Achats/Finance: "Nous avons élaboré chez EDF une méthode partagée de calcul des savings"

Comment le programme "Synergies et transformation groupe" (STG) d'EDF fait-il évoluer la relation achats/finance?

Jean-Christophe Hang: Le programme STG, déployé de 2011 à 2015, s'est révélé très challengeant pour le groupe, direction achats et contrôle de gestion en tête, toutes deux rattachées à la direction financière. Outre l'objectif final de cette dynamique de synergies - une économie de 2,5 milliards d'euros, dont 1,4 milliard sur les achats -, une nouvelle méthode commune d'évaluation de la performance achats a été élaborée, dans le cadre de la nouvelle politique de gestion du groupe.

Jean-Christophe Hang, directeur de la performance et des systèmes d'information achats, EDF.

En effet, lors de l'annonce du programme STG, en 2010, plusieurs axes d'amélioration ont été identifiés: homogénéiser les modes de calcul des économies selon les filiales, mieux partager les évaluations de gains avec les métiers, etc. Cela a réduit certaines tensions et incompréhensions entre acheteurs, d'un côté, et financiers et opérationnels, de l'autre.

Ariel Fefer: Nous avons travaillé en mode projet - directions métiers, achats et contrôle de gestion - sous l'autorité du directeur exécutif groupe en charge des finances. Parmi les huit lots du projet, quatre portaient sur l'optimisation des processus de contractualisation - de l'expression des besoins au suivi de l'exécution des contrats - de façon différenciée selon les segments d'achats d'EDF (production & ingénierie, informatique & télécoms, tertiaire & prestation, équipements pour le distributeur).

À cela, s'ajoutaient quatre lots plus transverses, dont deux sur la mise au point d'une nouvelle méthode de calcul et de reporting des savings. Cela a débouché sur une doctrine d'évaluation de la performance achats. Ce référentiel, élaboré par la finance, préconisait une nouvelle méthode à appliquer, à terme, par les achats, d'abord en France, aux enjeux business majeurs, puis dans toutes nos filiales à l'étranger.

Quel est ce nouveau mode d'évaluation?

Ariel Fefer, responsable des plans de performance groupe, direction financière

A. F.: Ce référentiel, commun à l'ensemble du groupe, concilie les différentes analyses de la performance achats. Exit les écarts d'appréciation entre acheteurs et opérationnels. Avec, d'une part, une fonction achats qui justifiait ses actions au regard des savings négociés contractuellement, et, d'autre part, des directions financière et métiers qui discutaient les objectifs de gains sur les prix, surtout s'ils étaient impactés par une hausse des volumes consommés, l'inflation ou la non-exécution dudit contrat.

La nouvelle méthode, 100% validée par la finance, rend un gain éligible selon de nouveaux critères, comme son caractère auditable et récurrent. Plus encore, les savings sont désormais calculés sur les 12 premiers mois d'exécution d'un contrat. De quoi réconcilier prévisionnel et réel: en les associant, les gains sont plus visibles et traçables dans le P&L!

J.-C. H.:Nous avons, désormais, la même vision sur la performance achats. Preuve du caractère stratégique d'une telle démarche, pas moins de 1000 acheteurs en interne ont été formés à ce nouveau mode d'évaluation des savings. Pour industrialiser le recours à une telle méthode, notre système d'information achats a été revu de A à Z, afin que chaque acheteur puisse aisément collecter les informations ad hoc. Cette refonte de nos pratiques contribue à une valorisation de l'action des achats en interne.