Les politiques voyages à l'heure du management innovant
Le Nudge management, ou l'art de faire adopter à ses collaborateurs de nouvelles pratiques, se répand dans les entreprises. Peut-être une aubaine pour faire enfin respecter les politiques voyages et mieux maîtriser les données des professionnels en déplacement.
Je m'abonneLes politiques voyages restent un cadre essentiel pour maîtriser ce poste de dépenses. Mais, dans ce contexte d'accompagnement des collaborateurs au cours de leurs déplacements, encore faut-il pouvoir veiller à ce que les bonnes pratiques soient mises en oeuvre et respectées. Et si la nouvelle approche en vogue sur ce plan s'appelait le nudge management ? Une pratique qui permet de réconcilier les intérêts économiques de l'entreprise et la satisfaction voyageur. Loin des discours visant à appliquer des sanctions, la méthode consiste à trouver des leviers d'action pour inciter les voyageurs à emprunter les bons chemins et influencer leurs décisions.
Convaincre plutôt que contraindre
Dans une étude, le spécialiste du tourisme d'affaires BDC Travel propose en premier lieu de se pencher sur les motivations liées à un voyage d'affaires du point de vue des employés. "Le nudge marketing est aujourd'hui un outil très utile pour réorienter les comportements vers des bonnes pratiques. Il permet d'éviter que le voyageur voie les bonnes pratiques comme des contraintes. Les méthodes sont très liées aux pratiques du marketing digital. Concrètement, des workshops d'une journée pour recenser tous les canaux existants dans l'entreprise (emails, intranets, outils de réservation en ligne...) sont intéressants", précise Olivier Benoit, directeur général d'Advito, la branche conseil de BCD Travel. Le but est de développer un programme innovant pour tous, tout en apportant de la satisfaction voyageur. Des systèmes avec des codes couleurs associés à des bonnes pratiques, de la vidéo, des emails permettent d'expliquer concrètement les atouts et intérêts pour le collaborateur et pour l'entreprise.
8 à 12% de réduction de coûts
Une étude réalisée en 2017 par LinkedIn auprès de ses voyageurs d'affaires identifie plusieurs sources d'économies possibles grâce à des corrections apportées aux programmes en place. Il serait ainsi possible de réduire de 10 % les déplacements intra-entreprise en influant sur le comportement et la demande notamment grâce à la visioconférence. De même, il est apparemment possible de réduire les coûts nets de 8 à 12 % en accordant des avantages aux voyageurs faisant les meilleurs choix en matière de dépenses. Enfin, trouver des solutions pour mieux maîtriser les dépenses voyages paraît de plus en plus indispensables. Et l'obligation de passer par une agence pour le tracking ou l'assistance en cas problème est au coeur des méthodes de Nudge Management déployées.
Les sciences comportementales au coeur de la méthode
Cette approche rusée du "nudge" est formalisée dès les années 1970 par différents travaux d'économie comportementale et de psychologie cognitive. L'hypothèse repose sur l'idée que dans ses prises de décisions personnelles, professionnelles, financières ou autres, l'homme se comporte avant tout de façon irrationnelle, influencé par des biais cognitifs multiples comme la recherche du conformisme, les préjugés, l'aversion au risque, les réflexes d'optimisme. La technique du "nudge" consiste à encourager indirectement les individus à adopter de nouveaux comportements considérés comme responsables pour eux et pour l'organisation à laquelle ils appartiennent, en apportant des modifications au contexte qui guide leurs prises de décisions, en veillant à éviter les mécanismes de contraintes. Le principe du nudge a été popularisé par l'ouvrage éponyme de deux économistes américains, spécialistes de la finance comportementale R.Thaler et C. Sunstein publié en 2008. Les auteurs considèrent l'utilisation du nudge comme une forme de "paternalisme libéral".