Délais de paiement : un retour à la normale tant attendu
Les retards de paiement ont été la grande bataille causée par la crise sanitaire. Mais aujourd'hui, les nouvelles sont bonnes. Le groupe Altares dévoile que les délais moyens en Europe repassent sous le seuil "avant Covid".
Je m'abonneLes chiffres sont tombés, et ils sont positifs. Avec une moyenne de 13 jours, les délais de paiement en Europe retrouvent le niveau d'avant la crise sanitaire, qui n'avait pas été atteint depuis le premier trimestre 2018. C'est le groupe Altares, acteur de la data d'entreprise, qui dévoile ces chiffres, précisant que la France est en dessous de cette moyenne, avec un 11,6 jours au deuxième trimestre 2022.
La hausse des délais de paiement avait commencé dès l'été 2020 et avait rapidement atteint 14,5 jours. L'actuelle amélioration de ces chiffres est, selon l'étude Altares, portée par les nets progrès de la France et la Belgique, ainsi que les comportements vertueux de l'Allemagne et des Pays-Bas. Selon Thierry Millon, directeur des études Altares, "les comportements de paiement ne se dégradent pas. Mieux, ils s'améliorent. Les entreprises cherchent à préserver leur relation avec leurs fournisseurs et pour cela s'attachent à payer les factures à l'heure, quitte à négocier ponctuellement des délais plus longs lorsqu'ils sont sous le plafond des 60 jours."
En effet, l'étude observe une forte croissance des "clients ponctuels", qui sont passés de 45,3% au troisième trimestre 2020, à 48,4% au deuxième trimestre 2022. De ce fait, l'étude observe aussi une baisse de près de 2% des retards de paiement dépassant les 30 jours.
Qui sont les bons élèves ?
Les meilleurs élèves restent historiquement l'Allemagne et les Pays-Bas, qui restent sous le seuil des sept jours depuis de nombreuses années. Les entreprises allemandes, dont les deux tiers payent leurs fournisseurs à l'heure, présentent un retard moyen quasi deux fois inférieur à la moyenne européenne (6,5 jours contre 13 jours).
La Belgique, traditionnellement proche des seuils français, se distingue avec un retard moyen descendu à neuf jours sur le deuxième trimestre 2022. Alors que la loi visant à lutter contre les retards de paiement est entrée en vigueur le 1er février, 54% des entreprises belges payent désormais leurs factures à l'heure, contre moins de 41% avant la Covid.
En termes de secteurs d'activité, les bons payeurs sont le secteur du bâtiment (8,2 jours) et l'assurance (8,9 jours), suivis de l'édition (9,2 jours), la fabrication de matériaux de construction (9,4 jours) ou la réparation-maintenance industrielle (9,4 jours).
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Et les mauvais élèves ?
L'Europe latine fait, en comparaison, figure de mauvaise élève. En Italie par exemple, la proportion d'entreprises réglant leurs fournisseurs à l'heure augmente légèrement depuis début 2021, mais reste faible à seulement 40,2%. Inversement, la part des grands retardataires recule, mais reste encore haute à plus de 12%
Mais c'est le Portugal qui ferme le classement avec un retard moyen de 26 jours, et 17,3% des entreprises qui payent encore avec de grands retards.
Les deux secteurs d'activité les moins vertueux sont la filière textile-habillement qui affiche un retard de plus de 18 jours, et la promotion immobilière qui n'est jamais parvenue à redescendre sous le seuil des 20 jours. Actuellement, les promoteurs décalent leurs règlements de près de 24 jours en moyenne.
Le B2C toujours fragilisé
Si les activités B2B représentent en moyenne les bons élèves, l'étude observe plus de difficultés chez les entreprises B2C, comme la restauration (19,4 jours), les salons de coiffure ou de beauté (19 jours) ou encore le commerce de détail d'habillement (17,6 jours).