Comment évaluer la performance RSE de vos fournisseurs
Difficile de savoir si tous vos fournisseurs respectent les principes de l'OIT ou du Pacte Mondial. Pour vous aider dans cette démarche d'évaluation des risques RSE, encore faut-il bétonner votre sourcing en recourant à des outils ad hoc. Une question débattue lors d'un atelier Afnor / Obsar. Focus.
Je m'abonneEt si le recours aux achats responsables passait déjà par un travail de sourcing digne de ce nom ? Voilà une question pour le moins complexe débattue lors d'un atelier organisé début février par l'Afnor et l'Obsar (Observatoire des achats responsables). Animateur de l'événement, Bruno Frel, responsable développement sur la thématique achats responsables, a d'emblée interpellé l'auditoire d'acheteurs présents : "Pour déployer avec succès votre démarche d'achats responsables, la gageure consiste déjà à bétonner la phase amont de l'acte d'achat. Or force est de constater que vous, acheteurs, ne consacrez souvent même pas 15 % du temps de travail normalement requis au sourcing !"
Pourtant, une telle étape préliminaire - caractérisation du besoin d'une part, analyse du marché fournisseurs d'autre part - s'avère plus que jamais essentielle pour identifier le bon partenaire pour vos achats responsables. Car le choix dudit partenaire varie selon un panel de critères à prendre en compte dès l'élaboration du cahier des charges : les risques économiques, sociaux et environnementaux sur le segment d'achat envisagé, la maturité du marché en matière de pratiques RSE, etc.
Solution d'évaluation en ligne
Mais comment faciliter cette démarche de qualification des fournisseurs ? Bruno Frel a profité de cet atelier pour faire valoir les vertus, et pas des moindres, d'un outil proposé par l'Afnor pour précisément aider les entreprises dans leurs démarches quotidiennes visant à maîtriser leurs risques fournisseurs et à favoriser une supply chain responsable. Baptisée Acesia, cette solution d'évaluation en ligne, qui s'inscrit peu ou prou dans la même logique que l'outil de scoring d'EcoVadis, "permet, en effet, aux acheteurs de mesurer en quelques clics la performance environnementale et sociale des fournisseurs via un questionnaire dédié", a rappelé ce dernier.
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Charte développement durable
Un parti adopté notamment par EDF qui recourt à cet outil depuis plusieurs années déjà. Eloy Jaramago, responsable politique industrielle au sein du groupe, et intervenant à l'atelier, est revenu sur les raisons d'un tel choix : "Nous avions réalisé que notre charte de développement durable, incluant les principes de l'OIT, du Pacte Mondial, etc., n'était presque jamais lue par nos fournisseurs. Bien qu'il s'agisse d'un document contractuel, la plupart le signait sans même s'assurer de respecter les fameux principes édictés dans la charte ! D'où le recours à Acesia pour pallier une telle situation et ce, en évaluant enfin concrètement les engagements de nos fournisseurs en la matière et ainsi privilégier la mieux disance en terme de RSE ".
Une vingtaine de fournisseurs évalués
Pour ce faire, EDF décide d'évaluer, dans un premier temps, un groupe pilote d'une vingtaine de fournisseurs. Parmi lesquels, Automatique Industrie, PME de 76 collaborateurs spécialisée dans les services d'ingénierie. Pascal Mioche, son dirigeant, raconte : "Au départ, je me suis demandé ce que les grands comptes inventaient encore pour nous embêter ?" Après mûre réflexion, il comprend l'intérêt d'une telle évaluation loin d'être punitive. "J'ai toutefois dû surmonter un certain sentiment d'impuissance face aux délais extrêmement courts requis par EDF pour prouver nos engagements, notamment en matière de politique sociale : égalité hommes femmes, diversité, sécurité au travail, etc. Le cas échéant, nous avons rédigé certaines déclarations sur l'honneur", développe le patron de la PME qui fut plus à l'aise "pour remplir le volet métier du questionnaire, davantage axé sur les process -recyclage, gestion des déchets, etc.-, que le volet plus général orienté politique RSE".
La PME s'est tellement prêtée au jeu qu'elle a décidé de s'appuyer sur un consultant extérieur pour mieux structurer de A à Z sa politique RSE. "Si bien que nous évaluons aujourd'hui la performance RSE de nos propres fournisseurs !", lance Pascal Mioche. Chez EDF, une telle expérience s'avère tout autant bénéfique : "grâce à une telle démarche, nous pouvons dresser une véritable cartographie de nos risques fournisseurs. De quoi généraliser également, en amont, une stratégie achats davantage axée sur le TCO, Total Cost of Ownership, incluant d'autres critères d'achats bien au delà du prix facial. Notre objectif aujourd'hui est de généraliser une telle évaluation auprès de l'ensemble de notre panel, fort de plusieurs milliers de fournisseurs", conclut le responsable politique industrielle.