Travel management : verdir ses solutions de transports
Prises en étau entre la nécessité de voyager et des conséquences environnementales néfastes de plus en plus difficiles à assumer, les entreprises cherchent le compromis gagnant. Retour sur quelques pistes essentielles à étudier.
Je m'abonneFaut-il choisir entre voyager et adopter un comportement écoresponsable ? Bon nombre de données conduisent à répondre à cette question par l'affirmative. Les experts climatiques expliquent que pour parvenir à des quantités polluantes soutenables pour la planète, la limitation des émissions doit être au maximum de 2,3 tonnes de CO2 par personne par an. Or, à titre d'exemple, un simple vol Francfort - Singapour représente l'équivalent de 6 tonnes. De plus, le problème des émissions néfastes des vols est qu'ils ne se limitent pas au CO2. On estime que l'impact climatique total d'un vol équivaut à 2 à 5 fois son empreinte en termes de CO2.
Pour autant, l'adoption de certaines bonnes pratiques permet de concilier en partie déplacements professionnels et comportements écologiques. Une bonne stratégique en matière d'achats de voyage responsables repose sur plusieurs piliers. " Le premier consiste tout simplement à voyager moins si l'on veut être sérieux sur ce sujet. La deuxième est de se déplacer mieux, en train par exemple, car un train pollue 20 fois moins que l'avion sur un trajet identique. N'oublions pas aussi qu'il peut être complémentaire à un voyage impliquant forcément l'avion ", indique Julien Etchanchu, managing consultant chez Advito, spécialiste du conseil en achats de voyage.
Il est également à souligner dans ce domaine que les vols indirects ne se valent pas tous : passer par Helsinki pour un vol long courrier est souvent plus polluant que de passer par Abu Dhabi, en raison des distances kilométriques plus courtes lorsqu'on traverse les continents en se rapprochant des pôles. Le type d'avion est un autre critère important. " Les OBT doivent pouvoir remonter ce type d'informations, ce qui n'est pas forcément évident à l'heure actuelle. Plus généralement, nous encourageons à la création d'un nouveau KPI représentant le coût total d'un vol, regroupant aussi bien le prix que le coût environnemental ", souligne Julien Etchanchu.
Pour une écoresponsabilité constructive
Tous les choix dans ce domaine doivent s'inscrire dans une stratégie de gouvernance globale. Les données pour un reporting constructif représentent une aide précieuse à la prise de décision. Celles-ci sont souvent disponibles, mais il manque le cadre pour les exploiter pleinement. Ce constat a conduit le groupe Total à créer une division intitulée " Carbon Neutral Businesses " dont le but est notamment de récupérer les reportings relatifs au CO2 issus des compagnies aériennes afin de calculer la compensation des voyages professionnels à élaborer et pousser les voyageurs à opter pour le train en fonction des cas. L'incitation se fait par différents biais, comme la gamification.
Mais les politiques de compensation de carbone suscitent également la controverse. " Elles consistent fréquemment à planter des arbres pour limiter les atteintes à l'environnement, mais ne constituent pas une garantie intéressante ", poursuit Julien Etchanchu. " Un arbre prendra plusieurs décennies à absorber le CO2 correspondant, et rien ne garantit sa durée de vie. En Australie, plusieurs forêts correspondaient à des projets de compensation carbone : tous les arbres concernés sont partis en fumée. " Bon nombre d'experts du climat expliquent par ailleurs que les démarches de compensation peuvent être pires que de ne rien faire, " car c'est une logique de fonctionnement allant à l'encontre des décisions en faveur d'actions restrictives destinées à polluer moins, étant donné qu'il s'agit simplement dans ces cas de payer. "