Trophées 2023: Anthony Angé, CPO Europe Snacks
" Changement de paradigme face aux incertitudes permanentes, nous avons travaillé sur des re-prévisions une à deux fois par mois. Nous avons alimenté l'ensemble des partenaires internes avec des projections, travailler avec les usines pour savoir sur quelles lignes de production miser"
Je m'abonneCPO d'Europe Snacks, Anthony Angé fait de la collaboration achats son leitmotiv. Il a mis en place une stratégie baptisée « Procurement to Sales » afin de mettre les achats au coeur de l'entreprise. Une révélation pour ce CPO formé à l'école PSA. « Au cours de ma première vie d'entrepreneur, j'ai dû sourcer en Inde du packaging de luxe pour un fournisseur d'emballages. J'ai découvert le métier d'acheteur au travers d'une mission à la Indiana Jones », explique Anthony Angé, CPO d'Europe Snacks depuis janvier 2021. Mordu du métier, il fait ses premières armes à l'école PSA dès 2005 pendant près de 8 ans, groupe au sein duquel il occupe différentes fonctions. Il y a notamment évolué en pleine période de crise post-subprimes avec une « chute du marché de l'automobile qui a pu amener à une baisse de 40 à 50 % du volume d'achats et une crise sur les marchés fournisseurs », souligne-t-il.
Un gestionnaire de crise(s)
Dans un secteur très mature et processé en termes d'achats, il se perfectionne dans la gestion des risques. Il contribue également à la mise en place d'un nouveau modèle et au rééquilibrage des relations fournisseurs. Dès 2013, il rejoint le groupe Alstom et devient supplier panel management director (ou directeur des relations externes achats) puis sourcing director dans un contexte de marché sous tension. Dès 2016, il rejoint le groupe agro-industriel Avril en tant que Directeur Achats avant de devenir CPO en janvier 2021 d'Europe Snacks. Une création de poste dans un contexte de forte croissance organique et marqué par des acquisitions successives au Royaume-Uni et en Espagne avec un Chiffre d'affaires qui a triplé en 3 ans. Manager d'une équipe achats de 6 personnes « très opérationnelles », il les challenge « sur une stratégie achats avec une vision à 3 ans, des process plus structurés et une feuille de route la RSE », précise-t-il. L'inflation a transformé la stratégie achats du groupe et la révèle aux yeux du Comex. La raison ? « Notre scope achats est 100 % sous tension. Toutes nos matières premières sont exposées. Ainsi, notre premier poste est l'huile avec une dépendance forte à Ukraine ». Les matières premières agricoles, dont notamment l'achat de pommes de terre, représentent le 2e poste « or, face aux sécheresses, nous avons dû tout mettre en place pour protéger nos opérations et nos usines afin d'éviter les ruptures », détaille le CPO.
Son défi : le « Procurement to sales »
Pour cela, il instaure le process du « Procurement to sales ». « Ce fut un véritable changement de paradigme : les achats, ne sont plus en back office. Face aux incertitudes permanentes, nous avons travaillé sur des re-prévisions 1 à 2 fois par mois. Nous avons alimenté l'ensemble des partenaires internes avec des projections, travailler avec les usines pour savoir sur quelles lignes de production miser », développe Anthony Angé. « Cela passe par de la pédagogie, de la formation auprès des commerciaux à travers des modélisations de scénarii et ce ; au travers d'objectifs communs partagés. Se poser la question des « On n'a pas / on ne peut pas » sur nos gammes de produits en vente et s'adapter en permanence. Il faut également capter l'innovation tout en développant notre capacité à travailler ensemble sur les opportunités ». Ainsi, le groupe a opéré des changements de type d'huile entre le tournesol et le colza pour pallier la rupture d'huile au début de la crise en Ukrainienne. « La crise peut permettre de révéler les liens avec les équipes. Ainsi, même si je ne fais pas partie du Comex, j'y étais connecté chaque matin en période de crise », souligne le CPO. Les autres chantiers n'ont pas été mis de côté pour autant, et le CPO continue de déployer sa feuille de route RSE, dont notamment une cible de packaging 100 % recyclable. Finalement, cette crise a agi comme un détonateur pour le CPO, amoureux de son métier de « chef d'orchestre » ; « Il n'y a pas une journée qui se ressemble. Les achats offrent une diversité de problématiques, une richesse des sujets. Nous sommes au coeur du réacteur », conclut-il.