Une plante verte et vos collaborateurs travaillent mieux
La productivité des travailleurs est supérieure de 8 % quand les bureaux sont dotés de vert. C'est le constat du professeur Cooper, spécialiste des organisations de travail. Et 21 % des salariés qui bénéficient d'un environnement vert se disent heureux de venir au bureau.
Je m'abonne"Les moeurs ont évolué, affirme Pierre Darmet, responsable marketing et innovation aux Jardins de Gally. Il y a quelques années encore, les grands comptes ne pensaient qu'en termes d'image. Du coup, leur demande allait aux espaces très formels, figés. Les arbustes persistants étaient taillés au cordeau et adoptaient des formes géométriques ; rien ne devait sortir du cadre. Aujourd'hui, les entreprises se préoccupent bien plus de l'environnement de travail qu'elles proposent à leurs collaborateurs. Du coup, les formes évoluent, elles sont plus libres, plus naturelles. "
C'est en 2010, année de la biodiversité, que les choses ont véritablement bougé. Les notions de développement durable et de RSE sont apparues et ont contribué à une prise de conscience de l'importance de la nature. " Place aux espèces sauvages à l'extérieur des établissements, aux plantes grasses en coupe dans les halls d'entrée, aux orchidées sur les étagères de bureaux, aux fleurs coupées, aux petits cadres végétalisés... La créativité est désormais de mise ", assure-t-il. On parle même de design végétal, lorsque des plantes font partie intégrante du mobilier. " Une tendance ascendante et qui nous amène à échanger sur le sujet avec des fabricants de mobilier comme le suédois Kinnarps ", précise Pierre Darmet.
Si les parties communes comme l'accueil, les salles de repos et la cafétéria sont d'emblée privilégiées, les open spaces commencent aussi à avoir leurs jardins intérieurs ou leurs petites plantes. C'est le cas chez Sanofi, qui a intégré des bacs de plantes vertes à côté de chaque poste de travail. Le résultat est rafraîchissant pour le salarié qui, au passage, voit là une preuve de considération de son employeur. Bref, le bonheur est dans le pré et certaines sociétés l'ont bien compris.
Attention ! La mise en place d'une politique "plantes" au sein d'une société ne s'improvise pas. " Le designer ou l'architecte pense l'espace de travail. Charge à nous ensuite d'étudier la faisabilité du projet : par exemple, pour tel arbre à cet emplacement, il faut 1 m3 de motte de terre... ", souligne Olivier Bedouelle, gérant de la société spécialisée en paysage d'intérieur, Vertdéco (5 M€ de CA, 65 collaborateurs).
Amélioration du bien-être au travail et augmentation des performances
" Plus de 1 000 plantes ont été installées dans le nouveau siège de Schneider Electric. Avec le développement des open spaces, les plantes humanisent les espaces de travail et absorbent le bruit, donc réduisent les nuisances sonores. De plus, elles permettent aux collaborateurs de s'approprier leur espace ", confie Olivier Bedouelle. Autre exemple, celui du fabricant de mobilier Buronomic (170 collaborateurs, 30 M€ de CA), qui a entièrement refait son site historique à Honfleur en cassant toutes les cloisons pour laisser entrer la lumière naturelle et que les salariés puissent profiter, à plein, de la nature qui entoure le siège. " Nous avons investi 20 000 euros en plantations ", indique Pascal Legros, le président.
Les plantes vertes apportent également une bouffée d'air frais, au propre comme au figuré. " En effet, les bureaux comprennent de nombreux matériaux dégageant des substances qui affectent la qualité de l'air : imprimantes, photocopieurs, écrans d'ordinateurs, téléphones, etc. La présence de plantes dans ce milieu "pollué" réduit sensiblement la concentration de dioxyde de carbone et améliore la qualité de l'air ", précise Françoise Guittet, responsable commercial Interstuhl (125 M€ de CA). Ce fabricant de siège a d'ailleurs eu l'idée originale d'allier son business à la nature en exposant ses fauteuils sur les chemins de randonnées qui entourent son siège. Ou comment allier l'utile à l'agréable...
C'est d'ailleurs là dessus que travaillent les managers : si le salarié évolue dans un environnement qui lui convient, il sera plus productif. Google illustre parfaitement le sujet avec son futur campus. Avec des plantations omniprésentes, des serres à profusion et une verrière qui produit de l'énergie verte, il sera, à coup sûr, le siège social le plus "vert" de tous. L'objectif affiché par David Radcliffe, vice-président chargé de l'immobilier de Google, n'est pourtant pas philanthropique : il vise tout simplement une meilleure manière de travailler. Une étude de l'université de l'Oregon avait déjà montré qu'il pouvait y avoir une différence de 10 % sur l'absentéisme des salariés selon qu'ils étaient ou non en contact avec la nature. La recherche du professeur Cooper le confirme, avec une mesure de la productivité. Elle serait ainsi supérieure de 8% quand les bureaux sont dotés d'éléments naturels !
Jardiner au déjeuner, un vrai facteur de cohésion
Autre bienfait de "la fertilisation des bureaux" : le rapprochement entre collègues. Certaines sociétés ont fait le choix d'impliquer leurs salariés en les incitant à consacrer une partie de leur temps de pause à s'occuper d'un potager collectif. Ainsi, chez Google Londres, les employés peuvent cultiver leurs propres légumes sur la grande terrasse de leur entreprise. Autre exemple, celui de la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris. Une dizaine d'employés veille sur un petit potager perché sur le toit du Palais de Chaillot, face à la Tour Eiffel. " Le principe est simple : les participants jardinent sur leur temps libre et la récolte est partagée entre les participants ", raconte Pierre Darmet, qui a participé à la concrétisation du projet.
Moralité ? Privilégier la nature au bureau peut rapporter gros : motivation des salariés, augmentation de la productivité et renforcement de la cohésion de groupe. Pourtant, cette généralisation des espaces verts dans les bureaux apparaît contradictoire avec la philosophie du moment, à savoir le lean management, où plus les bureaux sont dépouillés et mieux c'est. À méditer dans son jardin.
Zoom - Comment instaurer une prestation plantes ?
- Solliciter un rendez-vous avec un prestataire pour finaliser le cahier des charges. Si besoin de conseils, en choisir un doté d'un bureau d'études
- Budgéter un montant ponctuel pour les travaux d'aménagements (création de jardin, travail des sols...)
- Signer un contrat annuel, bisannuel ou triennal avec le prestataire pour l'entretien. Le document fixe un nombre déterminé de passages du prestataires en fonction des besoins de l'entreprise. (Exemple : deux fois par semaine pour livrer des fleurs fraîches dans les halls d'accueil des hôtels, tous les 15 jours pour tondre une pelouse qui connaît une "haute intensité d'usage"...)