Achats responsables : zoom sur les initiatives de Michelin et Schmidt
Devoir de vigilance, cartographie des risques, neutralité carbone, relation fournisseurs... Les responsables des achats de Michelin et Schmidt ont mis en avant un certain nombre de bonnes pratiques lors d'une matinée dédiée aux achats responsables et organisée par l'Obsar, l'Afnor et A2 Consulting.
Je m'abonneLe 17 novembre dernier, l'Observatoire des achats responsables (Obsar) a organisé une matinée de tables rondes et de conférences, en collaboration avec l'Afnor et A2 Consulting. A cette occasion, plusieurs acteurs se sont succédés pour apporter leur éclairage en matière d'achats responsables, dont deux responsables des groupes Michelin et Schmidt.
Michelin, une approche fondée sur le devoir de vigilance
"Notre approche d'achats responsables est fondée sur le devoir de vigilance", a expliqué, dans ce cadre, Hélène Vermont, manager développement durable pour la direction des achats de Michelin. Pour cela, la direction des achats dispose d'un outil de cartographie des risques qui permet de prioriser l'évaluation des fournisseurs. A titre d'exemple, le géant français des pneus a mis en place une politique d'achats particulière pour le caoutchouc naturel. En effet, la culture d'hévéa, qui permet de produire du caoutchouc naturel, est essentiellement réalisée en Inde, au Vietnam, au sud de la Chine et en Indonésie, des pays présentant un risque pour les droits humains. Or, l'industrie des pneumatiques est une grande consommatrice de caoutchouc naturel, puisqu'elle utilise les ¾ de la production mondiale. "Pour cette catégorie d'achat, notre cartographie des risques prend en compte les risques sociaux et environnementaux sur tous les rangs de notre chaîne d'approvisionnement", relate Hélène Vermont. Michelin participe également à la formation des exploitants et producteurs aux bonnes pratiques agricoles. Plus globalement, le groupe vise, d'ici 2050, la neutralité carbone pour l'ensemble de ses sites de production, ses opérations de logistique ainsi que sa chaîne d'approvisionnement avec ses fournisseurs de matières premières et de composants. "En ce sens, nous souhaitons fabriquer nos pneus avec 100 % de matériaux recyclés", révèle Hélène Vermont.
Schmidt, une relation partenariale avec les fournisseurs
Un peu plus tard dans la matinée, Patrice Celerier, responsable organisation et performance achats chez Schmidt Groupe (ETI française spécialisée dans la fabrication de meubles) a été invité à prendre la parole pour présenter les pratiques d'achats responsables de son entreprise dans un contexte de crise. "Durant le Covid, nous avons décidé de continuer à payer nos fournisseurs coûte que coûte et de tout mettre en oeuvre pour aider les fournisseurs les plus impactés par cette crise", illustre-t-il. Le groupe a notamment fourni gratuitement des équipements de protection individuels (masques, gels, etc.) à certains d'entre eux. La direction des achats a également mis en place une solution pour mesurer le risque de défaillance potentiel de ses fournisseurs. "Pour cela, nous leur avons envoyé un bref questionnaire pour savoir comment ils traversaient la crise d'un point de vue financier mais également sanitaire. Nos acheteurs prenaient également des nouvelles très régulièrement d'eux au téléphone", explique le responsable des achats. Une démarche qui semble avoir porté ses fruits. "Durant la phase de reprise, nos fournisseurs ont soutenu le redémarrage de nos activités", relate-t-il. Le responsable des achats se félicite que l'entreprise n'ait pas connu de rupture d'approvisionnement durant cette période d'activité intense. "Nous avons réussi à livrer nos cuisines avec un délai de 2/3 mois, contre parfois 6 mois de délai chez nos concurrents", note-t-il.
Si l'offre et la demande ont, depuis, retrouvé un meilleur équilibre, le groupe est aujourd'hui impacté par l'inflation. Là encore, Schmidt mise sur les bonnes relations avec ses fournisseurs pour maîtriser au mieux les hausses de prix. "Le fait d'être proche de nos fournisseurs a été un avantage car certains ne nous ont pas appliqué des hausses qui pourtant étaient justifiées. Nous saurons nous souvenir de cette solidarité", assure Patrice Celerier. Cette démarche collaborative a aussi permis à la direction des achats d'exiger un certain niveau de transparence. "Nous n'avons pas refusé les augmentations de prix, mais nous leur avons demandé de les justifier", confirme-t-il. Si la plupart des hausses étaient légitimes, le responsable des achats confie avoir été confronté à des demandes déraisonnables. "Quand la situation se retournera, nous tiendrons un langage beaucoup plus dur avec ce genre de fournisseurs alors que nous serons bien moins intransigeants avec ceux qui nous ont soutenu", conclut-il.