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Travail des enfants en RDC : de grandes entreprises montrées du doigt

Publié par Marie-Amélie Fenoll le | Mis à jour le
Travail des enfants en RDC : de grandes entreprises montrées du doigt

L'ONG Amnesty International dénonce dans un rapport les conditions d'extraction du cobalt par les enfants au RDC et interpelle les grandes marques de téléphonie comme Apple ou Samsung mais aussi les constructeurs automobile Damler et Volkswagen pour un approvisionnement responsable.

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La technologie tue. C'est ce que dénonce le rapport de l'ONG Amnesty International : "Voilà pourquoi on meurt " : les atteintes aux droits humains en RDC alimentent le commerce mondial du cobalt", dévoilé le 19 janvier dernier.

Amnesty International dénonce dans ce rapport les conditions d'extraction du cobalt par les enfants au RDC et interpelle les grandes marques de téléphonie comme Apple ou Samsung mais aussi les constructeurs automobile Damler et Volkswagen pour un approvisionnement responsable. L'ONG incite les internautes à interpeller directement les entreprises mises en cause via leur compte twitter.

Le travail des enfants en RDC

En effet, 50% de la production mondiale de cobalt vient de RDC. Un matériau qui sert à fabriquer les batteries en lithium-ion des tablettes, des ordinateurs mais aussi des voitures électriques. L'exposition chronique à la poussière contenant du cobalt peut entraîner une maladie pulmonaire mortelle connue sous le nom de "fibrose pulmonaire aux métaux durs".

En 2014, l'UNICEF a estimé qu'environ 40 000 jeunes garçons et filles travaillaient dans l'ensemble des mines au sud de la RDC, la plupart impliquant l'extraction de cobalt. Les enfants travaillent jusqu'à 12 heures par jour dans les mines, à transporter des charges importantes, pour un salaire quotidien oscillant entre un et deux dollars.

En cherchant à comprendre le fonctionnement de cette chaîne d'approvisionnement internationale, et à poser des questions à chaque entreprise concernant sa politique de diligence requise en la matière, Amnesty International a écrit à Huayou Cobalt et 24 autres sociétés en Chine, en Allemagne, au Japon, en Corée du Sud, à Taïwan, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Parmi ces entreprises figurent certaines des marques d'électronique les plus importantes au monde et les plus connues des consommateurs, à savoir Apple, Dell, Hewlett-Packard, Huawei, Lenovo (Motorola), LG, Microsoft, Samsung, Sony et Vodafone, ainsi que les constructeurs automobiles Daimler et Volkswagen, et la firme chinoise BYD.

Les travaux de recherche de l'ONG montrent que certains États d'origine (les pays où les multinationales ont leur siège), comme la Chine, les États-Unis, la Corée du Sud et beaucoup d'autres n'obligent pas les entreprises à faire preuve d'une plus grande transparence concernant leurs modes d'approvisionnement en cobalt. À l'heure actuelle, aucun pays n'oblige légalement des entreprises à rapporter publiquement l'étendue de leurs chaînes d'approvisionnement en cobalt.

Une législation quasi-inexistante

Les Nations Unies en matière de commerce et de droits de l'homme mettent en avant la responsabilité incombant aux entreprises de respecter les droits humains internationaux dans le cadre de leurs activités mondiales, notamment à travers leurs chaînes d'approvisionnement. Cela requiert entre autre que les entreprises exercent la diligence requise pour veiller au respect des droits humains et pour "déterminer, prévenir, réduire et recenser l'impact de leurs activités en termes d'atteintes aux droits humains", détaille le rapport.

Les entreprises doivent faire preuve de la diligence nécessaire et révéler au public les pratiques qu'elles emploient. Il est de leur responsabilité de remédier aux violations des droits humains survenant à quelque endroit de leur chaîne d'approvisionnement, rappelle Amnesty.

C'est ce que recommande déjà un guide de l'Organisation de coopération et de développement économique ( OCDE ) sur l'approvisionnement responsable. Mais celui-ci n'est pas obligatoire. Ainsi, contrairement à d'autres domaines, par exemple pour les minerais du sang aux Etats-Unis (l'étain, le tantale, le tungstène et l'or), il n'existe pas de loi contraignant les entreprises à s'informer de la provenance et des conditions d'extraction du cobalt.

Un projet de règlement européen sur les autres minerais - étain, tantale, tungstène et or - est en cours à Bruxelles. Mais encore une fois, il fait la part belle aux entreprises car il ne propose pour le moment qu'un engagement volontaire de celles-ci.




Apple, Samsung ou Sony montrés du doigt

Amnesty International a donné un droit de réponse aux entreprise concernées. Samsung SDI affirme réaliser des audits de sa chaîne d'approvisionnement pour les " minerais qui alimentent les conflits " (tantale, étain, tungstène et or) mais pas pour le cobalt. Cette société conclut par conséquent qu'elle ne connaît pas la provenance du cobalt utilisé dans ces produits : "En réalité, il est très difficile de retracer la source du minerai en raison des pratiques de non-divulgation des informations des fournisseurs et de la complexité des chaînes d'approvisionnement. Ainsi, il nous est impossible de déterminer si le cobalt fourni à Samsung SDI provient des mines de Katanga en RDC."

Daimler indique que la complexité des chaînes d'approvisionnement dans le domaine de la construction automobile, ne lui permet pas "de confirmer ou d'infirmer de manière définitive que le cobalt présent dans ses produits provient de cette région ou des entreprises mentionnées à un quelconque stade de nos chaînes d'approvisionnement." S'agissant de sa politique en matière de chaînes d'approvisionnement en minerais, Daimler procède à l'examen régulier de ses fournisseurs afin de "déterminer d'éventuels risques en termes de pérennité de la chaîne d'approvisionnement par rapport au travail des enfants, à la protection de l'environnement, à la prévention de la corruption, à la violation de la liberté d'association ou aux atteintes aux droits humains." Néanmoins, Daimler ne mentionne en aucun cas la conduite d'audits préalables dans sa chaîne d'approvisionnement en minerais conformément aux normes établies par l'OCDE.

HP a répondu qu'elle "menait une enquête" auprès de ses fournisseurs en cobalt. Elle affirme également que le code de conduite destiné aux fournisseurs interdit le travail des enfants et que cette disposition est communiquée aux fournisseurs.

Seules Apple et Microsoft ont indiqué avoir pris des initiatives pour remédier aux violations des droits humains dans les mines artisanales du sud de la RDC. Dans le cas d'Apple, ces démarches en sont à un stade embryonnaire dans la mesure où la société "évalue à l'heure actuelle des douzaines de matériaux différents, notamment le cobalt". Microsoft a par ailleurs écrit que "la création d'un mécanisme permettant de retracer le parcours du minerai nécessiterait un degré important de collaboration verticale et transversale à l'intérieur du secteur".

D'Amnesty International, il n'est pas plus difficile de mettre en oeuvre des pratiques de diligence pour le cobalt que pour les systèmes déjà instaurés par bon nombre de firmes dans le domaine de l'approvisionnement en tantale, en étain, en tungstène et en or.

Plus de transparence sur sa chaîne d'approvisionnement

Amnesty a enquêté auprès de 16 grandes multinationales pour leur demander d'où provient le cobalt qu'elles utilisent dans leurs produits. Une seule a reconnu s'approvisionner auprès d'un négociant chinois présent en RDC qui vend du cobalt extrait par des mines qui emploient des enfants. Les autres entreprises ont nié, alors qu'elles sont mentionnées comme clientes de ces négociants chinois qui s'approvisionnent en RDC... La plupart sont incapables de répondre à la question de la provenance du minerai car elles ne se sont visiblement jamais posé la question.

"Or, des entreprises qui réalisent plusieurs milliards d'euros de bénéfices par an devraient avoir la capacité de se renseigner sur la provenance des minerais qu'ils utilisent, et au moins de savoir quelle entreprise a transformé ou vendu ce minerai", insiste l'ONG. "Cela prouve que les entreprises n'appliquent de telles procédures que si elles y sont obligées".

Préconisations d'Amnesty International

La responsabilité première incombe à la RDC qui doit au plus vite tout mettre en oeuvre pour mettre fin au travail des enfants dans ces mines illégales. L'Etat congolais doit aider les familles à donner une éducation à leurs enfants, et pour cela, faire baisser le prix de l'école.

Il doit aussi y avoir plus d'inspecteurs des mines et un élargissement du périmètre minier légal afin de pouvoir fournir du travail légal à plus de personnes.

Les Etats où siègent les grandes entreprises de nos produits de consommation courante, doivent exiger que ces dernières mettent en place des procédures de contrôle sur les conditions d'extraction du cobalt et des autres minerais.

Enfin, il faut plus de pression du consommateur pour exiger une garantie éthique dans les produits qu'on dit vitaux ici, mais qui là-bas, tuent.

 
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