Voyages d'affaires en Afrique: quels risques ?
Certes, la pandémie a touché les pays africains à moindre dose, cependant ses difficultés sociales, politiques et économiques ne sont pas des moindres. Décryptage des risques sanitaires et sécuritaires et feuille de route pour les voyageurs dans le nouveau livre blanc d'International SOS.
Je m'abonneMême si d'un point de vue sanitaire, l'Afrique reste moins gravement touchée par la Covid-19 que le reste du monde, la crise a bien évidemment eu des répercussions économiques, politiques et sécuritaires sur le continent.
Dans la plupart des pays d'Afrique, le nombre de cas recensés est resté bas depuis le début de l'épidémie. Une faible progression de la pandémie qui est attribué, selon les experts, à la jeunesse de la population, la faible intégration des pays africains dans les échanges mondiaux, et la faculté des populations africaines à rapidement appliquer les gestes barrières (ayant dû gérer le virus Ebola). International SOS, qui vient de sortir un livre blanc sur le sujet*, conseille toutefois aux voyageurs de rester prudents car l'Afrique du Sud et les pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Égypte) sont désormais fortement touchés par le virus.
Un contexte économique difficile
Les économies des pays africains étant peu diversifiées et souffrant d'ores et déjà de profondes difficultés économiques, leurs situations ont été aggravées par l'apparition du virus et la chute des prix du pétrole, les rendant encore vulnérables aux chocs extérieurs.
"Les capacités limitées des gouvernements de mettre en place des plans de relance solides, ou de venir en aide aux segments vulnérables de leurs populations, ont entraîné quant à elles une montée des protestations contre la corruption, le chômage, et la hausse du coût de la vie surtout au Nigeria, en Angola et en Afrique du Sud, ce qui laisse prévoir de nouvelles manifestations en 2021", anticipe International SOS.
Montée de la violence et des groupes extrémistes
"La crise économique et l'insécurité régionale ont mis en évidence les limites des institutions gouvernementales et de leurs forces de sécurité : ces dernières ayant du mal à assurer la sécurité sociale de leurs populations, cela a contribué à exacerber encore plus les violences et le taux de criminalité dans de nombreux pays tels que le Burkina Faso, le Cameroun, la République Démocratique du Congo, l'Éthiopie, le Kenya, le Mali, le Mozambique, le Nigeria, et le Soudan. Cette situation d'instabilité donne aussi une plus grande marge de manoeuvre aux groupes extrémistes djihadistes présents notamment dans la bande sahélo-saharienne et dans le nord du Mozambique et le Burkina Faso, qui cherchent à étendre leur contrôle territorial aux pays côtiers (Côte d'Ivoire, Sénégal, Bénin et Togo), et au Nigeria, où ils sont soupçonnés de renforcer leur collaboration avec les militants du Niger."
Selon Cécile Caplin, responsable sûreté France pour International SOS : "de nombreuses élections qui devaient avoir lieu cette année ayant été reportées, les manifestations anti-gouvernementales avec des risques d'escalade se multiplient. Des mesures de prévention sont donc nécessaires pour les personnes qui se rendent dans ces pays aux contextes sécuritaires complexes, considérés comme des zones à risque".
*Covid19 et sécurité dans le monde