Relocaliser et sécuriser ses achats
La sécurisation des approvisionnements et la relocalisation des achats est devenu une priorité pour bon nombre de directions des achats. Tout l'enjeu consiste à identifier les catégories d'achats pouvant faire l'objet d'opportunités de relocalisation. Dans ce contexte, le cabinet PwC a développé une méthode pour déceler les risques fournisseurs et identifier de nouvelles sources.
Je m'abonneExplosion des coûts de transports, retards de livraison, pénurie de matière premières... Les directions des achats doivent actuellement faire face à un certain nombre de défis. De nombreuses entreprises cherchent aujourd'hui à diversifier et relocaliser une partie de leurs achats. "Le sujet de la relocalisation des achats n'est pas récent mais il s'est accéléré avec le démarrage de la crise Covid en mars 2020", souligne Isabelle Carradine-Pinto, associée au sein de PwC France et Maghreb lors d'un webinaire le 10 mars 2022. Pour soutenir ses clients, le cabinet a développé l'approche Agir. Elle s'appuie sur des méthodes d'analyse de risques et sur un outil d'intelligence artificielle qui permet de sourcer des fournisseurs. "Elle consiste à cartographier les risques fournisseur et à identifier de nouvelles sources, tout cela à iso capacités industrielles. Nous travaillons aussi sur des approches de relocalisation industrielle et de développement de nouvelles capacités", détaille Isabelle Carradine-Pinto. Cette approche est particulièrement adaptée aux entreprises industrielles disposant d'un site de production en France. Au cours des deux dernières années, PwC a accompagné une trentaine d'entreprises dans la sécurisation de leur approvisionnement dans des secteurs variés. "Les achats que nous avons analysé pour ces entreprises représentent un total de 2,4 Mrds €", confie Elodie Vial, directrice PwC France et Maghreb.
Des achats relocalisables en France
Dans ce cadre, le cabinet a identifié plusieurs familles d'achats pouvant être sourcées dans l'Hexagone. "Nous percevons de bonnes capacités de relocalisation en France dans certains secteurs comme le packaging, le travail des métaux, les pièces métalliques ou encore la quincaillerie", énumère Elodie Vial. En revanche, certains achats sont plus difficilement relocalisables, comme ceux réalisés dans les secteurs de l'électronique, l'agroalimentaire, l'industrie pharmaceutique, l'industrie de process ou encore la métallurgie.
Albéa s'engage dans une démarche de relocalisation
PwC travaille notamment, depuis fin 2021, avec Albéa, une entreprise de packaging spécialisée dans les secteurs de la cosmétique et de la parfumerie. "Depuis plusieurs mois, les achats d'Albéa sont mobilisés sur les tensions sur les matières premières. Nous avons d'ailleurs été en pénurie sur les polymères", explique Alain Laval, directeur des achats chez Albéa Tubes France. Avec l'aide de PwC, l'entreprise a identifié une douzaine de familles d'achats pouvant être relocalisées. "Nous avons déjà démarré un travail de sourcing sur deux familles", précise le directeur des achats.
Quid des importations en France ?
Selon PwC, la France importe près de 600 milliards d'euros de biens, dont 250 Mrds € achetés hors Union européenne. "Et nos achats hors UE ne cessent d'augmenter aujourd'hui", souligne Isabelle Carradine-Pinto. Par ailleurs, dans le contexte de la guerre en Ukraine, PwC indique que les dépenses d'achats en Russie représentent 1,6 % des importations françaises, soit 9 Mrd €. "Sur ces 9 Mrds €, nous achetons principalement des hydrocarbures, qui sont des achats critiques et stratégiques", pointe Isabelle Carradine-Pinto.