Les achats responsables, au défi de la conformité
Le baromètre EcoVadis 2019 "Achats Responsables" démontre que les pratiques en faveur des achats responsables se généralisent ... mais que le nouveau "piège de la conformité" entrave encore ce levier au sein des entreprises.
Je m'abonnePubliée fin août, l'édition 2019 du Baromètre Achats Responsables NYU/EcoVadis, intitulé "De la conformité à la performance", souligne l'importance accordée par les professionnels achats aux réglementations. En effet, si l'importance accordée aux achats responsables reste stable (81%), l'étude révèle un changement radical du niveau d'importance de la conformité réglementaire : 66% des entreprises la considèrent à présent comme "tout à fait importante", contre 27% en 2017, ceci pouvant s'expliquer par le nouveau niveau d'exigences réglementaires et le devoir légal de vigilance en place depuis l'édition précédente.
"L'importance accordée à la réglementation est assez frappante ! Mais pas surprenante, compte tenu de la prise de conscience mondiale et de l'augmentation des lois relatives à la chaîne d'approvisionnement et à la diligence raisonnable. Bien que le respect de la conformité soit bien évidemment très important, une approche axée uniquement sur cet aspect est insuffisante pour engager véritablement les fournisseurs", commente Pierre François Thaler, co-directeur général d'EcoVadis. "L'alignement et l'importance accordée au levier achats responsables dans la stratégie d'entreprise, la mutualisation et l'exploitation de bases de données externes et leur intégration dans les systèmes d'informations achats résoudront les problèmes de conformité de manière inhérente, tout en offrant plus de valeur à long terme".
"Gérer un programme achats responsables du seul point de vue de la conformité constitue un piège qui limite l'engagement et les améliorations à long term"e, pointe Ecovadis. Des approches plus innovantes existent pour générer un véritable avantage concurrentiel. "Ce résultat souligne la nécessité pour les entreprises de mieux rentabiliser leurs stratégies achats responsables en passant d'un état d'esprit axé sur la conformité à une approche axée sur la croissance, capable de générer un avantage concurrentiel et une valeur ajoutée pour la société", indique Tensie Whelan, directrice du NYU Stern Center for Sustainable Business.
Côté fournisseurs, 39% affirment ainsi que la RSE n'est importante pour leurs clients acheteurs que sur le papier mais ne se reflète pas dans des mesures concrètes.
Les autres conclusions clés de l'étude sont les suivantes :
- Le soutien en interne est acquis. En 2013, le principal obstacle rencontré par les équipes était le soutien des dirigeants et des conseils d'administration (pour 50% des répondants). Aujourd'hui, l'adhésion des dirigeants n'est considérée comme un défi que par 13% des répondants (contre 24% en 2017). Cependant, le manque de ressources internes demeure un défi pour 42% des organisations.
- Le retour sur investissement d'une démarche achats responsables est désormais clair. Plus de la moitié (58%) des répondants affirment qu'ils sont mieux en mesure de réduire les risques grâce aux pratiques achats responsables, et 30% affirment que les programmes mis en place contribuent à la réduction des coûts. Parmi les autres avantages, l'innovation (24%) et l'amélioration des indicateurs achats (21%) est citée. Ce dernier avantage est cité par la moitié des organisations les plus matures en achats responsables.
- Une importance toujours plus grande est accordée à l'ensemble des thèmes sociaux, éthiques et environnementaux. Pour 34% des professionnels achats, les pratiques en matière de travail et de droits de l'homme sont devenues nettement plus importantes au cours des trois dernières années. 33% d'entre eux affirment que l'éthique des affaires est devenue plus importante ; 22% ont observé le même changement dans les préoccupations environnementales.
- Sur les outils et les bonnes pratiques pour encourager leurs partenaires commerciaux, la plupart (64%) ont mis en place un code de conduite fournisseurs et 35% ont une politique achats responsables. 42% des organisations interrogées disposent d'une clause RSE contractuelle spécifique.
- La profondeur d'investigation de la chaîne d'approvisionnement reste un enjeu majeur : 45% des entreprises disposent d'informations sur les pratiques éthiques et performances sociales et environnementales uniquement sur leurs fournisseurs de niveau 1.
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Le Baromètre Achats Responsables EcoVadis mesure tous les deux ans, depuis 2007, l'évolution des priorités et des pratiques achats responsables d'entreprises multinationales. Un baromètre entreprises dédié aux achats responsables de plus en plus international.
Le Baromètre 2019 Achats Responsables NYU/Ecovadis analyse les données de 210 répondants achats d'entreprises de multiples secteurs et zones géographiques. Il a été complété par une étude menée auprès de 399 fournisseurs dans le monde. Des entretiens approfondis ont été engagés avec les participants sélectionnés. Un descriptif complet des échantillons est disponible dans le rapport.
En collaboration pour cette nouvelle édition avec le "NYU Stern Center for Sustainable Business" de l'Université de New York, le nombre de répondants (Directeurs et responsables Achats, Sourcing, RSE...) a doublé (210 contre 120 en 2017) et moins de la moitié d'entre eux se situent à présent en Europe (46% contre 75% sur l'édition précédente). Côté "voix des fournisseurs", 400 dirigeants (à grande majorité de PME/ETI) du monde entier se sont exprimés.