. Les entreprises se retrouvent face à un dilemme : absorber ces surcoûts dans des budgets déjà contraints ou bien explorer des solutions alternatives. La migration vers d'autres solutions peut impliquer des risques opérationnels en termes de fonctionnalités et un impact sur la continuité de service.
La réaction
De nombreuses directions Achat ne se laissent pas faire. Pour AT&T, Orange ou Thales les contrats sont encore en cours. Les directions Achat ont tapé fort. Le litige a été porté auprès des tribunaux par des actions en justice pour forcer VMWare à honorer les accords initiaux. L'un d'entre eux a remporté une première victoire à la suite d'une action en référé qu'il a mené, le tribunal ayant ordonné à VMWare de respecter ses engagements sous peine de se voir affliger une astreinte de 500 000 € par jour d'inexécution.
Et à long terme ?
Malgré les changements majeurs qu'il impose, Broadcom sait que beaucoup de clients resteront captifs en raison des risques associés à un changement de solution. Cette stratégie pourrait s'avérer perdante sur long terme, le lien de confiance ayant été altéré avec ses clients. Ce bras de fer a mis en lumière les conséquences issues des consolidations dans le secteur IT : détérioration des conditions d'achat et captivité accrue des clients.
Les acheteurs cherchent désormais à diversifier leurs fournisseurs et réduire ce type de dépendance, tout en intégrant des clauses plus strictes dans leurs contrats et ainsi se prémunir à l'avenir contre les changements abusifs, et notamment les hausses tarifaires. Les combats ne sont pas finis.
Pour aller plus loin : Olivier Wajnsztok est directeur associé chez AgileBuyer. Du même auteur vous pouvez aussi consulter:
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