[20 ans d'informatique] Les usages guident l'évolution des outils... et non l'inverse
Rupture n° 1 : le développement des ERP
Après la généralisation des PC dans le monde de l'entreprise, nous avons vu arriver les ERP dans les années quatre-vingt-dix. Ils représentaient alors la promesse, de "mettre de l'ordre" dans les processus métier des entreprises. Ils devaient coordonner l'ensemble des activités (celles dites "verticales" telles la production, l'approvisionnement, ou les "horizontales" comme le marketing, les forces de vente, les RH, etc.) autour d'un même système d'information (SI). Cette promesse, les ERP l'ont tenue. Mais à l'usage, force est de constater qu'ils se sont révélés inféodants, souvent lourds, et relativement inadaptés.
Pour Louis Naugès, cofounder & chief cloud evangelist de Revevol, les ERP ont été une illusion, une fausse bonne idée. Si des éditeurs tels que SAP, Oracle ou Accenture ont pu s'enrichir, le fonctionnement des ERP s'est révélé trop rigide. La principale erreur a alors consisté à penser que l'on pouvait et que l'on devait tout unifier. Mais c'était sans compter sur l'évolution des technologies, celle des marchés et des usages. Et le cofondateur de Revevol ne manque pas d'exemples pour illustrer les limites des ERP, pensant notamment à Chorus, le système développé par le ministère des Finances pour la comptabilité du gouvernement. Utiliser SAP pour tenter de régler un problème aussi complexe que la comptabilité publique, avec un logiciel qui n'avait jamais rien fait d'équivalent, il fallait oser ! À n'en pas douter, avant même le démarrage de ce projet d'envergure, l'échec était inévitable. Chorus a déjà fait l'objet de fortes critiques de plusieurs commissions d'enquêtes parlementaires, fustigeant les retards, les dépassements de budget et les difficultés d'usage. Pour Louis Naugès, il s'agit d'un des exemples les plus criants des limites des ERP.
Si le monde de l'entreprise mesure aujourd'hui parfaitement les lacunes des progiciels de gestion intégrée, il demeure très complexe de s'en libérer. Non seulement les acteurs majeurs font tout pour ralentir le processus, mais les entreprises ont consenti de tels investissements qu'il est difficile de faire machine arrière. Pour y parvenir, il faut réduire progressivement la voilure et procéder par étapes. Selon Louis Naugès, les ramifications des ERP dans les SI sont trop profondément ancrées pour être éradiquées d'un clic !
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