La lutte contre les déjections canines s'intensifie
Les villes ont massivement investi dans le nettoyage des déjections canines sur la voie publique. Les budgets n'étant pas extensibles, les municipalités jouent également la carte de la prévention. Un sujet plus sensible qu'il n'y paraît.
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«Glisser sur une crotte de chien le jour de l'élection peut changer un vote.» Cette phrase du maire de Bordeaux, Alain Juppé, prononcée lors des municipales de mars dernier, résume l'importance que les élus accordent à la lutte contre les déjections canines dans les communes. Les nuisances sont suffisamment importantes pour être chiffrées, comme l'a fait la Ville de Paris. Selon la municipalité, 16 tonnes d'excréments produites par environ 150 000 chiens encombrent chaque jour les trottoirs de la capitale. Reste à trouver la parade. Certaines municipalités adoptent une approche «curative», en nettoyant en continu l'espace public. D'autres ciblent les maîtres. Au final, c'est le choix de l'équipe municipale qui guidera les achats. Mais les expériences tendent à prouver que, pour être efficace, l'achat d'équipements doit se coupler à une politique de communication envers les propriétaires de chiens. La montée en puissance de la verbalisation des maîtres est également constatée.
Eduquer également les maîtres
En optant pour le nettoyage, une municipalité doit investir dans des équipements de balayage, comme une aspiratrice portée ou autotractée pour traiter les déjections. Autre possibilité: le scooter ou moto-aspirateur, aussi appelé «motocrottes». La ville de Bergerac (Dordogne) s'est récemment équipée d'une moto de ramassage, qui tourne en complément d'espaces dédiés et de distributeurs de sacs. Compte tenu du coût total de possession (achat, maintenance, affectation d'un agent formé), de nombreuses municipalités sous-traitent le ramassage des déjections à des partenaires privés. C'est le cas de la ville de Versailles qui, en 2007, estimait le coût du kilogramme d'excréments enlevé par son prestataire à 21 euros. Les trois motocrottes versaillaises ramassent un sixième des déjections sur les trottoirs. «Il faudrait augmenter l'impôt de trois points pour tout nettoyer, ce qui est insupportable pour les finances», souligne-t-on à la mairie.
Aux yeux des municipalités, ce traitement curatif du problème peut avoir une conséquence non recherchée: déresponsabiliser les propriétaires de chiens, avec le risque que les nuisances et les coûts de nettoyage augmentent. L'utilisation des équipements réservés au seul ramassage des excréments canins est donc, dans la majorité des cas, complété par un volet d'éducation des maîtres sur l'utilisation du mobilier urbain spécifiquement conçu pour les chiens et situé à des emplacements stratégiques (espaces verts communaux, lieux touristiques très fréquentés, etc.). Il s'agit principalement de canisites (espaces clos d'une dizaine de mètres carrés) et de sacs de ramassage. De nombreuses municipalités comme Avignon, Clamart, Choisy-le-Roi, Versailles, Toulouse, mènent ainsi de véritables plans d'actions. «A Versailles, dix espaces chiens ont été créés et 28 distributeurs de sacs ont été mis en place», explique Christian Boullet, du service environnement propreté de la ville.
Gérard Porte, Plas Eco
«II faut pouvoir proposer aux maîtres plusieurs solutions, les canisites comme les sacs.»
Des espaces réservés aux chiens
Pour mettre en place un canisite, une étude peut être menée, cartographiant les sites les plus souillés et recueillant les éventuelles réclamations. Les canisites sont installés à proximité des sites concernés. Ils sont nettoyés quotidiennement. Leur implantation implique cependant de disposer du foncier nécessaire à leur mise en oeuvre, ce qui s'avère compliqué dans certaines communes. La mairie pourra éventuellement procéder à une enquête de satisfaction pour vérifier que les canisites implantés correspondent bien aux besoins des usagers.
Une autre solution est proposée par certaines sociétés: les canisites mobiles. Gérard Porte, président-directeur général de Plas Eco et dépositaire du brevet pour Sani canin, fournit déjà plus d'une centaine de villes. «C'est un vrai meuble de 2 à 5 m2, en plastique recyclé, avec un mât central contre lequel le chien urine», explique-t-il. Un crochet est intégré au mât central pour déplacer l'équipement. Outre l'encombrement réduit, l'avantage est donc que ce canisite est facile à déplacer, notamment pour les «grands nettoyages».
La dernière alternative consiste à mettre des sacs de ramassage à disposition. Mais si le coût d'investissement d'un distributeur de sac est beaucoup moins important qu'un équipement de nettoyage spécifique, il ne faut pas oublier le réapprovisionnement régulier des points de distribution. Cela entraîne un budget de consommables qu'il ne faut pas sous-estimer. Au point que certaines municipalités, à l'image de Clamart, ont supprimé ce service du fait des abus. «Une seule solution n est pas suffisante, résume Gérard Porte. Il faudrait pouvoir toutes les proposer, les canisites comme les sacs. Heureusement, en cette période post-électorale, les municipalités se penchent toutes sur le sujet.»
Le marché va donc certainement connaître une belle activité pendant plusieurs mois. Ces achats s'accompagnent, en outre, d'une campagne d'information dans le bulletin municipal et les médias locaux pour banaliser le «comportement citoyen à adopter» et rechercher l'adhésion des populations. Pour un bon relais de l'information, la campagne peut être menée avec les associations locales de type SPA, société centrale canine, mais aussi avec les vétérinaires ou les centres de dressage.
Le dernier levier, actionné avec prudence par les édiles, est celui des amendes. Les municipalités y recourent quand l'ensemble des solutions précédemment évoquées n'ont eu que peu d'impact sur la propreté de la ville et qui, outre les trottoirs, dégradent aussi leur image.
Guy Pui, responsable propreté urbaine, Ville de Niort
Témoignage
«Nous utilisons tous les leviers contre ce problème récurrent»
La ville de Niort vient d'aménager des canisites et d'implanter des distributeurs de sacs spécialement conçus pour ramasser les déjections canines. Un sujet qui n'est pourtant pas une nouveauté pour la municipalité des Deux-Sèvres. Un plan d'actions avait déjà été mis en place dans les années quatre-vingt-dix pour répondre au problème. «A ['époque, nous avions fait appel à l'Afirac (Association française d'information et de recherche sur l'animal de compagnie, NDLR) qui nous a conseillé l'installation de canisites», explique Guy Pui, responsable propreté urbaine à la Ville. Mais au fil du temps, ces dispositifs ont perdu de leur attractivité auprès des maîtres de chiens. Pourtant, une étude menée par l'Afirac dresse un constat édifiant: 8500chiens engendrent 250 tonnes de déjections par an sur les trottoirs de Niort. «Ces chiffres considérables nous ont incités, en 2005, à commander la construction ou la rénovation, selon les cas, de 14 canisites dans le centre-ville.» L'installation vient de démarrer pour un montant approximatif de 5 000 Euros l'unité. Près de 20 distributeurs de sacs équipés de corbeilles sont venus compléter le dispositif. Le coût annuel s'élève à 4 500 Euros pour 90000 sacs.
Un volet de sensibilisation a aussi été mis en oeuvre via un affichage réalisé à l'initiative du conseil municipal des enfants. Des slogans tels que «Si ton chien se laisse aller, prend un sachet» ont été placardés sur les murs de la ville. Un dispositif de répression a même été envisagé: un arrêté a ainsi été pris par le maire pour verbaliser les propriétaires de chiens surpris en flagrant délit (coût de l'amende: 11 Euros). Mais la municipalité a préféré attendre que l'ensemble des équipements soit misa disposition pour appliquer cette sanction. «La nouvelle équipe municipale a indiqué qu'elle utiliserait tous les leviers pour apporter une solution à ce problème récurrent», conclut-il.
Niort
POPULATlON 60 000 habitants
BUDGET PREVISIONNEL 2008 122 millions d'euros