[Billet d'humour] Tête-à-queue sur le circuit Paul Ricoeur
Et maintenant que ça arrive, ils sont comment, nos spécialistes du "cost killing" ? Pour l'instant, comme une poule devant une machine à coudre. Leurs fournisseurs ne seront plus ceux qu'ils avaient l'habitude d'essorer, mais de nouveaux entrants plus gros qu'eux, et qui ne se laisseront pas faire.
Je m'abonneBonjour à tous ! Si vraiment Firmin s'y connaît un peu en achats, pourquoi n'a-t-il jamais parlé des achats dans l'automobile? Alors, amis des grosses cylindrées et des belles carrosseries, on va parler bagnole aujourd'hui. Bienvenue dans "Turbo-Achats"!
Jusque dans les années 90 (eh oui, Firmin est aussi vieux qu'une voiture de collection), figurez-vous, mes amis, que le prix des voitures ne cessait d'augmenter. Tant est si bien que la bagnole était devenue le premier poste de coût dans le budget des ménages, égalant ou surpassant même le logement. A cette époque bénie, l'ancienneté moyenne du parc automobile était de 6 ans (un peu plus de 10 maintenant)... Autant dire qu'il fallait passer au crachoir régulièrement pour avoir juste le droit de circuler.
Oui, mais petit problème : à partir d'un certain niveau de prix, le marché a commencé à se restreindre. Les consommateurs hésitaient entre s'acheter une nouvelle voiture (et se nourrir de boîtes de ravioli) ou partir en vacances. Il a donc bien fallu trouver quelque chose... Cela allait de soi : le "cost killing", qui allait devenir pour longtemps la marque de fabrique du secteur.
Sous couvert de Toyotisme et de bons sentiments, les dés étaient jetés : on allait sur le "gemba", on traquait les "coûts cachés", et bien sûr on était fans de LCC. Mais comme dit l'autre : "tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse"... Car, pendant ce temps-là, d'autres ourdissaient un sombre complot ! Au début, les constructeurs ont tous bien ri avec Tesla : "Comment ? Quoi donc ? Nous faisons de vrais véhicules, nous messieurs !". Et les GAFA : une sombre plaisanterie. Untel, spécialiste du diesel, expliquait que tout ceci n'était que calembredaine.
Et maintenant que ça arrive, ils sont comment, nos spécialistes du "cost killing" ? Pour l'instant, comme une poule devant une machine à coudre. Leurs fournisseurs ne seront plus ceux qu'ils avaient l'habitude d'essorer, mais de nouveaux entrants plus gros qu'eux, et qui ne se laisseront pas faire. Alors, pour leur faire de la place, il va falloir faire de la casse dans le magasin de porcelaine.
Et voici nos "cost killers" reconvertis en apôtres de la "customer centricity", en mendiants de subsides divers et variés, en chantres de la relocalisation... On apprécie l'exercice, qui ne doit pas être aisé. Et pour les nouveaux fournisseurs de l'automobile, nul doute qu'ils peuvent maintenant entonner l'Internationale : "Du passé faisons table rase, Foule esclave, debout ! debout ! Le monde va changer de base : Nous ne sommes rien, soyons tout !"
Par Firmin de Montalembert.... un directeur achats Groupe anonyme, qui dissimule généralement son espièglerie sous un masque de grand sérieux
Lire les précédentes chroniques de Firmin:
Si seulement Ricardo avait eu des cotons tiges recyclables...
Notre grand jeu du confinement: compétition asino-galline pour tous!
Sarah Connor: difficile d'aller frapper à sa porte pendant le reconfinement
Petit glossaire à l'usage des vendeurs
Petite douche écossaise : 19/20, c'est déjà un très bon score!
Ma stratégie est plus grosse que la tienne
Les achats: un métier de Petits Princes sous thérapie ?
Achats et compléments d'objets indirects
Une couverture: c'est pour rassurer, comme les doudous?