La décarbonation des entreprises, entre les mains des achats
Imposée par la loi à l'horizon 2050, la décarbonation des entreprises repose en grande partie entre les mains des directions achats. Si à l'heure actuelle nombre de solutions sont proposées, beaucoup d'entreprises ne possèdent pas encore les moyens de les mettre en place.
Je m'abonneSi la décarbonation de l'industrie est sur un chemin de crête, les entreprises font toujours face à des difficultés à la mettre en place. A l'occasion des tables rondes d'ouverture des universités des achats, Benoît Ruffray, p-dg d'Eiffage, en a expliqué la raison : "Nous avons les solutions mais pas encore les moyens économiques afin de trouver un équilibre, ne pas rater les priorités et travailler à long terme."
Bien qu'elle s'impose par la loi, selon Natacha Tréhan, maître de Conférences en Management Stratégique des Achats à l'université Grenoble Alpes, la décarbonation est une contrainte dans certains secteurs car la norme précède la technologie. La loi tend à devenir de plus en plus déterminante et la fonction achats va avoir un rôle majeur à jouer. "En 2024, a commenté Natacha Tréhan, le seuil de détermination des entreprises concernées passera de 500 à 250 employés, cela représente presque toutes les entreprises françaises."
Afin de se "donner les moyens" et anticiper de nouvelles contraintes, la société Schneider Electric mise sur l'audit de ses fournisseurs, suivi d'un accompagnement dans leurs démarches de décarbonation. Selon Laurent Bataille, président de la société : "Nous devons continuer dans cette démarche malgré le surcoût, notre objectif de réduire de 50% notre bilan scope 3 à l'horizon 2025 ne se réalisera que si nous continuons cet accompagnement main dans la main." Ce manque de moyen ne doit plus être un problème: "le prix n'est plus le sujet des achats, a commenté Benoît Ruffray, la fonction est bien plus complexe que ça aujourd'hui, les directions doivent être nos conseillères."
Pour cet accompagnement, Schneider Electric "commence par donner l'exemple" selon Laurent Bataille. "Nos sites sont équipés de systèmes d'économie d'énergie, ils deviennent ainsi des démonstrateurs, la preuve que ce que nous conseillons est possible." Lorsque les fournisseurs de l'entreprise acceptent cet accompagnement, une plateforme digitale est mise en place pour collecter des données afin de commencer une stratégie de décarbonation sur-mesure.
Le délai pour atteindre le net zéro d'ici à 2050 semble inatteignable pour certaines entreprises, mais pas pour Laurent Bataille : "C'est complètement faisable à condition d'y travailler stratégiquement." La stratégie à éviter, selon Natacha Tréhan, est celle de la compensation. "C'est une aberration de laisser croire aux entreprises que si elles compensent elles seront considérées comme décarbonées. Cela n'annule pas les émissions carbone." Pour Laurent Bataille, la période où l'on parlait de compensation était une transition nécessaire, "mais il faut maintenant passer à autre chose."
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